Une histoire sans fin
Par Martin Esposito, Maxime Taldir et Manon Vautier-Chollet
Photos : Manon Vautier-Chollet/EPJT
L’AGO est d’abord censé désenclaver l’actuel aéroport de Nantes-Atlantique et doubler la capacité d’accueil des touristes (de 3 à 6 millions d’ici quinze ans). Ce qui permettrait de créer un point d’ancrage touristique et économique et de favoriser les emplois autour de la zone.
L’idée d’un hub aérien n’est pas nouvelle. Elle a même plus d’un demi-siècle. En 1963, l’aéroport de Nantes-Atlantique a besoin d’agrandir ses pistes pour pouvoir, à terme, accueillir le Concorde. Après réflexion, le choix est fait de construire une nouvelle structure. La zone choisie, situé à une trentaine de kilomètres en voiture de Nantes, est celle de Notre-Dame-des-Landes. Avec ses 1 650 hectares de terres agricoles, elle répond parfaitement aux critères exigés. L’étude d’une plateforme multimodale est donc mise en route.
Mais dès les prémices du projet, des mouvements d’opposition se forment et des actions se mettent en place. Le 16 novembre 1969, le ministre de l’Éducation nationale, Olivier Guichard, est pris en otage dans une ferme de Loire-Atlantique pendant quarante-cinq minutes par des opposants au projet.
Valoriser la dimension internationale de l’ouest Atlantique
Trois ans plus tard, la création de l’Association des exploitants concernés parle projet d’aéroport (Adéca) affirme davantage cette opposition. Les avions auraient dû commencer à décoller en 1985. Mais le projet est mis entre parenthèses au début des années quatre-vingt. L’aéroport de Nantes-Atlantique est alors réaménagé (nouvelles tours de contrôle et agrandissement de l’aérogare) pour faire face à l’augmentation des flux de voyageurs.
On peut alors penser que le projet de Notre-Dame-des-Landes est enterré. Mais à l’arrivée du nouveau millénaires, nouveau changement de cap. En octobre 2000, le Premier ministre, Lionel Jospin, voit dans le projet la nécessité de « valoriser la dimension internationale et européenne des échanges de l’ouest Atlantique ». Notre-Dame-des-Landes est considéré par le gouvernement comme « the place to be » pour le projet du futur aéroport qui devra, cette fois, remplacer Nantes-Atlantique pour les vols commerciaux jugé trop petit à terme .
L’année 2000 voit également la naissance de l’Association citoyenne intercommunale des populations concernées par le projet d’aéroport (Acipa). L’Aéroport du Grand Ouest se dessine pendant que ses opposants s’organisent. En 2006, une première fresque humaine contre le projet est effectuée par cinq mille personnes.
En 2008, suite à la déclaration d’utilité publique, la zone d’aménagement différé devient une zone à défendre (ZAD). Notre-Dame-des-Landes voit ses terres occupées par des anti-aéroport. Car si le futur AGO est une évidence pour certains, il reste « d’inutilité publique » pour d’autres. Soutiens comme détracteurs sont mobilisés et n’en démordent pas.