Tous fan de Baba

Photo : Eva pressiat/EPJT

16 h 50. arrivée devant les Studios de Boulogne. La file d’attente est hétéroclite : étudiants, actifs, retraités, couples, amis, familles, personnes seules. Des habitués de l’émission, il n’y a pratiquement que ça devant le bâtiment de Canal +.

« Vous êtes nouveaux vous ? », nous lance le vigile. Hum… Ça se voit tant que ça ? « Vous montrez vos billets à l’entrée, vous déposez vos affaires au vestiaire. Vous ne parlez pas pendant l’émission, il y a des micros. Et surtout, vous n’interpellez pas les chroniqueurs en plateau. » Aucun risque. « Ah oui et surtout, pensez à aller aux toilettes parce que vous ne pourrez pas y aller jusqu’à 21h15. » Chouette.

Un homme nous demande notre pièce d’identité puis vérifie la liste. « Oh Christian, qu’est ce que tu fais là ? T’as ta carte ? » entend-on derrière nous. L’ambiance est agréable, à première vue. 

On passe toutes les étapes : billets, vestiaires, toilettes. Puis on arrive dans un couloir froid, blanc. On y reste dix minutes. Dans la queue, un sujet est sur toutes les lèvres : « T’as vu Kendji ? Le pauvre ». On avance à petits pas jusqu’à voir une lumière violette au fond du tunnel. 

On est placés en haut à gauche, à côté de Marilyn, perruque blonde, bas résille, corset noir, pas de danse : « Je viens ici tous les soirs depuis deux ans. Ça me fait une heure aller, une heure retour en RER. » Lionel Tim, le chauffeur de salle, enchaîne les vannes sur une musique entraînante. « Vous êtes vraiment une famille, les chéris », s’exclame-t-il, à la façon Cyril Hanouna.

18 heures. début de « PAF », l’émission présentée par Pascale de la Tour du Pin. Mais ce que les gens attendent, eux, c’est Cyril : «  Je suis là pour lui. On rigole tout le temps, on passe toujours un bon moment quand il est avec nous », confie Marilyn.  

Claire Sécail dans « TPMP, le télépopulisme d’Hanouna décrypté », publié sur la Revue des Médias « À partir de 2020, on observe dans « TPMP » une porosité croissante entre C8 et CNews. Dès les premiers numéros, l’émission assure la promotion des thèmes sur l’insécurité, l’immigration, la religion, le communautarisme, auxquels s’ajoutent des domaines plus hanounesques comme la sexualité et l’ésotérisme. » Photo : Eva Pressiat/EPJT

18 h 45. c’est bientôt le début de « Touche pas à mon poste ». Les chroniqueurs arrivent, discutent avec le public. On change à nouveau de place, au milieu à gauche cette fois. Ça commence, le roi arrive. Les sujets fusent, ambiance café du coin. « Alors qu’est ce que vous avez fait de votre week-end ? » interroge le producteur-animateur star. 

C’est le début du moment « À ne pas louper » : qui va se baigner dans la Seine ? L’heure idéale pour faire l’amour ? La femme de ménage du Roi Charles III… Chaque chroniqueur a une fonction et un rôle bien précis : Kelly Vedovelli, la jolie blonde superficielle, Gilles Verdez, l’analyste et « la caution de gauche » persécutée et Valérie Benaïm, la bonne copine. 

Arrive sur cette scène Francette, « la mamie Marseillaise », puis le deuxième grand moment de l’émission débute, « Les buzz du jour » : Faut-il enlever les allocations aux parents des mineurs délinquants ?, Faut-il instaurer un couvre-feu pour les mineurs ? Les débats et les thématiques chers au groupe Bolloré commencent à pointer le bout de leur nez. 

Dernier moment de la soirée : « Le gros doss ». L’ambiance devient grave. Les lumières passent du violet au rouge. Lionel Tim donne les indications : plus d’applaudissements ni de sourire. L’heure est aux faits divers. On joue sur la peur, et ça fonctionne.

Marilyn, elle, est toujours aussi captivée. Pendant que Baba, lui, continue son show.