Plus de 4,5 millions d’Ukrainiens, principalement des femmes et des enfants, ont traversé la frontière roumaine, depuis l’invasion russe en février 2022. Certains passent. Et d’autres restent. Ils bénéficient alors d’une protection temporaire.
Par Laura Blairet et Mathilde Lafargue
À cause de l’invasion russe, plus de 4,5 millions de personnes ont traversé la frontière roumaine depuis l’Ukraine ou la Moldavie, d’après les estimations du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR). « C’est cyclique », explique Jean-Benoît Manhes, coordinateur du fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) en Roumanie.
Le 4 mars 2022, le conseil de l’Union européenne (UE) active une « protection temporaire » immédiate et collective pour les Ukrainiens. Ce statut s’applique dans tous les pays membres et doit être renouvelé tous les ans. Celui-ci court actuellement jusqu’en mars 2025. Il répond à la situation exceptionnelle d’« afflux massif de personnes déplacées en provenance d’Ukraine ».
Cette directive prévoit de les accompagner dans l’accès au logement, aux soins médicaux, à l’éducation et au marché du travail. Pour bénéficier de ce statut en Roumanie, les Ukrainiens doivent s’inscrire auprès de l’une des structures de l’Inspection générale de l’immigration (IGI) roumaine et ils reçoivent alors un code numérique personnel.
Tous ne restent pas. Au 19 novembre 2023, ils étaient 83 598 à vivre toujours en Roumanie, parmi les 5 067 374 arrivés. Et les profils sont très variés. « Beaucoup dépendaient déjà des aides sociales en Ukraine. Ils ont peu de perspectives vers d’autres pays. » Cependant, « c’est un groupe hétérogène, chaque cas est particulier », nuance Jean-Benoît Manhes.
Cet accueil est graduel. Il se concentre d’abord à la frontière, autour des blue dots, des points chauds gérés par les Nations unies. Les réfugiés y trouvent de quoi subvenir à leurs besoins les plus pressants, comme la nourriture, les couvertures et les informations pour les aiguiller dans leur parcours.
Mais la guerre s’enlise et la perspective d’une libération rapide s’essouffle. La problématique que traverse donc la Roumanie désormais est celle de l’intégration des Ukrainiens qui sont restés. Et le pays peine dans cette seconde étape. Jean-Benoît Manhes prévient : « On a tendance à penser qu’en tant que membre de l’Union européenne, la Roumanie est capable de gérer cette crise. C’est faux. Économiquement, elle dépend, elle-même, des aides européennes et internationales. »
De nombreux acteurs, de la société civile à l’État en passant par les ONG, associations et sociétés privées, sont impliqués dans ce processus, notamment à Bucarest, capitale de la Roumanie. C’est là-bas que nous sommes parties rencontrer les personnes qui ont fuit la guerre et celles qui se sont organisées pour leur apporter de l’aide.