Cette semaine, Myriam et Marion se sont penché sur les problèmes d’environnement. Qu’ils concernent notre alimentation, avec les OGM, les normes de construction ou les économies d’énergie, ils nous posent des questions dont nous n’avons pas toujours les réponses. Pourtant des réponses simples peuvent être apportées.

Par Marion DESLANDES et Myriam GOULETTE

Peut-on encore échapper aux OGM?

Nous sommes 6,5 milliards sur Terre. En 2050, nous atteindrons probablement les 9 milliards. La planète pourra-t-elle fournir de quoi manger à tous ? Face à ce problème, peut-on encore échapper aux OGM ? Peut-on se passer de ce qui pourrait bien être une solution ? Ou, au contraire, est-ce trop tard pour éviter ce qui serait un danger ?

Actuellement, 2 milliards d’humains sont mal nourris et 854 millions sont « affamés », c’est-à-dire qu’ils disposent de moins de 2200 calories par jour. Il nous reste une cinquantaine d’années pour surmonter ce défi: « produire 30 % de plus pour que les humains mangent à leur faim, puis élever la production en 2050 pour nourrir 9 milliards de personnes. Afin d’atteindre cet objectif, la production agricole mondiale devra doubler », explique Marcel Mazoyer, professeur à AgroParis Techn.

En théorie, on pourrait doubler l’étendue des surfaces cultivées mondiales, comme le montrent des images satellites. Cela reste très optimiste. La majorité des agronomes penchent pour une autre hypothèse : faire progresser le rendement. Et cela en partie grâce aux OGM. Le challenge consiste à « inventer une nouvelle agriculture écologiquement intensive qui tire un meilleur rendement sans dégrader les écosystèmes », d’après Michel Griffon, du Cirad (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement).

Le débat fait rage entre les partisans et les opposants aux OGM. Pour les uns, organisme génétiquement modifié est synonyme d’organisme génétiquement amélioré. Pour les autres,  OGM va plutôt de pair avec « Frankenstein food ». En effet, ce nouveau modèle d’agriculture n’est pas sans comporter un certain nombre d’inconnues, d’où une constante oscillation entre fascination et inquiétude. S’ils sont largement répandus aux Etats-Unis, 86 % des Français refusent  les OGM, et ce malgré le principe de précaution, les nombreuses réglementations, la complexité des procédures d’autorisation et des modalités de contrôle, ainsi que la politique de transparence prônée par les firmes utilisant des OGM.

Pourquoi ? Parce qu’aucune étude n’a  pu prouver à ce jour leur innocuité ni l’absence de risque liée à leur dissémination accidentelle. C’est pourquoi de grandes multinationales, comme Monsanto, adoptent une stratégie de détournement. Il ne s’agit plus de prouver que leurs produits ne comportent aucun danger, mais de les promouvoir comme un remède de santé publique, et surtout, comme une solution de rechange au péril bien réel des pesticides. Monsanto met ainsi en avant les vertus écologiques des OGM, qui évitent une vaporisation excessive de pesticides.

Cependant, l’ingestion de pesticides ne risque-t-elle pas d’être plus forte via les OGM,et de provoquer des effets secondaires néfastes pour l’homme ? Le livre et le documentaire de Marie-Monique Robin, Le monde selon Monsanto, lançaient une polémique autour du maïs OGM de Monsanto MON863, autorisé en Europe depuis 2005, et qui aurait eu un effet négatif sur des rongeurs. Cela a provoqué un véritable tollé dans le camp des partisans aux OGM. « La désinformation sur les OGM doit cesser » s’insurge Gérard Pascal, membre de la CGB (Commission du génie biomoléculaire). Il accuse l’auteur de mettre en cause l’intégrité des scientifiques et de diffuser des informations erronées. Didier Marteau, vice-Président de la FNSEA, affirme quant à lui qu’« il faut maintenir une activité de recherche en France sur les OGM, faute de quoi nous n’aurons bientôt plus les moyens de notre indépendance ».

