Pigistes

Espèce en voie d’extinction
Photo Nathanael Charbonnier/News Pictures

Entre crise de la presse et employeurs peu scrupuleux, les journalistes sont de plus en plus nombreux à exercer sans carte de presse. Enquête sur une profession fragilisée.

Par Alice KACHANER

Avec toute cette paperasse administrative, Alexandre a du mal à s’y retrouver. Il y a le classeur bleu pour les piges et le rouge pour ses autres collaborations : « J’essaye d’être rigoureux dans ma comptabilité, mais je suis sûr que j’ai déjà dû payer des charges salariales en double », se plaint le trentenaire. Auteur, micro-entrepreneur, pigiste, Alexandre a toutes les casquettes, sauf celle de journaliste professionnel. Pourtant, il est diplômé d’une école de journalisme et son activité professionnelle consiste à rédiger des articles pour différents employeurs reconnus comme agences ou entreprises de presse. Il effectue un travail journalistique : chercher de l’info, la vérifier, la contextualiser, la synthétiser. Il en vit assez pour se dégager un SMIC par mois. « Je ne peux même pas changer de métier, je ne sais faire que ça », ironise-t-il, un brin résigné.

 

Comme beaucoup, Alexandre fait partie de ce que Jean-Marie Charon, sociologue des médias, appelle la « zone grise ». Cette zone rassemble la part cachée des personnes effectuant un travail journalistique mais qui pour autant, ne bénéficient pas du statut de journaliste ni de la convention collective qui y est attachée. En dehors des chiffres, en dehors des statistiques, Alexandre n’est pas comptabilisé parmi les 35 047 journalistes professionnels disposant de la carte de presse en 2017. Carte qu’on obtient uniquement en justifiant que plus de 50 % de ses revenus proviennent du métier de journaliste.
La précarité chez les journalistes est passée de 22,7 % à 26,2 % entre 2006 et 2017 (chiffres CCIPJ). Photo Nathanael Charbonnier/News Pictures
L’étendue de cette zone grise est difficile à déterminer du fait de la variété des profils. Alors que la mutuelle du secteur, Audiens, recense 19 067 pigistes, la Commission de la carte d’identité des journalistes professionnels (CCIJP) n’en compte que 7 745 pour l’année 2017, soit un écart de plus de 11 000 personnes. Qu’ils travaillent dans la presse écrite, le Web ou l’audiovisuel, les journalistes peuvent désormais être payés comme auteurs, auto-entrepreneurs, intermittents… Tantôt considérés comme « rédacteur d’information », tantôt comme « content manager », à chaque employeur son appellation. Impossible donc pour les organismes dont relèvent ces journalistes non encartés de fournir des données statistiques fiables.

 

Illustration Schvartz
Chiffres précis ou pas, les organisations syndicales ont le pris le poids de cette dérive. D’autant que l’érosion du nombre de cartes de presse en France se poursuit (– 6 % depuis 2009). Le contournement du statut de journaliste est donc au cœur de leur campagne de 2018 pour le renouvellement du collège journalistes de la CCIJP. « Quand un employeur recrute un journaliste en tant qu’auto-entrepreneur ou auteur, c’est une attaque très violente contre notre profession, à terme cela peut la mettre en danger », alerte Claude Cécile, secrétaire général au Syndicat national des journalistes (SNJ).

 

Le collectif Stop auto-entrepreneuriat a été crée en 2016 par le syndicat pour lutter contre cette dérive. Depuis, le téléphone sonne tous les jours pour signaler des abus et, selon Claude Cécile, ils sont de plus en plus nombreux : « Les journalistes nous appellent majoritairement quand leur collaboration cesse. C’est là seulement qu’ils se rendent compte de la catastrophe : aucune couverture sociale ni indemnités de licenciement, ni droit au chômage, ni cotisations à la retraite. » Le SNJ riposte en envoyant un courrier type aux employeurs : « Nous leur rappelons le code du travail et les condamnations encourues. Nous leur laissons un mois pour rentrer dans les clous, après quoi nous alertons l’Urssaf et l’inspection du travail. »

Salariat déguisé

Car la loi Cressard qui date de 1974 est très claire à ce sujet, un journaliste est présumé salarié dès lors qu’il travaille pour une entreprise de presse qu’il soit mensualisé ou non. Autrement dit, un journaliste est par définition salarié et un employeur qui recrute un journaliste en tant qu’auto-entrepreneur ou un autre statut peut encourir jusqu’à trois ans d’emprisonnement et une amende de 45 000 euros pour délit de travail dissimulé. « Il faut pouvoir prouver le lien de subordination entre les deux acteurs. Quand le journaliste répond à des horaires, des instructions précises, un calibrage, un angle et est contraint d’accepter le tarif des commanditaires, on peut considérer qu’il s’agit de salariat », argumente Claude Cécile. Le Figaro a ainsi été condamné par la Cour de cassation en avril 2017 pour travail dissimulé pour l’emploi de 15 contributeurs de son site Evene. Une première pour une entreprise de presse.

