Par Myriam GOULETTE, Julien LE BLEVEC, Nicolas LOISEL et Makiko MOREL
A l’abordage des Halles
Dans le quartier, certains l’appellent le « Paquebot », d’autres le « Navire ». Deux surnoms pour désigner le bâtiment qui abrite les halles de Tours. Avec son architecture futuriste et ses nombreuses vitres (pour que l’édifice soit « ouvert sur l’extérieur », selon Jean Royer maire de Tours de 1959 à 1995), les halles s’imposent puissamment sur la place Gaston-Pailhou. Dire qu’il y a plus de deux mille ans l’endroit n’était qu’une plaine marécageuse et boisée…
De nos jours, les cales du Paquebot sont plutôt bien remplies. Des boulangeries, des boucheries, des charcuteries ; mais également des poissonneries, des crèmeries, des étalages de fruits et légumes, une cave à vins. L’invitation au voyage est lancée tour à tour par un vendeur d’épices, par des traiteurs italiens et vietnamiens. La modernité s’est aussi installée : deux banques, une maison de la presse, une parfumerie et une enseigne de surgelés.
Pour regrouper tous ces commerces en un seul endroit, près de cinq années de travaux ont été nécessaires. À l’origine du projet, Jean Royer, le maire, qui, en septembre 1972, esquisse un plan d’aménagement et de rénovation des vieilles halles dans l’optique de redonner vie au quartier. Les travaux de démolition débutent en février 1976 et ceux de construction en avril 1977. L’inauguration des lieux, le 26 avril 1980, est précédée par l’ouverture au public des halles alimentaires, le 22 novembre 1979, pour profiter des fêtes de fin d’année.
L’idée d’installer une halle à Tours ne date pas d’hier. En effet, c’est en 1832 que le conseil municipal, chargé une commission d’étudier des projets d’édification, mais, faute d’argent,le projet est repoussé pendant plus de trois décennies. Il faudra attendre 1864 pour que le premier coup de pelle soit donné à un bâtiment à l’architecture métallique, comme celles des halles de Paris réalisée par Victor Baltard. L’inauguration, en présence des autorités civiles et militaires, eu finalement lieu le 15 août 1866 ; une date choisie parce qu’elle correspondait à la fête de la Vierge Marie et à la Fête Nationale de l’Empire.
Le choix de la place de l’emplacement de ces halles n’est pas anodin. Il se fait dans la continuité car déjà, au début du XIXe siècle, la place d’Aumont (aujourd’hui place des Halles) accueillait un grand marché. Ce dernier était vraiment important aux yeux de la municipalité au point que les rues qui y menaient furent modifiées pour favoriser sa fréquentation. La collégiale Saint-Martin fut même rasée en partie pour aménager un passage régulier et linéaire de la rue Nationale à la fameuse place (ce passage n’est autre que l’actuelle rue des Halles). Depuis, les halles attirent toujours autant de monde. Les produits qui y sont proposés sont de qualité, l’ambiance y est chaleureuse. Quelques personnes viennent ici juste pour se promener, humer les odeurs alléchantes. Le Navire n’est pas prêt de couler. Par J. L. B. et N. L. Photos : N. L.
Au premier plan, une partie de l’ancienne collégiale Saint-Martin. Une autre est visible à l’arrière plan.
Merci aux archives historiques municipales de Saint-Eloi et à la mairie de Tours.
Jardin au Sanitas
Près de la passerelle, côté Sanitas, se trouve le jardin k@rma, du nom de l’association qui l’anime. Très bientôt, au printemps, les petites mains y patouilleront la terre et tous les mercredis, une jardinière y proposera des animations aux enfants du quartier. Une autre association, Au’Tours de la famille, y organise également des animations : une dégustation de galette des rois a eu lieu début janvier et début mars, à l’occasion du printemps des poètes, les enfants s’y feront arroser par une « pluie de mots » et y planteront des poèmes (les 7 et 8 mars à 15 heures). M. G.
La Place Plum’ comme vous ne l’imaginiez pas
ou petite ballade dans le passé
Vieilles pierres, maisons en colombage, terrasses ensoleillées, nous sommes place Plumerau, symbole du centre historique de Tours. Inscrit au patrimoine architectural urbain depuis 1983, l’endroit fait le bonheur des touristes et ravit le cœur des noctambules. Ses bars tels Le Temps des rois, Le Vieux Murier ou encore Le Louis-XIV attirent les amateurs de fêtes et de détente.
Par M. M.
La place Plumereau en 1967, Archives municipales de Tours
A l’époque, il n’y avait ni bar ni de restaurant, ou si peu, mais des petits commerces et des artisans : ateliers de cuir, porcs en gros, sécherie de bananes… Pas de jeunes fêtards – qui préféraient alors la place du Palais (actuelle place Jean-Jaurès) –, mais des ouvriers. Bruyante, elle l’était tout autant qu’aujourd’hui, mais d’une autre musique : celle des voitures et des outils. Au cœur de la place, aucun piétons, mais un grand parking. Les maisons, datant du XVe et XVIe siècles y étaient insalubres, vétustes et n’attiraient pas la bourgeoisie tourangelle. Près de la moitié des appartements étaient surpeuplés et 94 % des logements ne possédaient pas de salle d’eaux. De nombreux immigrés aux revenus modestes y étaient installés, notamment des Portugais. Ce sont eux qui donnaient vie à ce quartier populaire. A la fin des années cinquante, la municipalité envisagea de tout raser. Son projet : bâtir un Sanitas bis. Mais l’architecte Pierre Boille, heureusement, avait un autre plan : restaurer le vieux Tours.
Maquette de la place Plumereau rénovée. Archives municipales de Tours.
Il lui faudra plus de vingt ans, avec l’aide de Jean Royer, le nouveau maire de l’époque, pour donner à la « place Plum’ », ce caractère qui fait aujourd’hui son succès. Un modèle de rénovation urbaine qui inspirera de nombreuses autres villes de province.
Place Plumereau, travaux de voirie. Archives municipales de Tours.
Parmi les riverains ayant connu l’ancien visage, les avis divergent. Sur la mauvaise réputation d’alors, la violence notamment, tous s’accordent. Mais tandis que certains se félicitent du travail accompli, d’autres sont plus nostalgiques. C’est le cas de Sylvestre. Tourangeau depuis quarante ans, il se souvient avec émotion de l’atmosphère qui régnait auparavant. « Une autre âme ». Celle d’une vie populaire et de proximité.
Du Berry à Srebrna Gora (Pologne)
A priori, aucun rapport avec la région Centre, puisque l’histoire aura lieu en Pologne. Pourtant… Elle a commencé pas très loin d’ici. La FAAAC (pour Formation alternative et autogérée aux arts du cirque) a organisé des formations ces deux dernières années, dans des petites communes du Berry. Dix sessions de huit jours, qui réunissaient vingt jeunes. Cette année, les jeunes seront soixante, leur formation durera trois mois et se déroulera en Pologne à partir de février. Au fait, le groupe cherche un journaliste pour participer à leur aventure. Ce qu’ils attendent de lui (ou d’elle) ? Rien de défini. Pas d’idée préconçue : le groupe sera organisé en « autogestion » ! Pour tout savoir, allez voir là ! M. G.