Problème : la réforme prévoyait aussi une refonte du temps de travail des enseignants, les incitant à passer plus de temps au sein de l’établissement scolaire. Une mesure qui a soulevé la colère des professeurs et a paralysé les écoles du pays lors d’une grève de trois semaines en avril 2013. « Cette mesure a empoisonné toute la réforme, constate Ning de Coninck-Smith. Les enseignants et les parents se sont focalisés sur ce point, sans voir les autres mesures qu’elle contenait. »
Les blocages n’ont pas empêché la loi d’être votée par le parlement et, dès septembre 2014, la réforme a été mise en place. Du moins, partiellement. Car l’autonomie laissée aux communes dans la gestion de l’éducation leur a permis d’appliquer avec plus ou moins de rigueur le texte de loi. « Toutes les écoles ont dû mettre la réforme en place, mais certaines l’ont fait dans sa version la plus minimale », constate Mette Marie Ledertoug.
« Le problème, de nos jours, c’est que l’école primaire fait l’objet d’une nouvelle réforme tous les trois ou quatre ans. C’est difficile à gérer pour les communes et les écoles, note Roger Buch. Et ce n’est même pas une question de couleur politique : l’éducation a toujours été un sujet de débat, quelle que soit la majorité au pouvoir. »
Nouveaux problèmes, nouveaux débats
La fatigue se fait sentir. Pour les écoles, mais aussi pour les enfants. Suite à la réforme, les journées scolaires se sont allongées. À Skjoldhøjskolen, les cours se terminent à 14 h 10. Mais les élèves peuvent rester à l’école jusqu’à 17 heures, encadrés par des enseignants-pédagogues qui dispensent des activités plus ludiques. Le même fonctionnement a été mis en place dans toutes les écoles du royaume. « Même avec des activités plus ludiques, les élèves se plaignent de journées de classe trop longues », souligne Ning de Coninck-Smith.
Tous ces dysfonctionnements au sein de l’enseignement public ont poussé nombre de parents à se tourner vers le privé. Aujourd’hui, environ 15 % des élèves danois sont scolarisés dans une école privée. Une expansion soutenue par le gouvernement danois qui finance environ 75 % du coût de la scolarité dans le privé, le reste étant laissé à la charge des familles. « On assiste à une sélection économique et sociale, constate Roger Buch. La plupart des écoles privées coûtent entre 1 500 et 2 000 couronnes par mois (entre 200 et 266 euros). » Une somme difficile à débourser pour certaines familles, surtout quand elles ont plusieurs enfants à scolariser.
L’école danoise est assurément en train de changer, mais dans quelle direction ? Les opinions sur le sujet varient. Les récents bouleversements ont montré les faiblesses du système, notamment au niveau des résultats et de l’organisation du temps de travail. Pour Mette Marie Ledertoug, le système scolaire au Danemark est globalement bon, « même s’il reste des choses à améliorer. » Selon elle, le pays, tout comme ses voisins nordiques, est sur la bonne voie.
Roger Buch conclut : « Il y a actuellement un débat au Danemark. Récemment, on s’est concentré sur les tests et les notes. Mais peut-être qu’il faudrait se concentrer sur autre chose. »