La pépinière du Bord de Loire.
A Fondettes, près de Tours, un couple de pépiniéristes prône une culture raisonnée des végétaux en favorisant la vente directe aux consommateurs. Intempéries, pesticides, concurrence des grandes surfaces sont autant de défis qu’ils relèvent pour proposer des produits de qualité.
Par Simon Philippe (texte et photos)
Dans l’ouest de Fondettes, à quelques kilomètres de Tours, s’étend la Pépinière du Bord de Loire. Un domaine de 3 hectares où sont installés depuis 1998 Delphine et Anthony Lozada.
La pépinière offre différents services : de la vente directe au consommateur, de la cueillette, des conseils, de l’installation. Un travail quotidien car les plantes ne s’entretiennent pas toutes seules.
Dans les allées, un total de dix mille pots où poussent les végétaux. Jonathan, un des deux apprentis pépiniéristes, a pour mission de ramasser tous ceux que le vent a couché par terre pendant la nuit. « Celui qui trouvera un système pour les faire résister aux bourrasques a de l’argent à se faire », s’amuse Jonathan en continuant sa tâche.
Des palmiers nains aux oliviers en passant par les figuiers, les espèces ont toutes un point commun : elles ont poussé ici et sont parfaitement adaptées au climat régional. Elles pourront donc, sans problème, garnir les terrasses et les parterres des clients qui les auront choisies.
« Le bio n’existe pas »
Dans la pépinière, le cycle des saisons est respecté pour une vente directe de qualité. En cette période automnale, le fruit phare du moment est la fraise. Mais « la saison des sapins débute aussi », glisse Delphine. Sur une petite parcelle, dans le fond de leur terrain, on trouve une forêt miniature.
« Un sapin s’entretient à peu près sept ans avant de pouvoir être vendu. Les clients viennent choisir celui qui leur plaît le plus. On le coupe et ils repartent avec, explique-t-elle. Il est forcément satisfait et on ne coupe pas d’arbre pour rien. » Le client est donc roi. Et l’absence d’intermédiaire satisfait vendeurs comme acheteurs.
« Le bio n’existe pas », déplore le propriétaire. Le domaine n’est pas certifié du label vert. La raison est simple. Entouré de champs de maraîchers, le domaine est vulnérable aux pesticides voisins. « On ne ment pas », ajoute le propriétaire. Un coup de vent et les plantes de Delphine et Anthony sont touchées par les pesticides. Fongicides et pesticides ne sont pas pour autant tolérés sur ces terres.
Les Lozada ont l’intime conviction que la culturelle naturelle reste la meilleure solution. Toutes les substances chimiques peuvent être remplacées par leurs équivalents naturels, que ce soit des molécules végétales ou des minéraux.
Par exemple, « avec du sel et du vinaigre, on désherbe et on entretient les chemins », explique Anthony. La pépinière s’équipe actuellement d’un système de goutte à goutte. Une stratégie plus économique et plus pratique que l’arrosage automatique classique. « On n’arrose que ce qui en a besoin », assure Anthony.
Dans les années cinquante, il y avait plus de 500 pépiniéristes dans la région. Selon Anthony Lozada, ils ne seraient plus qu’une petite trentaine en 2018. Cela serait principalement dû à l’arrivée des grandes surfaces comme Jardiland.
« Une majorité de leurs plantes viennent de pays comme l’Espagne où elles sont plus faciles à cultiver. Les clients ont du mal à les entretenir, déplore Anthony. En plus, ces grosses entreprises sont beaucoup plus polluantes à cause des trajets effectués par les végétaux. » Alors qu’à Fondettes la plante ne se déplace avant de terminer dans les mains du client. Et cette tradition restera immuable pour Delphine et Anthony Lozada.