Tours de contrôle

Patrick Sottejeau gère seul l’Observatoire des ondes de Tours depuis 2013. Louis Boulay/EPJT

Tours mène une politique de transparence sur l’impact des ondes et la santé de ses citoyens. Elle s’appuie sur son Observatoire des ondes, unique en France.

Par Eléa CHEVILLARD et Louis BOULAY

Tours est la seule ville de France à réguler l’implantation des antennes relais sur son agglomération. Un contrôle drastique auprès des opérateurs qu’opère l’Observatoire des ondes depuis 2013. Sa création fait suite à un processus entamé en 2003. Une charte « de bonne conduite » a été signée avec les opérateurs pour être informé des implantations prévues par SFR, Bouygues, Free et Orange. Tours est pionnière pour le contrôle de l’impact des ondes sur ses habitants. Chaque métropole française compte une direction des systèmes d’information (DSI), mais les Tourangeaux sont les seuls à dédier une partie de ce service à cet usage.

En 2011, Tours est ville pilote sur la concertation du Grenelle des ondes. Plusieurs problèmes sont soulevés, notamment sur la communication à mettre en place lorsqu’une antenne relais est installée. De nombreuses études ont été réalisées. La municipalité opte pour la transparence et un Observatoire des ondes est inauguré en 2013. Patrick Sottejeau est le directeur adjoint de la DSI de la métropole. Il gère seul l’Observatoire des ondes depuis sa création. Sur le terrain d’abord où la collaboration avec les opérateurs est primordiale. Ainsi, une campagne de mesure autour des 140 écoles de l’agglomération a eu lieu pour quantifier les champs électromagnétiques.

Ensuite, la politique de transparence se poursuit sur chaque nouveau site d’implantation, avec des réunions d’information publiques dans un rayon de 300 mètres pour informer la population. Elle permet notamment d’éviter l’implantation d’une antenne relais sans permis de construire ou demande spécifique auprès des services de l’urbanisme. Les greniers et les lieux inconnus de la municipalité sont alors des endroits potentiellement nocifs.

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Sur le toit de la mairie de tours, Patrick Sottejeau montre l'étendue de son travail.

Louis Boulay / EPJT

L’Observatoire se décline sous différentes formes. Une cartographie consultable sur le site internet de la mairie recense l’ensemble des antennes. Patrick Sottejeau l’actualise régulièrement et veille à donner le plus d’informations possible aux habitants. Tous les immeubles ont été photographiés et les fausses cheminées qui contiennent les antennes mises en évidence. Pour chacune d’entre elles, la direction dans laquelle elles émettent est indiquée. Une antenne n’émet pas de manière omnidirectionnelle mais de façon focalisée, comme une torche, une caractéristique aussi importante que méconnue. 

 

Ce manque de connaissance et d’information sur le sujet des ondes est le plus gros obstacle au travail de l’Observatoire au quotidien : « On peut se retrouver en face d’une antenne mais si le faisceau n’est pas dirigé vers nous, cela n’a aucun impact », explique Patrick Sottejeau. Il arpente donc les rues de Tours quotidiennement, muni d’une sonde globale qui mesure le champ électromagnétique. Il se rend gratuitement chez les habitants désireux de connaître leur taux d’exposition aux ondes et constate, à chaque fois, des incompréhensions.

Le wi-fi décrié mais méconnu des utilisateurs

L’avantage de faire des mesures à domicile est de montrer aux habitants que les principales sources se trouvent en réalité chez eux. Ces foyers nocifs vont de la base du téléphone sans fil à la box internet, en passant par le baby phone. A ces occasions, il se rend compte de son rôle de pédagogue et dissipe les idées reçues de citoyens mal informés sur les sources d’émission chez eux. Il insiste notamment sur le cas du wi-fi, très décrié puisqu’il possède la même longueur d’ondes qu’un micro-ondes. Cependant, la puissance électrique du générateur n’est pas la même. Et il s’agit là de la différence majeure. En fonction de cette puissance électrique, le signal va plus ou moins loin. Il suffit de s’éloigner de 3 mètres de sa source pour être hors d’atteinte.

Patrick Sottejeau est fier de montrer l’étendue de son travail depuis plus de cinq ans. Une fois perché au sommet de la mairie de Tours, celui-ci prend tout son sens. La ville n’est pas saturée d’antennes. Grâce au travail de l’Observatoire des ondes, Tours est pris en exemple. De nombreuses municipalités le consultent. Il délivre alors des conseils avisés, en espérant être suivi par d’autres métropoles le plus rapidement possible. Pour que tout le monde soit sur la même longueur d’onde.

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