Pour beaucoup, il faut laisser le choix aux agriculteurs et aux consommateurs entre cultures conventionnelles et OGM, grâce à la traçabilité et l’étiquetage.  Le livre de Gil Rivière-Wekstein, Abeilles, une imposture écologique, expose le problème de fond fondamental quant au débat sur les OGM : la croyance naïve et aveugle dans le fait que le naturel est porteur de valeurs exclusivement positives, alors que le synthétique et l’artificiel sont devenus symboles de danger. De même, dans Sauvez les OGM, Jean-Claude Jaillette, journaliste de Marianne, accuse les écologistes de diaboliser un progrès qui a déjà « fait ses preuves ».

A l’heure où l’environnement est plus que jamais un enjeu stratégique, il est nécessaire de rappeler l’importance de rester intellectuellement vigilant afin de ne pas tomber dans le piège des discours apocalyptiques, des raisonnements simplificateurs ni, surtout, de la recherche facile de bouc émissaire. C. C.

Une heure de répit pour la Terre

Durant une heure, près de 1 milliard de personnes ont éteint leur lumière, samedi 28 mars, en signe de soutien à la lutte contre le gaspillage d’énergie. Un acte symbolique, pour alerter les pouvoirs publics.

« Le samedi 28 mars, de 20h30 à 21h30 la planète a besoin de tous, elle a besoin de vous ! » C’est par ce slogan que Serge Orru, directeur général de WWF-France a lancé, mi-février, la campagne nationale du Earth Hour  (l’heure de la Terre). Le principe ? Dans plus de quatre-vingts pays, citoyens et institutionnels coupent l’électricité l’espace de soixante minutes. Cette action symbolique a pour but de sensibiliser à la lutte contre le réchauffement climatique. « L’objectif n’est pas de réduire notre consommation d’énergie et les émissions de CO2 durant une heure ! Il s’agit d’envoyer un message d’engagement », explique Orru. Les plus grandes villes françaises se sont jointes à l’invitation. Paris, qui s’est engagé, avec le plan climat, à diminuer de 25 % ses émissions de gaz à effet de serre, a plongé dans l’obscurité deux cents de ses monuments. La ville de Tours a, quant à elle, symboliquement éteint la façade de l’hôtel de ville.

Le Earth Hour est né l’année dernière suite à l’initiative de WWF-Australie. Reprenant une idée française de 2007, où trois millions de foyers avaient coupé l’électricité durant cinq minutes, l’association a voulu rendre la manifestation plus impressionnante en l’étendant au monde entier durant une heure. Le Fond mondial pour la nature souligne l’intérêt de cette opération à quelques mois du sommet de l’ONU sur le changement climatique à Copenhague (Danemark), en décembre prochain.Le protocole de Kyoto, qui expire en 2012, devra être remplacé par un autre texte, voté durant ce sommet mondial.  « Plus les citoyens et les institutions seront mobilisés, plus les gouvernements devront prendre en compte la voix des peuples. »


Par sa simplicité et son côté ludique, ce type d’action a été très suivi par la population. Mais fait-il vraiment prendre conscience aux citoyens des enjeux climatiques ?  Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), chargé d’évaluer le risque de changement climatique, a conclu que l’essentiel du réchauffement observé au cours des cinquante dernières années, était imputable aux activités humaines. Il prévoit une augmentation de la température moyenne mondiale de 0,2 °C par décennie. D’ici la fin du XXIe siècle, le niveau moyen des mers devrait augmenter de 18 à 59 centimètres. Un adoucissement thermique qui aura aussi des conséquences sur la vie de la faune et de la flore. Si des initiatives comme Earth Hour permettent de se rappeler que la bataille contre le gaspillage d’énergie est l’affaire de tous, elles restent encore bien insuffisantes. A. G.

PS : On peut éteindre les lumières des principaux monuments du monde en cliquant sur les photos publiées sur le site The Big Picture, sur Boston.com.

Penser l’énergie de sa maison

Fils blindés, chanvre ou chauffe-eau solaire, de nombreuses techniques permettent de gérer et d’économiser l’énergie de son habitation. Mais avant d’investir dans des panneaux solaires ou dans une éolienne, il faut d’abord se concentrer sur la maison elle-même. Rencontre avec Denis Raimon, un particulier très calé et Patrice Chican, conseiller en maîtrise de l’énergie.