Malgré ces sanctions, de nombreuses sociétés continuent d’imposer à leurs rédacteurs le statut d’auteur ou d’auto-entrepreneur. Laurent, journaliste pour un magazine spécialisé dans la santé, raconte que c’est au bout d’un an de piges que l’entreprise l’a incité à créer son statut d’auteur auprès de l’Agessa (Association pour la gestion de la Sécurité sociale des auteurs) : « Mon rédacteur en chef m’a dit : “ On a des problèmes budgétaires, soit on diminue le tarif de tes piges, soit on te paye en droits d’auteurs. ” Je n’avais pas le choix. »

 

Illustration Schvartz
Car en contournant le salariat, l’employeur réalise des économies conséquentes. Pas ou peu de charges salariales, pas de prime d’ancienneté ni de congés payés… Par exemple: une pige de 100 euros brut coûtera en réalité 159 euros à une entreprise de presse en règle. Mais si cette pige est payée en droits d’auteurs, elle ne lui coûtera que 111 euros. Enfin, si le statut d’auto-entrepreneur est imposé, c’est le journaliste seul qui assume les cotisations patronales à reverser à l’Urssaf : coût de la pige pour le journal 100 euros. C’est pourquoi, le SNJ milite pour que les sociétés frauduleuses inscrites au registre de la CPPAP (Commission paritaire des publications et agences de presse) ne bénéficient plus des aides de l’État à la presse.

Les caisses sont vides

Reflet d’un secteur en crise, les entreprises peinent à séduire les annonceurs. Les recettes publicitaires générées par la presse écrite papier se sont encore effondrées de 7,4 % entre 2016 et 2017. Les revenus étant désormais captés par les géants du web, Google et Facebook. Selon Nathalie Laville, en charge du recrutement des rédacteurs d’un tout jeune magazine, Les Français de l’étranger, les entreprises n’ont plus le choix : « C’est très désagréable pour moi de proposer à un journaliste d’être payé à la facture, mais les petites structures n’ont pas les moyens de se payer des rédacteurs salariés. Sans allègements des cotisations, le magazine ne pourrait pas exister. »

 

Les recettes publicitaires de la presse magazine représentent 730 millions d’euros en 2017. Soit une chute de 11,4 % en un an. Photo : LC

Le contournement du statut a lieu également dans des journaux bien installés. En PQR, il est fréquent que les employeurs entretiennent le flou quant aux tâches dévolues aux correspondants locaux de presse (CLP). Un statut distinct du journaliste, car l’activité de CLP ne peut en aucun cas être une activité professionnelle principale. « A Nice-Matin, de nombreux départs à la retraite ne sont pas remplacés. Pour l’entreprise, c’est tentant de faire glisser des correspondants sur des postes de professionnels », relate Rodolphe Peté, délégué du personnel du groupe de presse azuréen. Ainsi peut-on croiser Bastien quotidiennement à la rédaction d’Antibes, où il écrit et met en page ses articles à son bureau. Il est en charge de l’intégralité des pages sport mais est auto-entrepreneur.

 

A la fin de ses études à l’Ecole de journalisme de Nice, il a dû créer une société pour pouvoir facturer son travail. « Plus je bosse et plus je gagne, c’est ça qui est stimulant. Les bons mois je peux toucher jusqu’à 2 300 euros et les mois creux, en été, c’est plutôt autour de 600 euros. C’est une bonne situation quand on commence dans ce métier », s’enthousiasme-t-il, peu au fait de ses droits. « Un journaliste doit être conscient de ses qualités, de sa force, et doit exiger d’être rémunéré en pige. C’est important pour défendre la profession. Sans quoi, une sous-catégorie de journalistes risque de se développer », met en garde Claude Cordier, président de la commission de la carte de presse.

