Certains sont venus pour changer de vie ou par nécessité financière. D’autres, étudiants, ont quitté leur pays et se sont installés dans l’Hexagone pour apprendre le français. D’autres sont encore réfugiés ou demandeurs d’asile et ont fuit leur pays pour raisons politiques. Cette semaine, nous avons voulu apréhender la ville sous un autre angle et nous sommes allés à la rencontre de ces Tourangeaux qui viennent d’ailleurs.

Par Pauline ANDRE, Sarah MASSON et Sacha NOKOVITCH

Salvatore Rapisarda tient une boutique au milieu de la rue Colbert. Fleuriste haut en couleurs, c’est un personnage emblématique du quartier. Fredonnant un air d’opéra, il nous accueille, théâtral : « Vous n’avez pas les caméras, quel dommage, j’étais pourtant allé chez le coiffeur ! » [simple_tooltip content=’qui aime la France’]Francophile[/simple_tooltip] depuis sa plus tendre enfance, Salvatore est arrivé en France, par choix, il y a vingt-huit ans. il a d’abord eu un coup de cœur pour « l’exotisme » breton, comme il dit. Ce pays où « le ciel n’existe pas ». Mais très vite, il a choisi Tours, un peu par hasard. Ce personnage charismatique ne tarde pas à se faire un nom dans la rue Colbert. « Tours est une ville à taille humaine, on ne s’y sent ni perdu, ni épié. » Un village mais avec les avantages de la ville. « J’ai la possibilité de sortir, aller au cinéma par exemple. Même si je n’y vais jamais, cela me rassure de savoir que je peux le faire. (Rires) »

 

Lorsqu’il ne bichonne pas ses fleurs et ses clients, le passe-temps favori de cet Italien aux lunettes multicolores, c’est l’opéra. Et dans sa boutique, pas besoin de musique. Il pousse lui-même la chansonnette. Mais sa véritable passion, sa « fièvre », ce sont les voyages. Tous les trois ou quatre mois, il lève l’ancre. Il a déjà sillonné plusieurs fois les routes d’Asie. Son dernier voyage ? Le Sri Lanka.

Pour beaucoup d’étrangers installés en France, la première et principale difficulté, reste la langue. C’est le cas de ces trois étudiantes japonaises, rencontrées au restaurant universitaire de la faculté des Tanneurs. Elles ont 20 ans et sont arrivées à Tours le mois dernier pour apprendre le français. Tout est compliqué pour elles, y compris les petites choses de la vie quotidienne, comme prendre le bus, le train ou manger au restaurant universitaire. Pour le moment encore plus à l’aise en anglais qu’en français, elles ont  des difficultés à comprendre comment tout fonctionne. La prononciation est un obstacle et, pour elles, le français, c’est encore du chinois. Mais elles espèrent bien rapidement s’améliorer et travaillent d’arrache-pieds à l’Institut de Touraine où 80 % des étrangers qui apprennent notre langue sont des étudiants.

Fernanda, latine dans l’âme, est arrivée en France il y a deux semaines. La langue maternelle de cette Equatorienne de 25 ans étant l’espagnol, elle rencontre moins de difficultés de prononciation. Elle aussi apprend le français à l’Institut de Touraine. Mais dès la rentrée prochaine, elle aimerait s’inscrire en master d’urbanisme pour travailler dans le domaine du développement durable. Comme la plupart des étudiants étrangers qui viennent d’arriver, elle loge à l’auberge de jeunesse attenante à l’université. Mais elle compte bien louer un appartement grâce à la bourse d’études dont elle bénéficie.

Pour les étrangers qui migrent par amour ou par nécessité économique, la situation est différente. Sunita Bhati est l’une d’entre eux. Cette mère de trois enfants est née à Faridalbad, près de New Delhi. En 1999, elle rejoint son mari, déjà installé en France. Il fut le premier à ouvrir un restaurant indien à Tours, le Surya, rue Colbert. C’est dans la même rue que la jeune femme installe sa boutique indienne. On peut y trouver toutes sortes d’objets artisanaux, de vêtements mais aussi des bijoux. Sunita ne parle pas encore très bien français mais elle prend des cours une fois par semaine, à la Croix-Rouge. Elle enseigne à ses trois enfants l’hindi, leur langue maternelle. Le français, ils l’apprennent à l’école : le plus jeune est à la crèche, les deux autres sont scolarisés l’un en petite section l’autre en CM2. Ce que Sunita préfère à Tours ? La place Jean-Jaurès et emmener ses enfants au Mac Do…

Ce qu’Elena préfère en Touraine, ce sont les espaces verts. En contrat d’insertion à Un brin de jardin (1), cette Brésilienne arrivée en France il y a treize ans rêve « d’une maison avec un grand jardin » pour pouvoir donner libre cours à sa passion. En attendant, elle plante, arrose et cultive les fleurs de l’association. Elle apprend aussi à faire de la composition florale. Ses œuvres d’art, comme toutes celles fabriquées dans l’association, sont vendues à des particuliers. Avant d’exercer ses talents à Un Brin de jardin, elle a cumulé les petits boulots :  garde d’enfants, ménage… Car, quand on est étrangère et sans diplôme en France, trouver un vrai travail est dur et décourageant. Face à cette réalité, le rôle de soutien de l’association se révèle précieux

