Lorsque les mutations territoriales bousculent la presse régionale

Alice Gendreau

Lorsque les mutations territoriales bousculent la presse régionale

Lorsque les mutations territoriales bousculent la presse régionale

Alice Gendreau
1 août 2016

Annoncée en 2015 par le gouvernement, la réforme des régions est devenue effective le 1er janvier 2016. Elle a laissé place à des espaces beaucoup plus vastes. Ce nouveau découpage géographique n’a pas été sans conséquence sur l’organisation des titres de presse. Certains quotidiens régionaux, reflets des territoires qu’ils couvrent, ont dû s’adapter.

« En tant que journal régional ce n’était pas concevable de ne pas parler de la Haute-Normandie. Il fallait qu’on y soit. » C’est en ces termes que François-Xavier Lefranc, rédacteur en chef de Ouest-France, explique l’extension de l’aire de diffusion du quotidien régional depuis le 2 décembre dernier. Pour le premier groupe de presse quotidienne régionale (PQR) il était primordial d’anticiper la réforme territoriale qui a réuni le 1er janvier 2016 les deux anciennes Normandie, la Basse et la Haute.

Auparavant, le journal était présent en Bretagne, en Pays de Loire et en Basse-Normandie. « La nouvelle carte des régions a bousculé un équilibre historique, poursuit le rédacteur en chef. Si nous ne nous adaptions pas aux nouvelles annexions territoriales, nous n’allions retrouver dans nos colonnes qu’une seule partie de la nouvelle région Normandie. » Inconcevable !

Pour toute personne extérieure au groupe et à la région, cela peut sembler secondaire. Mais Jean-Marie Charon, sociologue des médias et fin observateur de la presse locale et régionale, comprend parfaitement le choix stratégique du groupe : « Les nouvelles régions ont un impact certain dans la vie quotidienne des gens qui y vivent. Leur vie quotidienne en est affectée : les capitales régionales changent, les services se déplacent. Les journaux régionaux doivent donc s’en emparer. »

La proximité au cœur du débat

En décembre dernier, Ouest-France a donc lancé une nouvelle édition. Elle est aujourd’hui tirée à plus de trois mille exemplaires. Tous les jours, sauf le dimanche, elle est vendue en kiosque sur cent vingt points de vente dans les zones urbaines d’Evreux, du Havre et de Rouen (villes de Haute-Normandie). Mais, « nous n’en vendons pas beaucoup, environ trois cents par jour », avoue François-Xavier Lefranc. Mais alors, pourquoi lancer cette édition ? « Pour être présent sur toute la Normandie, pour faire connaître cette  nouvelle région et l’accompagner dans sa construction », répond-il.

Le projet se poursuit aussi via un site Internet. Normandie Actu propose des articles qui concernent à la fois la Basse et la Haute-Normandie. Une stratégie qu’assume le rédacteur en chef de Ouest France : « Nous souhaitons toucher les nouveaux lecteurs sur le numérique car Internet fait sauter toutes les frontières. »

Une stratégie qui doit tout aux difficultés que connaît la presse régionale. La multiplication des écrans et des applications d’information sur Smartphones concurrence le papier. La chute libre de la publicité ou la baisse du lectorat fragilise encore sa situation. Même si elle se porte légèrement mieux que la presse nationale grâce à l’information de proximité. « C’est  l’information de proximité qui fait vivre les journaux, confirme Jean-Marie Charon. Les gens ne peuvent s’en passer. »

La Haute-Normandie n’a cependant pas attendu Ouest-France pour découvrir la presse régionale. On trouve dans le département le quotidien Paris Normandie et plusieurs hebdomadaires locaux. Le pari de s’installer là-bas, avec une nouvelle équipe de pigistes (lire reportage), paraît alors encore plus fou. Mais « notre édition ne comporte pas de pages locales, nous ne concurrençons donc pas les autres journaux présents sur le territoire », se défend Stéphanie Séjourné, chef des informations régionales normandes.

