Autre technique à tester lors du Moi(s) sans tabac, la sophrologie. Elle fait partie des soins de support validés dans le cadre du plan cancer. Dans ce cadre, elle assure un accompagnement dans le sevrage.
Recueilli par Eléa CHEVILLARD
Autre technique à tester lors du Moi(s) sans tabac, la sophrologie. Elle fait partie des soins de support validés dans le cadre du plan cancer. Dans ce cadre, elle assure un accompagnement dans le sevrage.
Existe t-il une thérapie pour arrêter de fumer ?
Béatrice Bruyère. La sophrologie est une aide qui n’intervient qu’après la prise en charge par un tabacologue. Elle assure un support pour aider la personne et lui donner des clés afin de mieux gérer son stress. Il y a des exercices à faire dans la journée, en autonomie, pour oublier l’envie et se sentir mieux dans son corps. Au CHU Bretonneau, je reçois les patients pour six séances individuelles au maximum, intégralement prises en charge par l’hôpital. Nous travaillons sur la motivation et la visualisation, exactement comme nous le faisons lors de la préparation d’un sportif de haut niveau avant une compétition. En fait, nous accompagnons le patient en tabacologie vers cette victoire contre lui-même en l’aidant à se visualiser dans quelques mois, enfin débarrassé du tabac. Nous travaillons beaucoup sur les bénéfices et les images positives : ne plus se sentir coupable de fumer, le souffle retrouvé, le teint lumineux. C’est très variable d’un patient à l’autre.
En 2016, il y avait une initiative avec des ateliers dans le cadre du Moi(s) sans tabac. Elle n’a pas été reconduite. Pourquoi ?
B. B. Le public n’était pas au rendez-vous. Malgré la grande action de communication qui avait été menée auprès des médecins et des pharmaciens, très peu de personnes ont participé. Nous étions deux à animer ces ateliers et même les séances collectives se faisaient en effectifs très réduits.
Comment se passe une séance de sophrologie ?
B. B. Au début, il y a toujours une discussion sur les antécédents pour définir les objectifs : ce que le patient veut obtenir et si c’est en adéquation avec la méthode. Ensuite, je montre les exercices pour mettre en confiance et j’explique la méthode. La séance dure à peu près une heure. Pendant les exercices, la personne n’a pas parlé mais à la fin, lors du retour à l’état de veille, elle raconte son ressenti. Cela lui permet d’intégrer au mieux la séance. Le sophrologue peut ainsi ajuster les séances suivantes et voir quels exercices vont le mieux lui correspondre.
En tant que sophrologue, qu’est-ce qui vous semble le plus déterminant pour arrêter définitivement de fumer ?
B. B. La motivation. A partir du moment où les patients savent mieux gérer le stress, l’envie de fumer s’atténue. Mais il faut mûrir là-dessus, il y a des moments où ils ne sont pas prêts à arrêter. Nous le voyons lorsque nous prenons en charge des patients qui nous arrivent du service de cancérologie, lorsque nous leur expliquons que pour gagner du temps sur le cancer il faut arrêter. C’est vraiment très difficile parce qu’ils y sont obligés, ils n’ont pas décidé d’arrêter. On peut penser et se dire « mais c’est horrible, moi j’arrêterais tout de suite ». Ce n’est pas le cas, parce que c’est une addiction et que c’est bien plus compliqué. Même quand la situation est critique, quelquefois, certains n’arrivent pas à arrêter. Même lorsqu’ils ont une assistance respiratoire en permanence.