Concurrence déloyale

Une vision partagée par Eglantine, pigiste par choix. « Cela peut paraître narcissique, mais j’ai fait cinq ans d’études. Je tiens à mon statut. N’importe qui peut créer une micro-entreprise », justifie la jeune femme qui refuse systématiquement toute collaboration en dehors de la convention collective. Le contournement du statut entraîne indirectement une concurrence entre les entreprises, celles qui respectent le Code du travail et celles qui l’enfreignent mais aussi une concurrence entre journalistes. Les organisations syndicales constatent une diminution du volume de piges, « une conséquence indirecte de la rémunération à la facture », analyse Lucie Tourette, co-présidente de l’association Profession pigiste.

« Il ne faut pas lancer la pierre aux journalistes qui acceptent ces conditions de travail, ils ne sont pas responsables de cette dérive », ajoute-t-elle. Sandrine Chesnel, l’administratrice du groupe de parole de l’association sur Facebook conseille régulièrement les pigistes qui commencent leur carrière. « Pour beaucoup, la carte de presse ne sert à rien. Les jeunes générations méconnaissent leurs droits », constate-t-elle en s’interrogeant sur la responsabilité des écoles de journalisme.

 

Déontologie en danger

Et pourtant la carte de presse est inhérente au statut même de journaliste professionnel. « Les intérêts moraux y vont de pair avec les intérêts matériels » déclarait en 1935, Emile Brachard, le rapporteur de la loi définissant le métier de journaliste. Conscient à l’époque, qu’un journaliste précaire pouvait être plus influençable. « Un auto-entrepreneur ne peut pas invoquer la protection des sources ni refuser de rédiger des publi-reportages », s’inquiète Claude Cécile du SNJ. Le mouvement de paupérisation des journalistes a des conséquences sur la qualité de l’information produite et son indépendance. Un phénomène qui s’accentue avec l’évolution du paysage médiatique où la tendance est à la concentration des différents médias aux mains de quelques financiers.

 

La carte de presse a été créée en 1935 pour donner un statut professionnel aux journalistes. Elle n’est toutefois pas obligatoire pour exercer le métier. Photo LC
Le rachat en 2014 de dix magazines appartenant à Lagardère par le groupe digital, Reworld Média, en est un exemple frappant. Son P-DG, Pascal Chevalier, revendique d’ailleurs ne pas être à la tête d’un groupe de presse. En acquérant, entre autres, Auto-Moto, Be, Gourmand, Maison&Travaux, son objectif n’est pas de remettre des rédactions à flot mais de créer des « marques médias », c’est-à-dire des supports attractifs pour le brand content (contenu de marque) ou le native advertising (publicité native). Un modèle économique qui repose sur le développement de bases de données personnelles et la vente d’espaces publicitaires intégrés. « Pour vendre un nouveau modèle de voiture, un article d’Auto-Moto apporte plus de crédibilité qu’une page de publicité », explique Pascal Chevalier lors d’un entretien accordé au Journal du Net.

Une seule carte de presse dans la rédaction

Il poursuit en ajoutant : « Les journalistes ont cette capacité à raconter une histoire autour d’un produit. » Le bilan social pour les rédactions : un désastre. Jean Didier, rédacteur en chef de Maison&Travaux au moment du rachat, a vu ses équipes et son budget fondre comme neige au soleil. « Nous n’avons plus eu recours qu’à des journalistes qui facturaient leurs services. L’objectif était de faire des économies sur les frais éditoriaux », se souvient-il. Les rédactions ont peu à peu été vidées de leurs journalistes et les contenus externalisés auprès d’agences de presse et de communication.

 

Illustration Diego Aranega pour Stratégies
Laurence Vély, ancienne rédactrice en chef de Marie France, n’a tenu qu’un an et demi à son poste : « Ils sont parvenus à retirer toute l’âme du magazine. » A la tête d’une équipe de dix « chargés de contenus », des petites mains du web qui écrivent des articles à la chaîne pour alimenter le site du magazine, la rédactrice en chef était la seule personne de l’open space à disposer d’une carte de presse âprement négociée. Pour la version imprimée du magazine, son rôle consistait à jouer l’interface entre les annonceurs et une agence de presse à qui est confiée la rédaction des articles : « Je n’avais aucune prise sur le circuit de la copie ni sur le recrutement des rédacteurs. Ce qui les intéresse, c’est de concevoir un support pour vendre de la pub. Ils ne portent vraiment les journalistes dans leur cœur… », se souvient-elle encore amère, même si elle concède que cette évolution est inéluctable.

