Poulain

au galop vers le renouveau

Forte de plus de cent cinquante années d’expérience, la chocolaterie Poulain ne manque pas d’ambition pour l’avenir. Un nouveau chapitre vient de s’écrire avec le rachat de l’entreprise par Carambar & Co..

Par Melena HELIAS et Chloé LIFANTE (texte et photos)

Au cœur de l’usine, les effluves de chocolat sont saisissantes. Une affiche publicitaire pour la gamme Poulain Noir Extra domine la salle principale. Elle représente un cheval posant « nu », une feuille de vigne couvrant ses parties intimes. « J’ai appris récemment que notre Noir Extra faisait partie du top 10 des ventes de chocolat », se réjouit Benoît Pasqualini. Il est le directeur de l’usine de Villebarou (Loir-et-Cher) depuis trois ans et demi. Son bureau, rempli de tablettes, de poudres chocolatées et de confiseries en tout genre, en ferait rêver plus d’un. Le bruit assourdissant des engins rappelle l’importante capacité de production de l’usine. Ce sont ainsi 120 tonnes de chocolat qui sont produites chaque jour.

Deux camions citernes approvisionnent chaque jour l’usine Poulain en pâte de cacao. Celle-ci provient essentiellement du Ghana et de la Côte d’Ivoire. C’est à partir de cette matière première qu’est travaillé le chocolat. Le travail des 150 salariés présents sur le site consiste principalement à de la conduite de machine, explique en substance Benoît Pasqualini.

À sa création, en mai 2017, le groupe Carambar & Co rachète Poulain, jusqu’alors possédé par la multinationale américaine Mondelēz. Cette acquisition par le jeune groupe français, qui porte notamment sur cinq sites de production dans l’Hexagone, donne ainsi un nouvel élan aux célèbres marques de confiserie Carambar, Kréma, La Pie qui Chante ou encore Malabar, les pastilles Vichy, les chocolats Suchard et Poulain. La société souhaite redynamiser ces marques françaises historiques, endormies depuis quelques années et caractérisées par un « potentiel affectif assez fort » auprès des Français si on en croit Benoît Pasqualini.

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Victor-Auguste Poulain à l'âge de 79 ans.

Archives de la ville de Blois

L’homme à l’origine de la chocolaterie n’est autre que Victor-Auguste Poulain, né à Pontlevoy en 1825 et issu d’une famille très pauvre. Grâce à une place de commis dans la célèbre épicerie Mortier d’Argent, il s’initie à la fabrication de chocolat. Après neuf années passées à Paris, il revient dans sa région natale à l’âge de 22 ans et ouvre sa propre boutique, à Blois, rue Porte-Chartraine. Le 8 mars 1852, il dépose un brevet d’invention pour une préparation de chocolat. C’est le début d’une grande aventure. Ce passionné, désireux de rendre le chocolat accessible à tous, devient, en quelques décennies, un grand industriel.

Il est celui qui va amorcer le passage d’une production artisanale vers une production industrielle avec l’ambition de démocratiser le chocolat. En 1862, il construit sa première usine sur un terrain idéalement placé entre la Loire et la gare de Blois. Avec son embarcadère inauguré en 1846, la gare était la porte de sortie idéale pour les marchandises du quartier.

Les habitants de Blois ont pu sentir dans les airs l’odeur du chocolat – annonciateur de pluie, dit-on – jusque dans les années quatre-vingt-dix. A cette époque, ne pouvant plus s’étendre, la fabrique déménage au nord de la ville, à Villebarou. C’est l’architecte français Jean Nouvel qui a dessiné les lignes du bâtiment de 22 000 mètres carrés, en théorie semblable à une immense tablette de chocolat.

Petit poulain devient étalon

Retour à la fin du XIXe siècle. Une quinzaine d’année après l’ouverture de sa première usine Victor-Auguste Poulain se retire des affaires, laissant la place à son fils, Albert Poulain. Ce dernier va prendre la direction de l’entreprise en contribuant aux succès publicitaires de la marque. Poulain est en effet pionnier en matière de communication. Lorsqu’en 1889 le fils quitte à son tour l’entreprise, la chocolaterie devient une société anonyme. L’histoire du chocolat Poulain se poursuit alors avec de nouveaux partenaires et de nouveaux objectifs. Le dernier en date, la multinationale Mondelēz, fragmente les productions, l’usine Poulain est obligée de réduire sa gamme.

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Les étiquettes des poudres chocolatées sont aux couleurs de l'équipe de France de football.

Chloé Lifante / EPJT

L’acquisition de la chocolaterie historique par Carambar & Co en mai 2017 est un vent d’indépendance. De nouveaux produits « au bon lait de nos régions » ont d’ailleurs fait leur apparition en décembre dernier avec deux déclinaisons : noisettes et feuilleté caramel. En plus d’afficher la mention « Fabriqué en France », les tablettes arborent un emballage jaune et bleu, susceptible de ressortir davantage sur les étalages des supermarchés en se démarquant ainsi de la concurrence.

Plus que jamais engagé dans la compétition du chocolat 100 % français, Poulain a signé un partenariat avec la Fédération française de football (FFF) pour le Mondial qui a eu lieu en Russie cet été. Il devient ainsi label officiel des Bleus pour les quatre prochaines années. Le coup d’envoi est lancé pour l’entreprise.

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