Le bonheur est
dans la chèvre
En cette période de crise agricole généralisée, une filière semble tirer son épingle du jeu : l’élevage de chèvres. S’il a connu une crise en 2009, le secteur est aujourd’hui bien portant, en particulier dans le Grand Ouest de la France. La raison de cette exception caprine : une production adaptée à la consommation, en constante progression.
« On appelle cela le “taxi à lait” », sourit Stéphane Chartier, en poussant une petite carriole transportant un bidon de lait encore fumant. Il est 6 heures du matin. L’éleveur se charge de nourrir les chevreaux dans le bâtiment de la ferme de Channay-sur-Lathan qu’il exploite avec Sandrine, sa conjointe, en Indre-et-Loire. Sandrine trait les 150 chèvres que compte leur groupement agricole d’exploitation en commun (Gaec), créé en 2005. Vingt-cinq animaux se tiennent de part et d’autre de l’allée centrale et attendent chacun de donner, chacun leur tour, leurs 2 litres de lait. Quand vient le tour des jeunes chèvres, l’exercice s’avère plus mouvementé. Elles sont agitées car pas encore rodées.
Cette routine matinale n’a pas été bouleversée, ces dernières semaines, par les manifestations des agriculteurs : nos deux chevriers ne sont pas concernés par la crise. Cette dernière touche principalement les éleveurs de porc et les producteurs de lait de vache. Ils expriment leur colère depuis quelques mois, à grand coup d’actions symboliques. De l’avis général, c’est la crise la plus grave que connaissent ces agriculteurs depuis des décennies. Elle a poussé mi-mars la Commission européenne à envisager le retour des quotas laitiers qu’elle avait supprimés en 2015.
Après une période difficile, et malgré des fragilités, la filière caprine semble faire exception dans le paysage de l’économie agricole française. Elle se porte aujourd’hui bien mieux que sa cousine bovine. C’est particulièrement vrai dans le Grand Ouest : deux tiers de la production laitière caprine française provient des régions Centre-Val de Loire, Poitou-Charentes et Pays de la Loire.
