Animateurs sur papier glacé

Les animateurs n’hésitent pas à partager des pans de leur vie plus ou moins privée pour entretenir la proximité avec leur communauté de lecteurs. Photo Dorian Gallais/EPJT

Ces dernières années, nous avons assisté à l’émergence d’une nouvelle tendance, celle des magazines dits incarnés. Ces titres construits autour de l’image d’animateurs vedettes de la télévision connaissent des fortunes diverses.

Par Dorian Gallais

Les animateurs sont des grands habitués des couvertures des magazines télé. Mais depuis quelques années, certains d’entre eux ont leurs propres publications. Celles-ci utilisent leur nom, leur image et s’appuient sur leur communauté de fans. Le premier à se lancer dans l’aventure a été le médecin et ancien animateur du « Magazine de la santé » sur France 5, Michel Cymès. Avec son frère, le praticien a mis sur pied Dr. Good en 2017, magazine qui traite des questions de santé et de bien-être. Depuis, le bimestriel rencontre un certain succès. « Aujourd’hui Dr. Good est considéré comme le magazine référence sur la santé devant Top Santé. Michel Cymès est un médecin connu, qui a pignon sur rue, ce qui constitue un aspect sécurisant et un gage de confiance pour les lecteurs », se félicite son rédacteur en chef technique, Jean-François Brosset.

Envieux des résultats de ce nouveau projet éditorial dont chaque numéro se vend aujourd’hui à plus de 175 000 exemplaires, plusieurs autres groupes de presse ont voulu suivre l’exemple. Ainsi, dans les années qui ont suivi, sont nés Au Coeur des régions, le magazine de Jean-Pierre Pernaut, Secrets d’histoire et Mission patrimoine qui mettent en avant Stéphane Bern ou encore S, le magazine de Sophie Davant.

Toucher une communauté

Lancer un magazine qui repose sur l’image d’une personnalité de l’audiovisuel est la garantie de toucher une communauté déjà établie. « C’est difficile d’introduire une marque dans le paysage de la presse. Mais quand vous vous adossez à une personnalité qui est déjà connue, vous avez déjà fait une grosse partie du travail. Cela permet d’avoir une identité qui est déjà comprise par le public. On essaie de coller avec l’image qu’avait Sophie Davant auprès du public, c’est-à-dire quelqu’un d’assez cash, qui vieillit bien. C’est un peu les thématiques du magazine », explique Jérémy Parayre, rédacteur en chef de plusieurs magazines du groupe Prisma Média dont celui de l’ancienne présentatrice d’« Affaire conclue » sur France 2.

Les magazines qui s’appuient sur l’image de Michel Cymes remportent sufisamment de succès pour être déclinés. Capture d’écran.

De même, Au cœur des Régions reprenait les codes du journal de 13 heures de TF1 et son ton très axé sur le terroir et les régions, incarné par Jean-Pierre Pernaut. Le magazine a toutefois été arrêté en 2022 après la mort du présentateur . « Il y a eu par le passé un vedettariat des animateurs télé qui a été vraiment soutenu par les magazines télé. Mais bâtir un magazine autour d’une personnalité, c’est plus récent. On se rend compte que les animateurs télé ne sont plus des personnalités mais des marques. On peut donc les décliner », analyse le sociologue Jamil Dakhlia.

Pari éditorial risqué

C’est dans cette logique qu’en 2021, Faustine Bollaert lance son magazine baptisé Entre nous, référence directe aux émissions confessions qu’elle anime à la télévision comme « Ça commence aujourd’hui ». Un trimestriel porté par le groupe Reworld Media et conçu comme « un prolongement de [s]es émissions », confie la présentatrice au moment du lancement.

Mais tous les titres ne connaissent pas le même succès que celui de Michel Cymès. Celui-ci se décline désormais en quatre magazines : Dr. Good c’est bon!, sur l’alimentation, Dr. Good Véto et Dr. Good Kids! destiné à un public jeunesse. Après à peine un an d’existence, Bienvenue chez vous, le magazine de Stéphane Plaza a été arrêté par Prisma Média, faute de ventes suffisantes. Jeux vous aime, le magazine de jeux de Patrick Sébastien a lui aussi été stoppé par CMI France.

De manière générale, la tendance des magazines incarnés semble s’estomper. La plupart des titres connaissent une baisse de leur diffusion. Preuve que le pari éditorial peut s’avérer risqué puisque la popularité des animateurs est fluctuante. Ou qu’il reste à court terme.