Pour Patrick Eveno, historien, les médias n’ont pas d’autre choix que de revoir leur modèle économique : « Les syndicats refusent de voir que le monde change. Le statut de journaliste est complètement exorbitant et obsolète. Il aurait dû évoluer il y a dix ans. » Le système de sous-traitance risque encore de se développer. Reworld Média est actuellement en bonne position pour racheter le groupe Mondadori (propriétaire de Grazia, Closer et Science&Vie).

Pendant ce temps, Laurence Vély a décidé de prendre un nouveau départ après l’une des expériences les plus difficiles de sa carrière. Elle vient de créer Déviations, un média en ligne où témoignent des hommes et des femmes qui braquent leur volant pour se réorienter. Des quêtes de sens, des changements de vie radicaux pour se recentrer sur l’essentiel. Beaucoup deviennent prof de yoga ou exercent une activité en lien avec la nature. Vous ne serez pas étonné d’apprendre que parmi eux, elle a rencontré beaucoup de journalistes.

« Peu d’entreprises de presse respectent
le code du travail »

Le statut des journalistes est fragilisé par les successives réformes du Code du travail. Rencontre avec Me Ilic, avocat spécialisé dans le droit du travail.

Zoran Ilic collabore régulièrement avec le SNJ pour faire valoir les droits des journalistes. L’une de ses dernières victoires au pénal : la condamnation du groupe Le Figaro pour travail dissimulé d’une quinzaine de collaborateurs du site Evene.

Les entreprises de presse ont-elles toujours contourné le statut de journaliste ?

Zoran Ilic. Elles font preuve d’une imagination assez importante pour contourner ce statut. Ce qui était très répandu dans les années quatre-vingt-dix, c’était de proposer aux journalistes des piges sans pour autant appliquer la convention collective. Les entreprises mettaient fin à une collaboration sans préavis, ne versaient pas de prime d’ancienneté etc.

 

En février 2008, les journalistes de Prisma sont en grève pour obtenir des augmentations. Depuis le début des années deux mille, dans les rédactions, les salaires sont quasi gelés alors que le nombre d’heures de travail est en hausse et celui des pigistes en forte baisse. Photo L. C.
Le groupe Prisma presse (aujourdhui Prisma Media, NDLR) était champion toute catégorie. A ce moment-là, on a bataillé pour montrer que les pigistes étaient des journalistes comme les autres. Jusqu’au début des années deux mille, il y a eu une progression des droits attribués aux salariés rémunérés à la pige, aux journalistes précaires. Une distinction a alors été établie entre les pigistes occasionnels et les pigistes qui bénéficiaient d’une collaboration régulière et permanente. Mais depuis quelques années, j’observe un mouvement de déclin qui vient de plus en plus rogner les droits de ces mêmes journalistes. L’arrêt dit « Bayard » de 2009 en est une belle illustration.

 

C’est-à-dire ?

Z. I. Cet arrêt stipule que l’employeur n’est pas tenu de fournir au pigiste un volume constant de travail. Cela signifie que le nombre de piges d’un journaliste peut désormais varier de 35 % à la baisse sans que l’entreprise de presse ne soit inquiétée. Par exemple, si un journaliste justifie d’une rémunération de 20 000 euros par an et que, du jour au lendemain, son employeur réduit son volume de piges pour ne percevoir plus que 14 000 euros, désormais, la Cour de cassation dit « passez votre chemin, il n’y a rien à voir ».

Comment expliquez-vous ce retour en arrière ?

Z. I. Le déclin des droits des salariés est un mouvement global. Plusieurs lois ont grignoté petit à petit les droits acquis par les salariés de tous les secteurs et, par conséquent, cela touche les journalistes. Je pense à la loi Rebsamen, à la loi El Khomri et dernièrement aux ordonnances Macron. Ces évolutions législatives ont été accompagnées par les magistrats de la Cour de cassation qui, arrêt après arrêt, sont revenus sur la jurisprudence qui existait. Depuis que Jean-Yves Frouin a pris la tête de la chambre sociale de la Cour des cassation en 2014, notre justice sociale est plus clémente à l’égard des entreprises.

Cette rupture n’a-t-elle pas créé un fossé générationnel entre journalistes ?

