Ici, la nature s’occupe de (presque) tout

Pascal Riondellet et sa compagne Christel Thouroude se sont lancés ensemble dans l’aventure de la permaculture. Photo Ariel Ponsot/EPJT

Manger mieux tout en respectant la nature, c’est possible. Pascal Riondellet, propriétaire du domaine du Vert Buisson, a en effet décidé de se lancer dans une production naturelle : la permaculture. Le principe est simple, une culture écologique, avec un minimum d’intervention.

Ariel PONSOT (texte et photo)

Situées à quelques kilomètres d’Honfleur, les terres du Vert Buisson offrent une palette de couleur automnale dont le pays d’Auge a le secret. L’air est frais et sec. Le sol, à l’inverse, est humide et une paire de botte n’est pas de trop. Combinaison zippée jusqu’au col, cigarette à la main, Pascal Riondellet garde le sourire. Derrière lui, les tractopelles s’activent et déplacent de colossales masses de terres. « Les travaux ont pris du retard, mais c’est un mal pour un bien » confie-t-il. Prendre son temps, laisser les choses se faire, voilà qui résume bien le projet de l’agriculteur.

Quatre étangs, une forêt, deux gîtes, deux ruches et une première serre s’étendent sur ce grand terrain de 10 hectares. La seconde serre est prévue pour bientôt. Le terrain est riche, humide et habité. Truites, grenouilles et crapaud, entre autres, ont en effet élu domicile au sein de ce domaine accueillant.

Depuis mars dernier, Pascal et sa compagne Christel se sont lancés ensemble dans une nouvelle aventure : la permaculture. « A l’origine, c’est sa passion à lui. Moi je l’ai juste suivie » précise-t-elle. Contraction des mots culture et permanente, la permaculture s’inspire de l’écologie naturelle et du fonctionnement traditionnel de la nature. Cette méthode vise une production durable, bio et respectueuse des êtres vivants.

« La permaculture ça donne une impression de bordel. Les gens trouvent ça moche. Moi je trouve ça beau »

La serre, longue d’une quinzaine de mètre, illustre bien le procédé. A première vue, elle apparaît comme abandonnée. Les plantes se développent de façon anarchique et montent parfois à hauteur de hanche. Des tomates poussent par-ci, des courgettes par-là. Une petite mare est même aménagée. « En général, les gens trouvent ça moche. Ça donne une impression de bordel. Moi, c’est ce bordel que je trouve justement beau », explique Pascal en souriant. L’objectif à terme est de créer une vente locale destinée aux locataires des deux gîtes, mais aussi aux curieux désireux d’acheter des fruits et légumes 100 % bios.

Il n’y pas que dans la serre que poussent fruits et légumes. A l’entrée du domaine, non loin des pommiers, des plants de tomates accompagnent quelques salades, petits pois et radis. Plus loin, sur une butte, Pascal expose ses plants de choux de Bruxelles. Près du grand étang, ce sont les framboisiers qui attirent l’attention. En permaculture, on se sert de ce que l’on a. Il faut chercher l’endroit qui convient le mieux à ses plantations. « L’idée, c’est de côtoyer son terrain. Il faut l’écouter, le connaître et le comprendre. On doit ressentir son terrain, mais sans rentrer dans le côté mystique. C’est un travail constant d’observation. Une forêt n’a pas besoin de l’homme pour se développer. Un jardin, c’est la même chose. »

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La serre principale du Vert Buisson. Tomates, courgettes et aubergines poussent à l'état naturel à l'intérieur. Une marre a même été aménagé.

Ainsi, Pascal observe. Il regarde les légumes qui survivent, ceux qui entrent en conflit et ceux qui dépérissent. Car si les tomates ont bien pris, les aubergines, elles, n’ont pas donné satisfaction. La production se fait ainsi naturellement. L’agriculteur intervient le moins possible. Idéalement, on plante et on récolte. « C’est le jardin du feignant ! » plaisante-t-il. Christel fronce les sourcils « Je n’ai jamais aimé cette expression. »

Jardin du feignant ou non, la permaculture permet en tout cas une production naturelle et écologique. « C’est dans l’air du temps, constate Pascal, il y a une envie de plus en plus forte de manger bio. » Besoin qui fait écho à l’envie de s’éloigner des gros producteurs, ceux qui utilisent pesticides et autres produits nocifs. A force de miser sur la quantité, on finit par sacrifier la qualité.

Plutôt que de s’opposer à ce système, Pascal Riondellet a choisi de se battre pour une nouvelle méthode de production. « Les gens ont oublié le vrai goût des fruits et des légumes. Si tout le monde produisait un peu dans son jardin, on mangerait mieux et chacun pourrait s’autosuffire. » Il n’y a plus qu’à sortir les bottes.