A Tours, 6 500 étudiants pratiquent le sport à l’université. Certains pour évacuer la pression des cours, d’autres pour s’entretenir physiquement. L’une des activités les plus demandées est la Zumba. Chaque mardi soir, une heure durant, les étudiants transpirent au gymnase Grandmont.

Par Laura BANNIER et Salomé MESDESIRS

« Est-ce qu’on y va ? » lance Angelo. Ce à quoi 45 voix répondent « oui », avec un enthousiasme plus modéré. Angelo Cerqueira, c’est le professeur de Zumba® fitness pour le service universitaire des activités physiques et sportives (Suaps). Les voix, ce sont les étudiants qui, chaque mardi soir, le retrouvent au gymnase du campus Grandmont. La salle, aux murs couleur lavande, est comble. Il faut dire qu’elle est bien encombrée : il y a là cinq vélos d’appartement, un gros tatami enroulé et cinq punching-balls suspendus au plafond.

A la rentrée, les demandes pour participer à ce cours sont nombreuses. D’autant que la seule condition d’inscription (en dehors de celle d’être parmi les premiers demandeurs) est d’avoir souscrit au Pack’Sport. Il s’agit d’un abonnement annuel de 22 euros, proposé par le Suaps. Il permet aux adhérents de pratiquer jusqu’à trois sports par semaine à l’université, parmi les 65 proposés : Zumba® fitness bien sûr, mais aussi football, basket et même slackline et roller-hockey… Les étudiants n’ont qu’à se connecter à la plateforme internet du Suaps et à sélectionner ce qui les intéresse. 

L’offre est alléchante, mais ne comble pas toutes les demandes. « En cinq minutes, les inscriptions sont complètes, explique Angelo Cerqueira. Il y a trois fois plus de demandes que d’offres car seulement deux créneaux de Zumba sont proposés. Il faut dire qu’il y a peu d’installations disponibles. »

Angelo Cerquiera assure également les cours de remise en forme. Le but : proposer aux étudiants d’évacuer le stress et de rompre avec leur quotidien. Marine, en deuxième année de droit, est inscrite en remise en forme au premier semestre et en Zumba au second, le confirme : « C’est l’heure où je ne pense pas à mes études. » Plus largement, si on en croit le Dr Martin, médecin du sport, l’activité physique est bénéfique aux étudiants.

Après dix minutes d’échauffement sur des rythmes latinos, les danseurs, filles comme garçons, enchaînent plusieurs chorégraphies face au grand miroir. « J’essaye de varier les styles de musique. Parfois je crée mes propres pas, mais je m’inspire le plus souvent des vidéos sur internet », détaille le professeur. Abdos fessiers, cuisses… tout le corps est mis à l’épreuve et le rythme est intense. Les élèves ont à peine le temps de maîtriser une chorégraphie qu’une autre leur est déjà imposée. Angelo profite tout de même des changements de rythme pour les conseiller. « Dos bien droit, épaules en avant et on tourne tranquillement et en souffrant », plaisante-il.

Au bout de la deuxième chanson, les étudiants laissent leur veste sur le côté. Quelques fronts se mettent déjà à briller, mais la salle transpire avec le sourire. Marie et Manon, étudiantes en psychologie, ont quelques soucis avec la chorégraphie. Leurs pas ne suivent pas toujours ceux du professeur. « Nous venons pour nous amuser, pas dans un but de performance », se défendent-elles.

Le professeur s’arrête un instant pour décomposer les pas. Photo : Laura Bannier/EPJT

Première pause, saluée par des applaudissements. Il y en aura une toutes les trois chansons. Les étudiants ont quelques minutes pour reprendre leur souffle et boire une gorgée d’eau. « Le but n’est pas d’être KO après deux chansons, mais de tenir toute la séance », explique le professeur. Et les élèves en redemandent. « Je pratique la Zumba depuis que je suis à l’université, explique Aurore, étudiante en troisième année de psychologie. C’est un moyen pour moi de perdre du poids tout en m’amusant. » 

En plus de ces cours, elle passe également deux heures par jour en salle de sport. « Une heure de sport par semaine, ce n’est pas suffisant », confirme son professeur.

« Allez, on enchaîne », rappelle-t-il en tapant des mains. Angelo Cerquiera ne manque pas d’entrain : il saute, se retourne face au miroir, puis face aux élèves. Il se déhanche, tourne vers la droite, la gauche. Il se faufile parmi les étudiants et garde toujours le sourire. « Lorsque je suis à 100 %, mes élèves ne s’en donnent qu’à 60. Je dois donc m’y mettre à 200 % pour qu’ils soient à fond. »

Pendant la dernière danse, sur un rythme plus calme, le professeur intègre des étirements. Les tee-shirts sont trempés mais les élèves sont satisfaits de leur séance. « Bien sûr que nous sommes fatiguées, commentent Elodie et Amélie. Mais c’est physiquement, pas moralement. Nous nous sentons mieux. » Les danseurs d’un soir profitent de la fin du cours pour échanger quelques mots. « La Zumba c’est aussi un moyen de rencontrer du monde », fait remarquer Angelo.

En fin de séance, les étudiants s’étirent en musique. Photo : Laura Bannier/EPJT

Paul, 18 ans, en première année de langues étrangères appliquées, est venu chercher une amie. Il s’était inscrit au cours d’ultimate-frisbee lors du premier semestre. Il a finalement décidé d’arrêter en cours de route : « Je n’avais pas le temps et je manquais de motivation. J’ai préféré faire du sport chez moi : des abdos et des pompes essentiellement. » Le cas de Paul n’est pas unique. Selon le Suaps, plus de 2 000 adhérents au Pack’Sport n’assistent pas au cours régulièrement.

Mais vu les listes d’attente, lorsqu’un élève manque deux sessions d’affilé, l’encadrant est en droit de le désinscrire. Une mesure que chaque professeur ou vacataire applique avec plus ou moins de rigueur. Au premier semestre, dix étudiants ont quitté les cours de Zumba à cause d’absences trop répétées. « C’est une chance d’avoir une place dans mon cours, rappelle Angelo Cerquiera. Certains ne le comprennent pas. Je préfère libérer des places pour ceux qui attendent. »