Régions et groupes de presse en (re)construction

Car l’objectif du projet éditorial à long terme est de participer à la construction de la Normandie réunifiée. « Les journaux, par leurs discours, entretiennent des repères territoriaux. Mais les médias n’ont pas la capacité de créer des territoires par eux-mêmes. C’est plus complexe que cela », explique Bruno Raoul, professeur en sciences de l’information et de la communication à l’université de Lille dans « Images de territoires et travail territorial des médias », le numéro 37 de la revue Études de Communication.

Les nouvelles régions

Annoncée en 2015, la loi portant sur la nouvelle organisation territoriale de la République (NOTRE) est donc devenue effective le 1er janvier 2016. Elle a réduit le nombre de régions (voir carte ci-dessus) et fait la place à des territoires beaucoup plus vastes. Dans ce contexte, la PQR a dû trouver comment couvrir l’actualité de régions qui ont, pour certaines, doublé de superficie.

Réorganisation autour des nouvelles capitales régionales

«La Montagne» couvre deux nouvelles régions et a dû installer un journaliste à Lyon. Illustration cc Guy Moll/Flickr

Si Ouest-France a élargi son aire de diffusion en suivant les contours du nouveau territoire institutionnel, d’autres groupes ont élaboré des stratégies différentes. Les anciennes régions Aquitaine, Limousin et Poitou-Charentes sont désormais réunies pour former un seul et même ensemble institutionnel appelé Nouvelle-Aquitaine. Sur ce vaste territoire, on compte trois groupes de presse : Sud-Ouest, Centre-France et Nouvelle république du Centre-Ouest (NRCO). Ce dernier possède deux journaux, La Nouvelle République et Centre Presse qui ne sont présents que sur deux départements sur les douze formant la nouvelle région (la Vienne et les Deux-Sèvres). Alors que dans l’ex-région Poitou-Charentes, il était ancré sur la moitié du territoire. Voilà qui devrait changer les habitudes.

En fait, pas vraiment. C’est un journaliste de la rédaction de La Nouvelle République à Poitiers, Baptiste Bize, également responsable départemental, qui est en charge de récolter les informations lors des conseils régionaux à Bordeaux pour les deux titres. « Cette réforme territoriale n’a pas changé grand chose à mon quotidien, reconnaît-il. Cela m’a permis de créer plus de lien avec mes confrères. » Aucune page régionale spécifique n’a été pensée. Les informations sont relayées, comme avant, dans les pages départementales.

Le quotidien La Montagne, lui, étend sa sphère d’influence sur les quatre départements d’Auvergne (Allier, Cantal, Haute-Loire, Puy-de-Dôme) et les trois du Limousin (Corrèze, Creuse, Haute-Vienne). Particularité, il se trouve à cheval entre deux territoires. À l’ouest, le Limousin a été rattaché à l’Aquitaine et au Poitou-Charentes. Tandis qu’à l’Est, l’Auvergne a fusionné avec Rhône-Alpes. « En plus, les deux nouvelles capitales régionales sont maintenant Bordeaux et Lyon, c’est-à-dire en dehors de notre zone de diffusion et en dehors de notre zone historique d’implantation. Cela ne nous facilite pas l’accès à l’information », témoigne Jean-Yves Vif, rédacteur en chef du quotidien régional.

Media
Pour beaucoup, c'est la loi de la proximité qui doit jouer.

Illustration CC Guy Moll/Flickr

Pour faire face à cette nouvelle réalité, il y a un an, un journaliste s’est installé à Lyon. Il y suit l’actualité de la nouvelle grande région Auvergne-Rhône-Alpes. « C’est un peu comme un correspondant permanent, comme ceux qu’envoient les grands médias dans des capitales étrangères », commente le rédacteur en chef de La Montagne. Dans les éditions d’Auvergne, il s’occupe d’une nouvelle rubrique appelée « Grande région »  et qui paraît tous les lundis. Son objectif : favoriser la connaissance de ce territoire en construction des lecteurs et des internautes.

Les éditions du Limousin ont elles aussi leur nouvelle rubrique « Vue de la grande région ». Réalisée par des journalistes du quotidien Le Populaire du Centre, on la retrouve dans les deux journaux chaque mardi et vendredi. « Nous n’avons installé aucun journaliste à Bordeaux. Les déplacements à la nouvelle capitale régionale ne se font qu’en fonction des actualités qui nous concernent », précise Pascal Ratinaud, rédacteur en chef du Populaire du Centre.