Z. I. Oui, c’est évident. Avant les années deux mille, les journalistes recrutés avaient de bonnes chances d’être intégrés en CDI, avec application de tous les droits de la convention. Aujourd’hui, je connais très peu de journalistes qui bénéficient d’un contrat de travail lorsqu’ils commencent leur carrière. Au mieux, on leur propose des piges, mais souvent on leur propose de s’affilier à l’Agessa ou de monter une micro-entreprise. Actuellement, être journaliste est un véritable sacerdoce. Peu d’entreprises de presse respectent le code du travail.

La création en 2009 du statut d’auto-entrepreneur représente-t-elle une menace supplémentaire pour les journalistes ?

Z. I. Tant que les journalistes arrivent à vivre de ce statut – et certains parviennent à en vivre bien – ils ne vont pas engager une procédure pour requalifier leur relation de travail. C’est uniquement lorsque la collaboration cesse qu’ils prennent conscience de la catastrophe. Par ailleurs, le SNJ a mené une campagne de sensibilisation en 2016 qui semble avoir porté ses fruits. Pour le moment, je n’observe pas une recrudescence des litiges autour de ce statut, mais cela viendra sans doute plus tard…

 

L’article L. 7112-1 du Code du travail stipule que tout journaliste professionnel exerçant son métier dans une entreprise de presse est présumé salarié. Photo N. Charbonnier/News Pictures
Y a-t-il plus d’abus dans les médias en ligne que dans les médias traditionnels ?

Z. I. Oui, assurément. Les nouvelles technologies sont rarement synonymes de nouvelles méthodes de management. Ces médias cherchent à réaliser des économies à tous les niveaux. La rémunération des salariés suit logiquement ce même principe. Les coûts sont rationalisés au maximum. C’est pourquoi les journalistes, quand ils sont payés, sont le plus souvent rémunérés en droits d’auteurs, honoraires… Les médias traditionnels contournent eux aussi la convention collective des journalistes. Je défends beaucoup de dossiers de journalistes employés en CDD d’usage dans l’audiovisuel public. Les jeunes multiplient les contrats courts pendant des années et un beau jour on leur dit : « Merci, au revoir ». Je peux également vous citer le cas de photographes qui travaillaient à la pige depuis vingt-cinq ans pour l’AFP. Ils étaient missionné du jour au lendemain. Ils servaient de bouche-trous sur les tableaux de service. Ils remplaçaient au pied levé des salariés en CDI mais n’avaient droit à rien : pas de salaire fixe, pas de congés… Nous avons poursuivi l’entreprise et ils ont obtenu gain de cause.

Dans quel état d’esprit vos clients poussent-ils la porte de votre cabinet ?

Z. I. Il y a deux cas. D’un côté, il y a ceux qui sont encore en activité mais qui viennent s’informer car la situation leur est désavantageuse. Ils sont encore indécis et ne savent pas s’ils vont poursuivre en justice leur entreprise. Et puis, de l’autre côté, il y a ceux dont le contrat a été rompu. Ceux-là sont désespérés mais déterminés à agir car ils n’ont plus rien à perdre. En revanche, après la procédure, nombreux sont ceux qui sont dégoutés par la presse et changent d’orientation.

Alice Kachaner

@AKachaner
30 ans
Année spéciale à l’EPJT
J’aime la radio, la presse écrite et la photo.
Passée par Radio France, Nice Matin et le service éco du Figaro.
Passion cachée pour les faits divers, le thé vert et la gym suédoise.

 

Remerciements

Au photographe Nathanael Charbonnier pour le prêt des photographies de manifestations qui illustrent cette enquête.

Egalement aux illustrateurs Schvartz, Diego Aranega et Jerc pour nous avoir autorisés à utiliser leurs dessins.

Vous pouvez retrouver les dessins
– de schvartz sur son blog
– Diego Aranega sur sa page Facebook
– de Jerc également sur sa page Facebook, voire acquérir son recueil contenant une compilation des 40 dessins de la saison 2017-2018, toujours via sa page FB

Pour aller plus loin

Ouvrages

  • Sauvons les médias, Julia Cagé éditions Le Seuil, 2015
  • Les Médias sont-ils sous influence ? Patrick Eveno, éditions Larousse 2008
  • Journalistes précaires, journalistes au quotidien, Alain Accardo, réédition Agone 2007

Ressources web

*Données chiffrées
*Syndicats

Sites de la SNJ, SNJ-CGT, CFDT et fils Twitter de représentants syndicaux

*Législation
*Documentation