videmment, le journaliste-entrepreneur doit gagner sa vie. Il arrive que la gestion du média prenne le dessus et que la part du journalisme se réduise d’autant. Voire disparaisse. Ce qui peut se révéler assez frustrant.
Ces nouveaux chefs d’entreprise sont conscient qu’ils ne vont pas gagner des mille et des cents. La première motivation n’est d’ailleurs pas là. Pour Maxime, c’était le fait d’apprendre, « plus que dans aucune autre formation ».
Mais il faut tout de même trouver un modèle économique viable, histoire de remplir le frigo. Un vrai défi. L’argent, pour un média, c’est le nerf de la guerre. Mieux vaut en être conscient avant de se lancer.
C’est d’ailleurs à cause du manque d’argent que les deux collaborateurs de Maxime ont arrêté l’aventure, peu après le démarrage de 8e Etage. Ils ne pouvaient plus continuer sans être rémunérés. « Ils n’avaient pas conscience de ce que c’était », analyse Maxime.
Une campagne de crowdfunding, c’est bien, mais cela permet juste de financer la création du média. Et encore… Ce n’est parfois qu’un apport qui permet d’être pris au sérieux par la banque et d’obtenir un prêt.
Alors comment trouver des financements quand on est un jeune journaliste qui part de rien ? Un des premiers moyens serait d’obtenir de la publicité. Mais ces médias ont peu de trafic. Pas très convaincant pour les annonceurs et peu rentable.
De plus, gérer un service publicité demande un travail à plein temps et implique de nombreuses complications. Notamment les pressions des annonceurs sur la rédaction et leurs coups de fil lorsqu’ils ne sont pas satisfaits d’un article.
Une situation peu confortable que Jeanne a vécu dans un des médias dans lesquels elle a travaillé. Pendant un an et demi, elle a été responsable du contenu d’un magazine gratuit. Elle en a eu assez de ne servir qu’à « capter des annonceurs ». Ce n’était pas sa vision du journalisme. Il est donc impensable qu’elle fasse pénétrer la pub dans don magazine.
Un autre moyen serait d’attirer les investisseurs. Mais dans un contexte de crise et de défiance vis-à-vis des médias, le placement n’est pas le plus convoité, surtout lorsqu’il s’agit de jeunes anonymes.
De plus, « à l’école, on a étudié les relations toxiques entre les médias et les actionnaires ou les annonceurs. On a vu que, sur le long terme, ça les plombait. Donc on ne voulait pas faire la même chose », explique Maxime.