Même stratégie pour Jean-Pierre Souchon, rédacteur en chef du Dauphine Libéré à Grenoble. Pour lui, le traitement de l’information se réfléchit avant tout en termes de bassin de vie. « Qu’importe les réformes, qu’elles soient territoriales ou autres. L’organisation du journal se fait en fonction de la façon dont les gens vivent, travaillent et consomment. » C’est la loi de la proximité qui joue.

Jouer la carte du partenariat

Les trois groupes de presse de Nouvelle-Aquitaine ont créé un supplément commun distribué de Bordeaux à Poitiers. Ill : Guy Moll.Flickr

Pour la NRCO, ce qui compte, c’est aussi la proximité avec les confrères. « Notre but est de mettre en place un travail en partenariat avec les autres rédactions de la Nouvelle-Aquitaine. Les contacts entre journalistes des trois ex-régions vont devenir de plus en plus réguliers », assure Alain Defaye, directeur départemental de La Nouvelle République dans la Vienne et directeur de Centre Presse. Les trois groupes présents sur ce nouveau territoire ont créé un supplément d’une vingtaine de pages l’été dernier. Il avait été tiré à plus de 600 000 exemplaires et distribué à tous les lecteurs des trois groupes.

En novembre dernier, lors de la campagne électorale pour les régionales, des journalistes des trois groupes se sont réunis pour animer ensemble des débats télévisés sur TV7 Bordeaux (chaîne de télévision qui appartient au groupe Sud-Ouest). Le but : montrer que la fusion des ex-régions Aquitaine, Limousin et Poitou-Charentes amène à une refonte des liens entre les confrères. « La réforme territoriale a modifié nos façons de travailler avec nos collègues des autres groupes. Avant, les contacts étaient très faibles et chacun travaillait sur son territoire. Les limites étaient bien définies. Aujourd’hui, nous allons créer des passerelles », se réjouit Pascal Ratinaud, rédacteur en chef du Populaire du Centre (groupe Centre-France), avant d’affirmer que « aujourd’hui, la presse n’est pas fragilisée par ces aspects territoriaux. Par exemple Sud-Ouest ne viendra pas sur notre territoire de diffusion. Idem pour nous et les autres titres. Chacun va rester sur ses frontières. Nous allons juste essayer d’avoir ensemble des projets par rapport à la région qui nous est maintenant commune. »

« C’est notre devoir de citoyen d’expliquer ce qui se passe aux habitants de ce nouveau territoire »

Marie-Luce Ribot, Sud-Ouest

En janvier 2016, Sud-Ouest a consacré son premier hors-série de l’année à la nouvelle grande région qu’on appelait encore ALPC. Faire découvrir, parler des spécificités de ce nouvel espace commun, tel était l’objectif D’iCi !, un magazine qui comprenait une centaine de pages. « Sans prétendre créer une identité régionale, je pense que c’est notre devoir de citoyen d’expliquer ce qui se passe aux habitants de ce nouveau territoire », explique Marie-Luce Ribot, rédactrice en chef adjointe des magazines, hors-série et suppléments de Sud-Ouest. Elaboré en collaboration avec la NRCO et le groupe Centre-France, D’iCi ! a été tiré à plus de 40 000 exemplaires et diffusé sur les douze départements de la nouvelle région. Traitant de différents thèmes comme la gastronomie, le patrimoine, l’économie, la culture, ou encore le tourisme, le magazine se veut fédérateur. « Par le biais de ce nouveau produit éditorial, nous souhaitons définir et agréger nos intérêts communs pour les mettre en lumière. À ce titre là, je pense que la presse a un rôle important à jouer », ajoute Marie-Luce Ribot.

