Compliqué de se laisser aller à la gourmandise quand on est diabétique. A la fois diététicienne et coordonnatrice de l’Espace du diabète et de l’obésité de Tours, Claudia Curado conseille les malades et souligne l’importance d’une bonne alimentation.
Recueilli par Théo TOUCHAIS
Claudia Curado lors d’un de ses ateliers. Photo : Théo Touchais/EPJT
On est foutu, on mange trop », dit la chanson. Suite à la Journée mondiale du diabète, Le Monde a publié une enquête révélant l’augmentation du nombre de diabétiques dans notre société. Le diabète est une maladie traduite par un excès de taux de sucre dans le sang. Claudia Curado s’occupe majoritairement de personnes souffrant d’un diabète de type 2, résultat d’un mode de vie alimentaire déséquilibré. Lors d’ateliers et de réunions, elle leur propose des solutions au quotidien pour abandonner leurs mauvaises habitudes
Comment lutter contre le diabète ?
Claudia Curado. La base, c’est d’avoir une alimentation équilibrée. Je conseille à mes patients de manger de tout dans des doses appropriées. On peut se nourrir de féculents en petites quantités en accompagnant les repas avec du poisson, de la viande ou des fruits. L’idée est d’adopter de meilleures habitudes au quotidien. Je suggère d’éviter au maximum l’achat de produits industriels et de privilégier des produits simples pour ensuite les cuisiner. Cela permet de trouver un compromis en se faisant plaisir tout en restant raisonnable.
Outre le choix des aliments, une autre manière de lutter contre les mauvaises habitudes alimentaires ?
C. C. Il faut éviter de grignoter car la plupart des aliments consommés en dehors des repas sont gras et sucrés. Cette nourriture est un des principaux facteurs de la prise de poids. C’est pour cette raison que j’apprends à mes patients à se limiter à trois repas par jour. Il faut également apprendre à déguster pour redécouvrir les goûts. Apprécier les saveurs permet de manger moins vite. Ceci est bénéfique car ont atteint la satiété vingt minutes après le repas. Si l’on mange trop vite, il n’est pas possible de savoir si le corps a encore faim ou non.
De quelle manière agissez-vous auprès de vos patients ?
C. C. Je propose des ateliers qui orientent le patient vers de meilleures pratiques. Par exemple, je présente l’exercice du « plateau-repas ». Cela consiste à organiser son menu en fonction de ce qu’on a envie. Le patient, s’il le souhaite, peut commencer par le plat puis ensuite attaquer l’entrée. En suivant un ordre traditionnel, nous mangeons par habitude. L’exercice contraint à se concentrer sur ce que l’on mange ce qui permet de savoir quand il faut s’arrêter. S’il y a des restes, ce n’est pas une mauvaise chose. Il faut les transformer pour en faire autre chose au lieu de se forcer à les finir.
« Modifier ses habitudes alimentaires est beaucoup plus difficile que d’arrêter de fumer »
Les régimes sont-ils envisageables ?
C. C. Les régimes sont déconseillés, notamment les régimes restrictifs qui poussent à manger peu afin de perdre du poids. Ce sont des méthodes nocives pour le corps humain étant donné qu’il n’est pas habitué à ces changements nutritionnels radicaux. En plus, le poids perdu est repris dès que l’on recommence à manger. Il est préférable de manger équilibré car le patient peut perdre du poids sans que le corps ne subisse de traumatisme. L’objectif est de faire naître des habitudes alimentaires qui s’inscrivent sur le long terme.
Est-il compliqué de bousculer le rythme nutritionnel ?
C. C. Cela ne se fait pas du jour au lendemain. C’est un processus long et compliqué qui se mène sur le long terme. On a tendance à sous-estimer la difficulté en considérant qu’il est simple de commencer à manger équilibré. Pourtant modifier ses habitudes alimentaires est beaucoup plus difficile que d’arrêter de fumer.
Pourquoi est-il important de modifier son mode de vie alimentaire pour un meilleur équilibre nutritionnel ?
C. C. Si le mode de vie est inadapté, on se heurte au risque d’une augmentation du taux de diabète qui peut entraîner des complications sur le long terme : problèmes cardio-vasculaires, de rein, de vue ou encore des pertes de sensibilité. Sachant que la santé nutritionnelle se met en place entre 0 et 3 ans, il faut agir dès le plus jeune âge. Adopter un bon équilibre le plus tôt possible évite de rencontrer ces complications à l’âge adulte.