Le numérique sème ses graines

Antoine Massondo utilise quotidiennement son Smartphone. Ici, pour enregistrer la naissance d’un veau.

Au cœur du pays Basque, Antoine Massondo a repris l’exploitation familiale il y a deux ans. Après le départ à la retraite de son père, il a commencé à s’équiper d’outils numériques. Ceux-ci révolutionnent son quotidien.

Par Maïlis REY-BETHBEDER (texte et photos)

Chez les Massondo, à Arbouet-Sussaute, l’exploitation familiale se transmet depuis quatre générations. Mais les pratiques, elles, ont bien évolué. Antoine Massondo gère avec son frère Gilles leur élevage bovin, leurs prairies et leurs cultures de maïs, colza et soja. À 25 et 28 ans, Gilles et Antoine Massondo vivent avec leur temps. Il y a quatre ans, ils ont cessé de consigner toutes leurs interventions sur le papier pour passer au numérique. Ils ont ouvert un compte sur les plates-formes MesParcelles et Selso, proposées par la chambre d’agriculture départementale. « Maintenant nous avons tout au même endroit. Nos données sont faciles à entrer », se réjouit Antoine Massondo.

Un gain de temps et d’argent

Un des objectifs des plates-formes numériques c’est d’aider les agriculteurs à respecter les réglementations (principalement phytosanitaires) en majeure partie instiguées par la politique agricole commune (PAC) mise en place à l’échelle de l’Union européenne. Elles permettent également de mesurer les engagements des exploitants au niveau régional, national et européen. Elles visent enfin à répondre aux multiples attentes des agriculteurs (gagner du temps, simplifier les démarches administratives) et à prendre en compte les demandes des consommateurs.

La chambre d’agriculture des Pyrénées-Atlantiques a lancé sa plate-forme payante Selso il y a dix ans. Celle-ci fonctionne par abonnement annuel. Elle permet aux agriculteurs de gérer leurs élevages : enregistrer les sorties et entrées de bétail, les déclarations de naissance au quotidien…

D’autres services payants et par abonnement existent, comme MesParcelles, Mesparcellesprestataires et Macave (pour les viticulteurs). Ils sont concurrencés par des entreprises privées qui ont, elles aussi, investi le fructueux domaine de l’innovation numérique en agriculture.

Antoine Massondo ne regrette pas son passage au numérique : « Tout est beaucoup plus lisible. Ainsi, en cas de contrôle, il suffit d’imprimer les documents. » Il souligne l’aspect moins contraignant du procédé : « Quand on entre les interventions directement sur le téléphone, plus besoin de repartir chercher un cahier pour les noter. Nous sommes gagnants sur le plan économique et nous sommes plus efficaces. Maintenant nous pouvons savoir si une culture a été rentable, ou pas. Cela nous permet, l’année suivante, de décider si nous poursuivons cette culture ou si nous passons à autre chose. »

Nouveaux usagers, nouvelles pratiques

« Aujourd’hui, le numérique, ce n’est plus juste une mode. Il fait partie des priorités dans les chantiers que l’on mène au quotidien », analyse Guillaume Narbaïs Jaureguy, conseiller au sein d’Internet à la ferme, un service dédié au numérique et mis en place par la chambre d’agriculture des Pyrénées-Atlantiques. Pour accompagner les agriculteurs vers cette transition numérique, l’organisme met en place des sessions de formation sur la base du volontariat.

Antoine Massondo a suivi l’une de ces formations. Il la juge utile, notamment pour des premières connexions, pour paramétrer les plates-formes. Mais il assure que MesParcelles et Selso se manipulent aisément : « Les outils sont assez simples à prendre en main. Nous, les jeunes, nous sommes habitués à ces supports. Nous utilisons déjà les ordinateurs, les Smartphones, les applis… Donc c’est vraiment facile. » Guillaume Narbaïs Jaureguy confirme cette tendance : « C’est dans la tranche des 20-45 ans que se situe la majeure partie de nos abonnés. »

Pour répondre aux besoins, Selso s’est déclinée sur mobile, via une application, il y a quatre ans. Elle fonctionne en mode déconnecté. Un avantage car, en dehors de l’aspect financier qui peut dissuader les petits exploitants à faire appel à ce genre de service, l’existence de zones blanches ou la mauvaise connexion Wi-Fi empêchent pour l’instant les agriculteurs d’exploiter le plein potentiel du numérique.