Les annonceurs suivent

Le premier bilan est mitigé. Les ventes n’ont pas obtenu les résultats escomptés. « Au niveau des annonceurs, ça a très bien marché, tempère Marie-Luce Ribot. Je pense qu’il y a du potentiel. Cela va nous pousser à reconduire le projet. » La publicité semble effectivement tirer son épingle du jeu. Il y a quelques mois, Le Populaire du Centre a publié une pleine page de publicité pour l’aéroport de Bordeaux. « Nous n’en avions jamais eu auparavant. Nous n’aurions jamais eu ce genre de proposition avant la nouvelle grande région », s’exclame, ravi, Pascal Ratinaud.

Ouest-France organisera en décembre prochain les Assises de la Normandie. Un événement destiné à mener une réflexion autour de la nouvelle grande région. Sud-Ouest va également élargir à la nouvelle région son rendez-vous annuel Les Aquitains de l’année. Celui-ci récompense  des entreprises locales via différents prix. Pour l’édition 2016, les nominés par catégorie seront sélectionnés dans les douze départements de la Nouvelle-Aquitaine. Une parmi d’autres de ce que Jean-Marie Charon appelle des « stratégies de diversification. »

Immersion en terres inconnues

Audrey Tamine (au fond) et Bénédicte Gateclou sont les deux nouvelles secrétaires de rédaction du service régional. Jean-Christophe Lalay est, lui, reporter. Photo Alice Gendreau

Depuis le 2 décembre dernier, des journalistes du journal Ouest-France couvrent des actualités en Haute-Normandie. Une première pour le quotidien. Augmentation des pages régionales et des effectifs, l’organisation du service régional des éditions normandes a subi quelques modifications avec la réforme territoriale.

Dix heures, service régional des éditions normandes de Ouest-France à Caen. Un fait-divers vient de tomber : une femme a été retrouvée morte ligotée dans un placard près de Rouen, en Seine-Maritime. « Sophie tu y vas ! » lance Stéphanie Séjourné, chef des informations régionales normandes.

Aller couvrir l’actualité en Haute-Normandie est quelque chose de nouveau à Ouest-France. Car, historiquement, le journal n’était pas implanté sur ce territoire. Le nouveau découpage géographique a obligé le service régional de Normandie à repenser son organisation. Depuis septembre 2015, « dans toutes les éditions normandes, d’une page, nous sommes passés à deux. Dans la nouvelle édition qui s’appelle Normandie, nous proposons en plus une page, voire deux, consacrée aux actualités exclusivement de Haute-Normandie », explique Stéphanie Séjourné.

En plus des pages générales communes à toutes les éditions de Ouest-France (Monde, France, Sports, Cultures/Magazine), le numéro spécial comprend une vingtaine de pages et ne traite que de faits normands. Pour François-Xavier Lefranc, rédacteur en chef de Ouest-France, le quotidien doit accompagner la fusion des deux anciennes régions. « Cela va demander du temps pour que les habitants adhèrent à ce nouveau territoire, déclare-t-il. Mais une région a toujours eu besoin d’un quotidien régional pour exister dans les mentalités. »

Media

Pour réaliser les pages supplémentaires, l’équipe des reporters a été renforcée par une dizaine de journalistes pigistes implantés en Seine-Maritime et dans l’Eure (les deux départements de la Haute-Normandie). « Il y a eu également l’arrivée dans le service d’une chef d’édition et d’une secrétaire de rédaction (qui faisaient déjà partie de Ouest-France, NDLR). Elles s’occupent essentiellement de la relecture et de la mise en page des pages régionales sur le print et sur le Web », précise Stéphanie Séjourné. Ce sont donc six personnes qui travaillent au service régional contre trois auparavant. Sur les murs de la rédaction, la reproduction de la une d’un numéro spécial du quotidien « Demain tous Normands ». On y voit les deux lions du blason normand qui portent un tee-shirt « J’aime ma Normandie » et qui annoncent « On taille XXL ». Ce numéro est paru le 2 juin 2015, donc bien avant la naissance effective de la nouvelle région.

