Télé 7 Jours
« Trouver, à chaque fois, un juste équilibre »
Le magazine le plus vendu de la presse de télévision est lui aussi confronté à la baisse de son audience et au vieillissement de son lectorat. Son rédacteur en chef, Jérémy Parayre, explique comment il tente de trouver « le bon mélange » pour maintenir ses chiffres de diffusion.
Recueilli par Dorian Gallais
Pour son numéro du mois de mai 2024, Télé 7 Jours a décidé d’afficher en couverture la chanteuse américaine Taylor Swift, célébrité perçue comme transgénérationnelle.
Au premier semestre 2024, Télé 7 Jours a encore été le premier hebdomadaire le plus vendu en France (hors supplément). Qu’est-ce qui explique ce succès qui ne se dément pas depuis des décennies ?
Vaste question. Je crois que ça tient dans l’ADN de Télé 7 jours. Au-delà de la seule grille télé, nous couvrons un large spectre allant du streaming à la musique. Je dis aussi souvent que Télé 7 jours, c’est trois magazines en un. On a une partie télé mais aussi une large partie consacrée à l’actualité sur laquelle on insiste beaucoup. Enfin une partie art de vivre, féminin. Le tout vendu pour seulement 1,60 euro. C’est très concurrentiel. Aujourd’hui nous comptons environ 520 000 abonnés et cela témoigne que cette adhésion à notre ligne éditoriale ne faiblit pas depuis des années.
Dans un secteur, la presse magazine, très concurrentiel, à quoi êtes-vous attentif quand il s’agit de mettre quelque chose en avant dans vos pages pour vous démarquer ?
Il faut trouver à chaque fois un juste équilibre. Quand on s’occupe d’un titre comme Télé 7 Jours, qui est très populaire et très largement diffusé, avec un public plutôt familial, il faut trouver la bonne jauge entre le côté prescripteur (faire découvrir des choses) et ce que les gens attendent. Être sur des sujets qui concernent, sur des personnalités qui soient très connues aussi. Il faut essayer de faire émerger des choses mais en même temps suivre la tendance. C’est ça le plus gros défi chaque semaine. Notamment pour les couvertures. Pour mettre quelqu’un en couverture, il faut qu’il réunisse plusieurs critères : la popularité et la proximité des gens dans sa manière de se présenter au public. Parce qu’il y a un attachement des lecteurs à ces personnalités et au magazine. Il faut être à l’écoute de ce que nos lecteurs aiment. On fait également la veille des sujets émergents et de ceux qui font beaucoup de bruit. Être attentif aux nouvelles sorties et être attentif à celles qui pourraient plaire au public de Télé 7 Jours.
« Nous allons souvent choisir de mettre en une des personnes très rassurantes comme Faustine Bollaert. Nous savons qu’elle va plaire à un public âgé comme à un public plus jeune »
Le lectorat de Télé 7 Jours reste assez âgé, comme pour les autres titres de la presse télé. Comment essayez-vous d’aller chercher un public plus large et plus jeune ?
Sur l’ensemble de la diffusion, nous avons une moyenne d’âge qui est relativement la même que la presse en
général c’est-à-dire environ 50 ans. Sur la partie abonnés, nous sommes autour de 64 ans. C’est pour ça qu’il faut toujours trouver un juste milieu. Nous avons élargi toute la partie streaming parce que nous savions que c’était quelque chose qui était consommé par les plus jeunes. En tout cas dans les premières années. Aujourd’hui, ça tend un peu plus à se lisser. Mais dans n’importe quelle partie du magazine, nous essayons de trouver le bon mélange. Nous allons souvent choisir de mettre en une des personnes très rassurantes, comme Faustine Bollaert. Nous savons qu’elle va plaire à un public âgé comme à un public plus jeune. Et, parfois, nous tentons des choses comme avec la couverture de mai sur laquelle figure Taylor Swift. Là, nous savons que le phénomène est parvenu jusqu’à des personnes plus âgées et qu’il intéresse des personnes plus jeunes. C’est dans le contenu éditorial que nous essayons de trouver le bon mélange pour rassembler tout le monde et, parfois, prendre des risques pour carrément assumer le fait que nous allons chercher les plus jeunes. Mais augmenter les ventes, ça parait compliqué dans le contexte actuel.
Depuis plusieurs années Télé 7 Jours, comme les autres magazines de la presse télé, perd des abonnés et les ventes baissent. Est-ce que ça vous inquiète ? Quels sont les axes sur lesquels vous travaillez pour tenter d’enrayer cette dynamique ?
Inquiet ? non. Malheureusement nous subissons. Dans le marché de la presse, c’est très compliqué pour tout le monde. La presse télé résiste quand même pas si mal. Le principal défi, c’est travailler au mieux à maintenir cette diffusion. Donc essayer de rester pertinent, proposer de nouvelles rubriques, de nouveaux services. Tout l’enjeu va se retrouver sur le digital. Par rapport à la presse d’actualité, la conversion de nos lecteurs au digital payant est beaucoup plus facile que pour nous. Depuis le début du numérique, le service du programme télé que nous proposons sur notre site est gratuit. Aujourd’hui, passer à des programmes payants, ça n’aurait aucun sens alors que nous avons habitué les gens à les recevoir gratuitement. De plus, nous parlons de divertissement et nous savons qu’un lecteur sera réticent à payer un abonnement sur le digital juste pour avoir des infos de divertissement. Donc il faut sans arrêt que nous travaillons sur la fidélisation sur le digital. L’actualité du divertissement, vous y arrivez par différents moyens mais il faut réussir à fidéliser, à garder les lecteurs sur le site. Peut-être faire en sorte qu’ils s’abonnent, même gratuitement, et trouver, par la suite, d’autres modèles de monétisation. C’est cela aujourd’hui le plus gros défi pour compenser la baisse de la diffusion.