Photo : Laura Bannier/EPJT

Depuis cinq ans, Mike Bertili concilie ses études et sa passion pour la boxe Thaï. Ce sport, il l’a découvert à son arrivée à l’université. Cela a d’abord été un loisir avant de devenir, très vite, sa priorité. Il a du coup demandé le statut de sportif de haut niveau auprès du Suaps.

Par Laura BANNIER et Salomé MESDESIRS

Mike Bertili c’est d’abord un physique imposant : 1,85 mètre pour 88 kilos de muscles. Des mollets aussi gros que ses cuisses, un trapèze saillant, une mâchoire carrée et des veines qui se gonflent sous l’effort… pas de doute, il impressionne. Pourtant, il se dégage de toute sa personne une certaine quiétude. Son regard est serein. Il parle d’une voix calme, lentement, assez pour qu’on décèle son accent antillais. Mike, c’est « la force tranquille », affirme son coach et ami, Liesse Labsi.

En 2011, Mike, alors âgé de 18 ans, s’inscrit aux cours de boxe proposés par le Service universitaire des activités physiques et sportives (Suaps). Très vite, il montre des facilités. Ses entraîneurs l’envoient donc au championnat universitaire de boxe française. Mike se classe à la troisième place, ce qui le motive pour demander le statut de sportif de haut niveau. Ce qu’il obtiendra dès sa deuxième année d’études supérieures. Il peut ainsi aménager ses horaires de cours en fonction de ses entraînements. « Je préfère kiffer mon entraînement même si j’ai mal, plutôt que de m’asseoir en cours de droit. »

Pendant l’échauffement, Mike affronte son coach sur le ring. Photo : Laura Bannier/EPJT

Aujourd’hui, Mike a 23 ans. Il achève sa deuxième année de master en prévention, éducation et promotion de la santé (Peps) dans le but de devenir cadre administratif de pôle hospitalier. Il suit en quelques sortes les traces de ses parents : une mère cadre hospitalière, un père directeur d’établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad).

En parallèle, il prépare l’examen pour devenir pompier volontaire. Un emploi du temps bien rempli auquel s’ajoutent cinq entraînements de boxe par semaine et des séances de musculation à domicile. « La boxe c’est ma drogue. Plus l’effort est dur et long, plus le plaisir est intense. »

Un sportif né

Mike est Guadeloupéen. Ses trois sœurs et lui grandissent à Saint-Anne, une petite ville posée au bord de la mer Caraïbes. Très jeunes, leur mère les sensibilise aux bienfaits d’une alimentation équilibrée et d’une pratique sportive régulière. C’est presque normal là bas. Tous les soirs, après la sortie des bureaux, on peut voir des adolescents et des adultes courir, faire du vélo… Mike, lui, enchaîne les sports : après le judo, la natation, il s’est mis au basket. « Je n’étais pas une star en basket. J’étais très actif en défense. Un peu trop sans doute. Du coup, lors des phases de tirs je manquais d’énergie. »

Arrivé en Métropole, Mike se tourne vers un sport plus individuel dans lequel tout ne dépend que de sa performance. Il choisit naturellement la boxe. « Si je décide de mettre un coup, je mets un coup », explique-t-il. Une manière d’être qu’il applique aussi dans ses études. Lorsqu’il se lance dans ses révisions, il s’y met pour de bon. Il appréhende chaque examen comme un combat de boxe. L’échec n’est pas envisageable.

De la détermination en toute chose. Et surtout dans la frappe. C’est une des principales qualités de Mike selon son coach. Photo : Laura Bannier/EPJT

Mike est un membre actif du Suaps : il participe bénévolement à l’organisation d’événements sportifs. Il accorde une grande importance au bien-être et à la santé. « Certes, le sport, c’est la performance, la régularité… mais cela englobe aussi la santé et l’alimentation », explique-t-il. La boxe l’oblige à adopter une certaine hygiène de vie. Il ne consomme ni alcool ni tabac. Et il suit encore les conseils nutritionnels de sa mère. « Sans la boxe je serais peut-être un petit gros, sourit-il. Ce sport a rythmé ma vie. » Mike doit maintenir son poids à 86 kilos pour pouvoir combattre dans sa catégorie. Une tâche difficile au quotidien, notamment parce que les étudiants ont un budget limité. Alors, il s’organise. « Lorsqu’il retourne chez sa mère, je peux vous dire qu’il mange bien », s’amuse son coach.

Le statut de sportif de haut niveau oblige Mike à participer au championnat universitaire. En 2014, il prend le titre en boxe française ainsi qu’en boxe thaï. Il s’illustre même au championnat national en décrochant la médaille d’argent. « Lorsqu’on apprend que je suis étudiant en santé, cela surprend, ajoute-il avec fierté. Les autres boxeurs travaillent déjà ou sont en Staps (Sciences et techniques des activités physiques et sportives, NDLR). »

A son entrée en master, Mike hésite à abandonner les compétitions de boxe, car le combat qu’il souhaite absolument gagner, c’est celui de ses études. Ancien boxeur, son père écoute toujours avec émotion les récits de son fils. Un soutien qu’il retrouve aussi chez ses professeurs et qui confirme son envie d’allier sport et études. « Sans la boxe, je n’aurais peut-être pas fait d’études supérieures. »