Pour Jean-Christophe Lalay, reporter régional, la réunification des deux Normandies n’a rien modifié à son quotidien. « Je fais toujours le même travail, seul le terrain de jeu a changé. Je parcours plus de kilomètres c’est tout. »

Une équipe restructurée

Bénédicte Gateclou, secrétaire de rédaction, le reconnaît : « Je suis là grâce à la réforme territoriale. Le poste que j’occupe depuis septembre a été conçu dans ce contexte. » Ambiance studieuse au service des sports. Là aussi on a dû s’adapter au nouveau découpage géographique. Il faut désormais aller couvrir les événements qui ont lieu dans l’Eure et en Seine-Maritime. Là aussi des renforts ont été nommés. « Il y a maintenant quatre personnes à temps complet alors qu’il n’y en avait que deux avant la réforme », confirme Guillaume Lainé, journaliste du service.

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Audrey Tamine a étudié le journalisme à l’IUT de Lannion. Cela fait maintenant 6 ans et demi qu’elle travaille à Ouest-France.

Alice Gendreau/EPJT

Une dizaine de pigistes est là aussi pour alimenter les pages sports. « Cette réforme territoriale nous a imposé plus de travail. Nous couvrons par exemple plus de nocturnes qu’avant. Mais la difficulté est aussi de gérer tout cela à distance », poursuit Guillaume Lainé.

Il est 15h30. Dans le couloir qui mène d’un service à l’autre, on s’agite. Un nouveau fait-divers vient de tomber. Au Havre, un enfant de 3 ans a été retrouvé seul dans un appartement au milieu de détritus et de cadavres d’animaux. « Quand même, il y a plus de faits-divers bizarres en Haute-Normandie qu’en Basse-Normandie », plaisante Bénédicte Gateclou avant de préciser : « Ici, des histoires de ce type nous en avons une fois tous les dix ans. » Les appels téléphoniques reprennent. Audrey, la seconde secrétaire de rédaction, en charge de la page Haut-Normande, contacte certains pigistes pour avoir des précisions sur des articles qu’elle corrige. Comme chaque jour, tout doit être bouclé à 21h30.

« Sans la réforme territoriale, nous n’aurions pas proposé l’émission »

ALPC Matin est une émission conjointe de France 3 Aquitaine, Limousin et Poitou-Charente pour promouvoir la nouvelle région. Illustration : DR

Depuis septembre 2015, les antennes de France 3 Aquitaine, France 3 Limousin et France 3 Poitou-Charentes proposent en direct aux téléspectateurs une émission inédite consacrée à la Nouvelle-Aquitaine : « ALPC Matin » (pour Aquitaine Limousin Poitou-Charentes). Christophe Zirnhelt en est le producteur artistique et un des présentateurs.

Quels sont les jours et horaires de diffusion d’ALPC Matin ?

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C. Horbette

Christophe Zirnhelt. L’émission a lieu chaque lundi, mardi, jeudi et vendredi, à partir de 10h15. Elle dure une vingtaine de minutes. En début de semaine, c’est Marie-Luce Rigout (présentatrice à France 3 Aquitaine, NDLR) qui prépare et présente l’émission depuis Bordeaux. En fin de semaine, c’est moi qui l’anime depuis Limoges avec les chroniques de Delphine Roux (présentatrice à France 3 Limousin et Poitou-Charentes, NDLR). L’antenne de Poitiers réalise le flash info que l’on retrouve à chaque émission.

Comment l’idée de réaliser une émission sur la nouvelle grande région Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes vous est-elle venue ?

C. Z.  Je ne suis pas à l’origine du concept. Au départ, c’est une impulsion nationale. Le but était de proposer aux téléspectateurs une émission le matin dans toutes les régions. Dans un premier temps, chaque région s’est appropriée le concept et lorsqu’il y a eu la réforme territoriale, les antennes France 3 de Nouvelle-Aquitaine ont souhaité  travailler ensemble pour faire du lien entre la demande du siège et cette question territoriale.

« ALPC Matin » est un travail collaboratif entre les antennes France 3 de l’Aquitaine, du Limousin et du Poitou-Charentes. Comment les émissions sont-elles préparées ?

