Bras droit des agriculteurs, Christophe Bersonnet les accompagne au quotidien dans la gestion de leur exploitation. Il leur fait découvrir les nouvelles technologies disponibles dans le milieu agricole.

Par Simon ABRAHAM et Lucie MARTIN

« L’agriculture, je suis tombé dedans quand j’étais petit », raconte Christophe Bersonnet. Fils d’agriculteurs, il choisit de poursuivre ses études lorsque son frère reprend l’exploitation familiale. En 1998, il obtient un diplôme d’ingénieur en agriculture, à Beauvais. Aujourd’hui, il ne regrette pas son choix d’orientation. A la chambre régionale d’agriculture d’Indre-et-Loire, il est animateur de projet dans la filière des grandes cultures. « Je me serai ennuyé en devenant agriculteur. J’aurais passé mon temps sur la même exploitation », confie-t-il. Au lieu de cela, entre les coups de téléphone avec les agriculteurs le matin et les démonstrations des outils sur le terrain l’après-midi, il est constamment au contact des autres. « J’aime être en relation avec l’extérieur » répète-t-il.

Il a, du métier d’agriculteur, une vision très personnelle : « C’est une personne qui travaille avec l’énergie d’une étoile – le soleil — et avec des plantes. Le tout pour pouvoir créer de l’énergie, de la nourriture et des matériaux à destination des hommes. » Son but, c’est d’être au plus près de leurs besoins pour pouvoir au mieux les accompagner dans la modernisation de leur exploitation.

Répondre aux attentes des exploitants

A la manière d’un commercial, il rencontre des start-ups qui lui présentent leurs nouveaux outils. S’il est séduit, il va les faire découvrir aux agriculteurs. Il reste à disposition de ces derniers pour les épauler dans leur choix et répondre à leurs questions. Si l’agriculteur est conquis à son tour par le produit, Christophe se déplace l’après-midi pour une démonstration collective.

Être à l’écoute est une des qualités fondamentales qu’exige son métier. Son objectif est de combiner au mieux les outils en fonction des attentes des agriculteurs. Pour cela, il recherche des solutions innovantes adaptées à chacun. Mais il sait manier aussi bien les outils dernier cri qu’analyser des graphiques sur l’apport en azote des plantes par exemple. Ses compétences, il les partage avec les exploitants agricoles en vulgarisant les informations pour les rendre utilisables par tous. Il organise également des formations pour qu’ils puissent avoir accès aux nouvelles technologies et ainsi apprivoiser le nouveau matériel disponible sur le marché.

Quand il n’est pas sur le terrain, Christophe Bersonnet travaille à la chambre d’agriculture d’Indre-et-Loire, à Chambray-les-Tours. Photo : Lucie Martin/EPJT

L’ingénieur reste donc très proche du monde paysan. « J’ai toujours une bêche dans ma voiture, mentionne-t-il avec un sourire malicieux. Elle me permet de voir directement ce qui se passe dans le sol. » Les plantes ne sont guère bavardes. Qu’à cela ne tienne, Christophe, inspecteur gadget de l’agriculture, sait les faire parler. Avec son Trimble Greenseeker – un récepteur de poche muni d’un capteur infrarouge – il mesure leurs besoins nutritionnels.

« Les agriculteurs sont des individus qui ont, chacun, une histoire, une exploitation différente »

Ses enfants (il en a deux) ont mis du temps avant de comprendre son métier. « Tous les soirs, ils me demandaient : “Papa qu’est-ce que tu as fait aujourd’hui ?” Je leur répondais : “j’ai rencontré des gens, je les ai conseillés”, raconte-t-il. Mais pour eux, discuter n’est pas un métier ». Lorsqu’il a du temps libre, il troque sa voiture pour son VTT et part arpenter la campagne tourangelle. Ce besoin de vivre à l’unisson avec la nature s’exprime aussi dans la photographie, son autre passion.

Son travail est « une chance » car il dispose d’un grand carnet d’adresses qui lui permet de « côtoyer 240 individus qui ont, chacun, une histoire, une exploitation différente ». Le bouche-à-oreille fonctionne aussi et il lui donne accès à un plus grand panel d’agriculteurs. Il croit en la capacité d’inventivité des hommes. Pour lui, si « une palette d’outils est disponible aujourd’hui, c’est qu’il n’existe bien plus de modèles uniques d’agriculture ».