Président-directeur

génial

Thierry Gaillard, président du groupe Carambar & Co. Photo : Thomas Bismuth/Mediatome.

Début 2018, Thierry Gaillard est devenu le président de l’entreprise Carambar & Co. Il avait été nommé en octobre 2017 alors qu’il était à la tête du groupe Orangina Suntory France et Belgique..

Par Melena HELIAS et Chloé LIFANTE

Le sourire timide de Thierry Gaillard contraste avec son regard pétillant. « Diriger et développer une entreprise est un art passionnant mais difficile », admet-il.

Pour ce quinquagénaire, le bien-être de l’ensemble des salariés est essentiel. Il cherche à souder son équipe en aménageant les espaces de travail mais également une salle de détente. Au siège de l’entreprise Orangina par exemple, dont il était le directeur jusqu’en janvier dernier, l’installation d’un baby-foot, de balançoires et d’un piano a permis aux collaborateurs de partager plus que des dossiers. En abolissant les cloisons entre les différents services, il supprime les bureaux individuels généralement occupés par les supérieurs et brise ainsi les frontières hiérarchiques.

Il y a encore quelques mois, dans un communiqué de presse, Thierry Gaillard se disait « impatient de rejoindre les équipes de Carambar & Co  pour réaliser un beau défi », celui du « retour à la croissance d’un très beau portefeuille de marques ». Carambar, La Pie Qui Chante, et Poulain, entre autres, se sont ainsi associés au sein de ce même groupe.

Le parcours d’entrepreneur de Thierry Gaillard commence en 1988, lorsqu’il obtient un DESS (diplôme d’études supérieures spécialisées) de marketing à Paris-Dauphine. Il choisi cette voie plutôt qu’un parcours plus classique de classe préparatoire suivie d’une grande école. Pour lui, l’université ouvre beaucoup plus les esprits grâce notamment à la variété des matières qui y sont enseignées.

Ce partisan du bonheur au travail fait ses premiers pas chez le géant Unilever, qui laisse selon lui « beaucoup de liberté à ses salariés et à ses filiales ». Il rejoint ensuite Danone, une société qui encourage ses collaborateurs à gérer leur activité « comme si c’était leur propre entreprise ».

Pendant ses huit ans au sein du groupe, il est directeur des ventes de la filiale Lu, célèbre biscuiterie nantaise. Quand Kraft Foods rachète Lu, il devient directeur général. De 2009 à 2014, à la tête de Mars Chocolat, l’entreprise est distinguée plusieurs fois par le classement Great Place To Work qui récompense les sociétés où il fait bon travailler.

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Réalisé par Chloé Lifante / EPJT

Il intègre ensuite Orangina Schweppes en 2014. Cela lui donne l’occasion de mettre en pratique ses idées novatrices. Lors d’un rendez-vous, le dirigeant du groupe japonais Suntory, propriétaire d’Orangina depuis 2009, explique à Thierry Gaillard son ambition pour les cinquante prochaines années. « Cela donne du sens, ainsi qu’une forme de liberté, quand on sait que la plupart des entreprises cotées n’ont qu’une vision à très court terme », estime le nouveau P-DG.

Son arrivée à la tête de Carambar & Co est encore récente mais il ne manque pas d’ambitions. « On sent une vraie volonté d’agir et de faire des choses intéressantes avec le groupe », affirme Benoît Pasqualini, le directeur de l’usine Poulain de Villebarou.

« Pionnier dans le courant du bonheur au travail »

Les principes qu’il tente de mettre en œuvre lui viennent essentiellement de ses nombreuses lectures. Il dit préférer lire que de s’entourer de consultants. Deux ouvrages l’ont particulièrement marqué : Liberté & Cie d’Isaac Getz et Brian Carney, et Happy RH de Laurence Vanhée, fondatrice du cabinet Happyformance pour qui Thierry Gaillard est un « homme fantastique ». « Thierry a été pionnier dans le courant du bonheur au travail », explique-t-elle à L’Usine Nouvelle en mars 2016. Avec cette théorie du « management par la bienveillance », importée des pays nordiques, c’est bien la recherche de performance qui est en jeu.

D’après une étude, les employés heureux sont deux fois moins souvent malades et six fois moins souvent absents que leurs collègues. Dans cet objectif, le dirigeant souhaite que les salariés se sentent impliqués dans les choix de la société, à travers notamment « un aménagement participatif, où chacun exprime ses souhaits via une enquête ». Il a d’ailleurs mis en place des check-live dans les usines. Ces points d’information réguliers permettent de réunir tout le personnel afin que chacun puisse poser ses questions, sans tabou.

En tant que militant pour le droit à l’erreur, la parité et la diversité des profils, il dit laisser souvent les salariés décider, même lorsqu’il n’est pas de leur avis. Cette liberté, il l’applique aussi bien à ses collègues qu’à lui-même.

Lorsque le besoin se fait ainsi sentir, il explore les déserts africains ou les monts alpins, en quête de silence et d’introspection. En sportif aguerri, il est prêt à atteindre des sommets avec Carambar & Co.

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