C. Z. Celles du lundi et mardi, que présente Marie-Luce Rigout, sont relativement différentes de celles que je présente le jeudi et vendredi. Nous avons chacun nos envies. Pour réaliser les émissions, j’essaye de travailler avec un prévisionnel à deux mois et d’avoir trois semaines d’avance pour la préparation. Nous collaborons avec toutes les antennes car nous avons souvent besoin d’images ou encore d’invités qui viennent des trois anciennes régions. Les antennes France 3 de ces ex-régions continuent d’exister même dans ce nouveau contexte territorial. Cela nous a vraiment obligé à travailler tous ensemble, aussi bien au niveau éditorial qu’au niveau technique. Nous réalisons des duplex entre les différentes antennes. Toutes les infrastructures techniques sont sollicitées, ce qui n’était pas forcément le cas auparavant. Il y a une plus grande, plus forte et meilleure utilisation du réseau France 3.

La réforme territoriale est pour beaucoup dans cette nouvelle façon de travailler…

C. Z. Sans la réforme territoriale, concrètement, nous n’aurions pas proposé cette émission. C’est évident. La production de l’émission est inévitablement liée à cette réforme. Elle a impliqué un changement dans notre façon de travailler. Aujourd’hui, nous avons une réflexion éditoriale nouvelle car nous construisons les émissions en pensant à la fois Aquitaine, Limousin et Poitou-Charentes. Il faut penser aux trois ex-régions de façon permanente pour n’exclure aucun territoire ni, en conséquence, aucun téléspectateurs. Ce nouveau découpage territorial implique de réfléchir à une autre échelle et de prendre en compte de nouvelles réalités démographiques et historiques.

Presse régionale

Que découvrent les téléspectateurs à travers l’émission ?   

C. Z. Je travaille principalement sur trois axes. Le premier est le monde associatif. Je m’appuie à 95 % sur ce tissu. À chaque émission, il y a donc une association, avec parfois un invité, qui est mise en avant. Elle peut appartenir au domaine de la culture, du sport, de la solidarité, de la santé ou encore de l’accompagnement scolaire. Pour le second axe, je souhaitais que les téléspectateurs découvrent et s’approprient leur nouvel espace de vie. Pour cela, je leur propose des sorties découvertes ou des initiatives collectives présentes sur leur territoire. Mais il y a aussi à la fin de chaque émission la découverte d’un lieu, d’un patrimoine ou d’un pan historique de la nouvelle grande région. Pour le dernier axe, je tenais absolument qu’il y ait un fond positif et qu’on ne parle que de ce qui va bien. Je souhaitais que l’émission ait un regard positif, optimiste et bienveillant. Je reste également très attentif à répartir équitablement des sujets qui concernent à la fois l’Aquitaine, le Limousin et le Poitou-Charentes. Ce que nous diffusons doit concerner la nouvelle grande région toute entière. Dans chacune des émissions, on doit retrouver des thèmes qui incluent tous les téléspectateurs quel que soit leur lieu de résidence.

Comment réagissent les téléspectateurs ? 

C. Z. Aujourd’hui la majorité des sujets proviennent d’eux. Ce sont eux qui nous envoient leurs propositions d’associations, d’invités, etc. À défaut de s’approprier la nouvelle grande région, ils se sont déjà approprié le programme de l’émission.

Pensez-vous qu’à long terme, l’émission pourra contribuer à construire une nouvelle identité régionale ?

C. Z. Les médias ont un rôle important pour faire comprendre les enjeux de la Nouvelle-Aquitaine. Je suis persuadé que c’est une chance d’être en face d’un territoire aussi grand, avec ses grandes disparités, pour créer du lien social. Je pense que la télévision a un rôle à jouer dans l’appropriation de ce nouveau territoire, c’est évident.

Parlant de Nouvelle-Aquitaine, pensez-vous modifier le nom de votre émission à la rentrée ?

C. Z. « ALPC Matin » reprend le nom des trois anciennes régions réunies. Nous sommes effectivement très attentifs au nom que portera la future grande région (Nouvelle-Aquitaine a été choisi par le conseil régional le 27 juin mais doit être validé par le Conseil d’Etat début octobre, NDLR). Le nom de l’émission en dépendra.

Si vous deviez résumer l’émission en trois mots…

C. Z. Territoire, bienveillance et vivre-ensemble.