Accoucher comme à la maison
Une chambre spacieuse, un lit douillet et une sage-femme présente mais discrète : et s’il n’y avait au fond pas besoin de plus pour donner la vie ? C’est en tout cas ce que proposent les maisons de naissance. Gérées uniquement par des sages-femmes, ces structures permettent aux mères d’accoucher de la manière la plus naturelle possible. Elles sont expérimentées depuis le début de l’année en France. Mais entre l’opposition de certains médecins et le blocage des assureurs, le projet connaît des complications.
Hôpital Trousseau, 12e arrondissement de Paris. Quelques femmes aux ventres bien arrondis discutent près de la maternité. Mais ce n’est pas là qu’elles se rendent. Elles se dirigent en fait vers un local attenant. Depuis 2007, la maternité des Bluets a confié une partie du bâtiment à plusieurs sages-femmes pour y créer une maison de naissance. Les futures mères peuvent accoucher dans l’une des deux chambres, sans péridurale ni médecin. Ces pièces, avec leurs teintes apaisantes, leurs grands lits et leurs baignoires d’angle, se veulent réconfortantes. Quand les contractions se rapprochent, c’est ici qu’elles viennent, avec leurs propres draps. Pour se « sentir comme à la maison », indique Marjolaine Cordier, une des sages-femmes.
« Comme à la maison », ou Calm, c’est justement le nom de cet établissement. Il fait partie des onze structures candidates à l’expérimentation des maisons de naissance, un projet instauré par le décret du 1er août 2015 et qui a débuté il y a quelques semaines. Neuf d’entre elles ont finalement été retenues par le gouvernement.
Une seule règle : enlever ses chaussures
« L’accouchement est un acte intime avant d’être un acte médical, explique Margaux, une maman. En maison de naissance, la douleur que l’on ressent nous guide pour donner naissance à notre enfant et nous sommes accompagnées par des sages-femmes qui nous connaissent bien. » Pas de panique toutefois : une maman qui en fait la demande peut tout de même bénéficier de la péridurale à tout moment si la douleur est trop forte. Chaque femme a d’ailleurs un rendez-vous avec l’anesthésiste de la maternité attenante avant son accouchement.
Au Calm, les sages-femmes ne portent pas de blouse et la seule règle du lieu est d’enlever ses chaussures. Du hall d’entrée à la cuisine en passant par le salon et les chambres, on est comme dans une petite maison. Depuis la terrasse, les membres de l’association peuvent cependant observer le va-et-vient des blouses blanches de l’hôpital Trousseau. Le bâtiment héberge une maternité de type 1, pouvant accueillir des grossesses avec des pathologies qui ne nécessitent pas d’intervention lourde.
À sa création, le Calm réalisait une trentaine de suivis par an. Aujourd’hui, ce sont plus de 120 mamans qui sont accompagnées chaque année. « Et nous espérons que ce chiffre montera à 200 durant l’expérimentation », ajoute Marjolaine Cordier. Mais toutes les mamans ne peuvent pas accoucher dans ce type de structures. Rocio est enceinte de son deuxième enfant et vient souvent au Calm pour suivre des cours de yoga. « J’aurais aimé accoucher de manière plus naturelle. Mais après une première naissance avec césarienne, je ne pourrai pas », regrette-t-elle.