L’hypnose peut être un moyen très efficace pour arrêter de fumer. Mais, très différente d’un accompagnement médical classique, elle peut effrayer. Ce qui l’empêche de jouer un rôle majeur dans ce processus.
Recueilli par Lorène BIENVENU
Anne Désiré, hypnothérapeute installée à Tours depuis maintenant un an, est diplômée de l’ARCHE (Académie pour la recherche et la connaissance en hypnose ericksonnienne). Elle considère l’hypnose comme une option à prendre en compte pour arrêter de fumer.
Anne Désiré. Étonnement, non. En revanche, j’ai remarqué une plus grande demande à partir de décembre. Les fumeurs qui souhaitent arrêter entrent souvent dans une phase d’appréhension lorsque arrivent les fêtes de fin d’année. L’ambiance y est toujours plus joviale et conviviale : on y mange et on y boit
beaucoup, on est entouré de ses proches. Les fêtes offrent alors plus d’occasion de fumer qu’au quotidien.
Nous avons remarqué que les prises en charge collectives sont assez efficaces. Ainsi les médecins des CHU de Tours se regroupent pour traiter les patients. Avez-vous déjà pensé à travailler avec d’autres hypnothérapeutes ?
A. D. Je n’ai jamais songé à cette possibilité. Cela pourrait être très intéressant mais, malheureusement, le monde médical est très fermé à l’hypnose. Certes, je connais quelques hypnothérapeutes qui collaborent avec des médecins mais il est très dur d’entrer dans le milieu hospitalier. Les mentalités ont du mal à changer. Je trouve cela dommage car les médecins sont plutôt démunis en ce qui concerne l’arrêt du tabac et il arrive souvent qu’ils nous envoient certains de leur patients, ne sachant que faire de plus.
Comment se préparent vos séances ?
A. D. La préparation est la même pour traiter l’arrêt du tabac ou pour n’importe quel trouble. Je commence par expliquer comment l’heure qui suit va se dérouler. Je discute ensuite des craintes du client s’il en a. Une fois le client en état trans-hypnotique, j’essaye de comprendre comment sa dépendance au tabac s’est installée, quel poids elle représente pour lui, s’il est un fumeur identitaire ou s’il s’agit simplement d’une habitude… Mon protocole s’appuie en fait sur un décorticage méticuleux de ce que mon client pense et ressent. D’autres hypnothérapeutes décident de travailler sur le dégoût. Cela consiste à lier la cigarette à une forme de profond dégoût dans l’esprit du client. Mais j’ai de sérieux doutes quant à la réussite de cette technique à long terme.
En général, combien de séances sont-elles nécessaires pour arrêter définitivement ?
A. D. Il faut, en moyenne, trois séances pour atteindre un réel déclic qui fera prendre conscience au patient qu’il n’est plus fumeur. Mais entre ces trois séances, je demande toujours à ce que mes clients effectuent des exercices pour qu’ils se détachent de leur manie. Cela peut être des exercices de respiration ou des petits changements d’habitudes. Le fait d’apporter un jugement de valeur sur la cigarette que l’on fume est également une technique efficace. Je leur demande aussi de pratiquer une méditation de pleine conscience. Cela consiste à ne rien faire d’autre que de fumer en se concentrant sur les méfaits du tabac que l’on inspire.
Un client, uniquement motivé par ses proches, peut-il arrêter le tabac grâce à l’hypnose ?
A. D. Il est très compliqué de faire changer les habitudes d’une personne quand elle-même n’est pas vraiment motivée. Bien sûr, cela reste possible mais ce sera toujours plus compliqué. J’ai souvent renvoyé certains clients car ils n’étaient pas prêts.
En quoi l’hypnose pourrait-elle être plus efficace que la traditionnelle aide médicale classique comme des patchs ou d’autres substituts ?
A. D. Simplement car le fumeur qui va arrêter le tabac sans l’aide de substituts va se sentir fier. Cette fierté d’avoir réussi seul, en quelque sorte, va l’accompagner au cours de sa vie et l’empêcher de retoucher au tabac. De plus, on effectue un travail de compensation pour lui éviter de prendre les 3 kilos habituels lors de l’arrêt du tabac.