L’agroécologie comme credo

Yolain Gauthier, jeune agriculteur aux Îles noires de La Riche

Yolain Gauthier développe depuis août 2017 un projet agroécologique sur un terrain situé aux Iles Noires à la Riche. Laissé à l’abandon et pollué pendant plus d’une vingtaine d’année, le terrain devrait être réhabilité d’ici deux ans.

Par Julie PETITFRERE (texte et photos)

Dans une petite plantation en bord de Loire, entre les serres et les cultures, la construction d’une guinguette, d’un élevage ou d’une ruche est imminente. En 2016, le lieu était une friche encombrée par 250 tonnes de déchets et une végétation intense. Et on n’y rencontrait, pour tout habitant, que des gens du voyage.

C’est à cet époque que Yolain Gauthier, 29 ans, découvre le lieu. Passionné d’agroécologie, cet ancien saisonnier s’est formé en autodidacte à cette science qui mêle agronomie et écologies. Malgré sa passion, quand Tours métropole Val de Loire lui confie un terrain sur ces Îles noires, il hésite : « Nombreux ont été ceux qui ont essayé de me dissuader. Mais, finalement, j’ai été convaincu que le terrain était propice à la culture. »

Pour Yolain, c’était l’occasion de montrer que l’on pouvait travailler autrement. En fait, plutôt que le terme travail, il préfère dire qu’il œuvre au quotidien.

 

« Je ne veux pas reproduire la culture de nos aïeux et retrouver cette pénibilité qui découle des méthodes de travail »

Un matin d’octobre à l’air étonnement chaud, vêtu d’un simple t-shirt blanc et d’un pantalon ample, Yolain Gauthier surveille du coin de l’œil un ami affairé à entourer de bois un container. Puis il parcourt les serres et observe le foin qui parsème le sol. Il y plonge la main et explique les différents états de décomposition.

Nourri et revitalisé par la décomposition de la matière, le sol devient apte à la production de légumes ou de fruits.

Le jeune agriculteur s’efforce également de réduire la pénibilité du travail. Il cherche à trouver des méthodes qui préservent le corps d’un travail physique conséquent. Dans cette optique, il a acheté des serres à bords droits pour pouvoir se tenir sur les côtés de celles-ci sans avoir à se courber. Il n’a recours à aucune mécanisation lourde : « C’est la recherche du bon sens, de la cohérence. »

Yolain Gauthier cherche à diversifier sa production. Pour l’heure, il a semé des engrais verts : culture d’avoine, de seigle, de trèfle ou de graine de moutarde. Il veut varier le plus possible pour toujours avoir des ressources si l’une de ses productions ne donne rien une année.

Un projet de vie

En regardant son abri, dans lequel une cuisine provisoire est aménagée, Yolain Gauthier dit espérer pouvoir vivre de son activité d’ici deux ans. Il bénéficie d’une subvention de la région Centre et de la dotation des jeunes agriculteurs par l’Etat.

Il compte également sur la prochaine vente de ses paniers en circuit court. Composés d’épinards, de petits pois, de salades ou encore des fruits du verger, ils seront disponibles en livraison ou sur place dans quelques mois. Il estime son futur revenu dans une fourchette allant de « 800 euros à 1 200 euros ».

Pour Yolain Gauthier vivre d’agroécologie, c’est tout à fait jouable. Si son projet est le premier du genre, beaucoup d’autres pourraient voir le jour. Yolain lui, se dit chanceux mais conscient de devoir « essuyer les plâtres ».