Denis Raimon habite, avec sa famille, une jolie maison rénovée du quartier des Prébendes, à Tours. L’économie d’énergie, le bien-être et le bio sont des préoccupations essentielles de sa vie quotidienne. Professeur d’électricité depuis 1995, il coupe le courant la nuit dans les chambres : « Ainsi, il n’y a plus de tension et l’on dort mieux. »  Ce n’est pas forcément son activité qui l’a incité à faire le choix de l’écologie, mais une conviction personnelle, partagée par sa femme. Chez lui, tous les fils électriques sont blindés. Pas pour économiser de l’énergie, mais pour préserver la santé de tous. « Les fils dégagent des ondes magnétiques nocives qui émettent plusieurs mètres autour d’eux, affirme-t-il. Des études ont été menées sur le sujet, mais elles sont très peu diffusées car les intérêts économiques sont trop forts. »

Le couple est bio jusqu’au bout des ongles. Pour l’isolation de la maison, ils ont utilisé du chanvre et pour les murs des peintures sans solvants. Leur alimentation suit aussi les règles de l’économie d’énergie. « Nous réfléchissons à la façon dont nos aliments arrivent jusqu’à notre assiette. Jamais nous n’achèterions de fraises venant du Brésil. » Adhérents à la Coop bio de Tours depuis de nombreuses années, ils s’approvisionnent également chez un maraîcher de Fondettes. Les Raimon tentent de transmettre ces valeurs à leurs enfants. Et ça à l’air de fonctionner : « Ils ne réclament jamais d’aller manger au fastfood et n’ont pas de téléphone portable. Ils se portent très bien. »

Patrice Chican est, lui, conseiller en maîtrise de l’énergie et en énergies renouvelables. Sa petite entreprise, nommée Vivre et Habiter Autrement, est basée en Charente-Maritime, mais a un bureau à Tours. Elle propose des bilans énergétiques aux particuliers. Après visite de la maison ou rendez-vous, l’expert définit les matériaux et les isolants qui lui sont les mieux adaptés.
Son objectif numéro un : chasser la perte d’énergie. Et pour cela, il dégaine sa caméra thermique à infrarouges pour détecter la chaleur qui s’échappe de la maison par les fissures, le toit ou les ouvertures. Peu de gens sont au courant de ces techniques qui permettent d’évaluer le profil énergétique de chaque habitation, mais sla fréquentation de son stand, lor des salons, est en nette augmentation. « Les particuliers savent maintenant qu’ils peuvent bénéficier de crédits d’impôts pour de tels projets. »
Entre 50 % et 75 % de ses clients engagent réellement des travaux après l’avoir consulté. Ce qui marche le mieux, en ce moment, c’est la pompe à chaleur. Elle consomme trois fois moins qu’un radiateur. Autre produit en vogue, le chauffe-eau solaire : il permet de diminuer la consommation d’eau chaude, d’environ « 200 euros pour une facture annuelle de 400 euros. »

Patrice Chican enregistre aussi une hausse des demandes en matière de photovoltaïque (panneaux solaires). La revente d’électricité à EDF permet des déductions de facture mais « elles ne sont pas mirobolantes ». Le coût de l’installation est élevé : 1000 euros le mètre carré. Et il en faut au moins 20 pour couvrir toutes ses dépenses d’énergie. « C’est un peu la cerise sur le gâteau. Il faut d’abord avoir une maison bien isolée, qui consomme raisonnablement et de façon sensée. Il ne sert à rien de mettre des panneaux solaires sur le toit d’une maison pas du tout écologique. Il y a de nombreuses choses à faire avant d’investir. »
M. D.

L’éducation à l’environnement

Le 15 avril prochain auront lieu, aux Halles de Tours, les secondes Assises régionales de l’éducation à l’environnement.  Sept ateliers seront proposés. L’objectif est d’établir des propositions pour améliorer l’éducation à l’environnement en région Centre. Cette manifestation préparera également les Assises nationales à Caen (Calvados) qui se tiendront du 27 au 29 octobre 2009.