Moins visibles, les étrangers demandeurs d’asile rencontrent beaucoup plus de difficultés. Chassés de leur pays parce qu’ils sont opposants politiques, parce qu’ils sont pris dans un conflits ou pour des raisons ethniques, ils se réfugient en France. Comme cette famille de réfugiés rroms, installée à Tours depuis quatre ans. En 1999, lors du conflit au Kosovo, les Rroms de ce pays ont été victimes de persécutions meurtrières. Chassés par les Serbo-Croates et les Albanais, beaucoup fuient dans les pays voisins ou migrent vers l’Occident. La famille Ciganović fait partie de ceux-là. En juillet 2006, elle s’installe sur le terrain de la Gloriette, attribué à la communauté par la mairie. Ils vivent dans un bungalow puis dans une cabane qu’ils construisent eux mêmes. En juin 2008, la famille a été relogée grâce à l’aide d’associations comme Chrétiens Migrants (2) ou le « réseau citoyen Pont-aux-Oies ». Ils vivent aujourd’hui à trois dans une chambre prise en charge par le Centre communal d’action sociale (CCAS). Chaque semaine, Les Restos du cœur leur fournissent de la nourriture. Financièrement, ils n’ont pas le droit aux prestations familiales ni au RMI, réservé aux étrangers qui résident depuis plus de cinq ans dans le pays d’accueil et qui disposent d’un titre de séjour valide et à ceux qui ont obtenu le statut de réfugiés. Ce statut a été refusé aux Ciganović en 2005. C’est le cas de la majorité des demandeurs. La famille bénéficie toutefois de 90 euros d’aide par mois, attribués par le conseil général. Mais cette allocation reste précaire puisque la demande doit être renouvelée tous les deux ou trois mois. Inexpulsables et pas totalement régularisables, ces citoyens ordinaires rêvent d’un avenir simple : vivre en paix, trouver du travail et avoir un logement décent. S. M. (texte) et P. A. (photos)

Etudiants, migrants économiques, réfugiés, chacun aspire à une vie paisible sur les bords de Loire.

(1) Un brin de jardin. 7 rue Louis-Niqueux. 37520 LA RICHE. Tél. : 02.47.52.62.98. [email protected]
(2) Chrétiens-Migrants. 35, rue de la Fuye. 37000 Tours. Tél. : 02.47.46.45.79.

Maîtrisez-vous la langue de Molière ?

Non ? Alors direction l’Institut de Touraine. En quelques semaines, quelques mois ou une année entière, suivant les besoins, les étrangers y apprennent à surmonter la barrière de la langue et à déjouer les pièges du français. N. S.

Les CLIN : des classes pour les enfants étrangers

Le mot CLIN signifie CLasse d’INitiation. Ces classes s’adressent uniquement aux enfants étrangers qui arrivent en France. A leur arrivée sur le territoire français, les familles étrangères sont nombreuses à scolariser leurs enfants. Ceux-ci sont évalués et inscrits dans une classe au cursus classique en fonction de leur âge. Mais suivant leur niveau de français, ils recçoivent un enseignement adapté dans notre langue en CLIN. Au-delà des exercices basiques il sont souvent initiés à la langue par d’autres activités telles les arts plastiques ou le sport. Quand leur niveau est suffisant, ils rejoignent leur classe de rattachement. Si leur niveau le permet, ils pourront poursuivre leur scolarité au collège. Mais pour ceux qui ont encore des lacunes en français, il existe des classes d’accueil qui ont le même objectif que les CLIN.

Aide aux traducteurs étrangers

Le Centre national du livre (CNL) accorde des bourses aux traducteurs étrangers. Cet organisme public propose 1 800 euros mensuels pour une durée maximale de six mois afin  d’aider ceux qui ont un projet de traduction d’œuvres françaises. Les dossiers doivent être déposés à l’ambassade de France du pays de résidence avant le 30 mars prochain. Le CNL accorde également des bourses d’écriture, des subventions et soutient les manifestations liées au livre.

Cocktail anti-morosité

En temps de crise, les loisirs passent à la trappe. Cela fait déjà longtemps que vous ne fréquentez plus les cinémas, les casinos et les grands supermarchés. Évidemment, vous désespérez de ne pas pouvoir partir en vacances cet été. Jetlag Travel Guide a pensé à vous. Après vous avoir dissuadé, l’an dernier, de découvrir la Molvanie, « le pays qui, s’il n’existait pas, il faudrait l’inventer », les Australiens Santo Cilauro, Tom Gleisner et Rob Sitch vous déconseillent fortement le San-Sombrèro. Ce petit pays, situé entre Barbituros et la République de Tripoté-et-Lombago, dont la capitale est Cucaracha City, est sans pareil pour les amateurs de farniente et de cocktails « molotovo ». Et sa musique déchire… les oreilles. Pour les amoureux de cuisine locale, le plat national, le potaje, est servi avec sa coloscopie. Un guide déjanté, plein d’exotisme,  et une saine lecture qui fera du bien à votre porte-monnaie, en anglais seulement.