À l’école des pros
Bientôt l’heure des conseils de classe pour les élèves de 3e et les vœux d’orientation : bac général, technologique ou professionnel ? Ce dernier est souvent critiqué dans les médias, par les parents, les professeurs et les élèves : « Voie de garage, formation poubelle… » Pourtant la réalité ne correspond pas toujours à cette image et certaines filières sélectives sont un plus pour le CV.
Immersion dans un univers en manque de reconnaissance.
Tours, un lundi matin de janvier. Devant le lycée Albert-Bayet, les élèves se pressent pour entrer, sous le regard des surveillants. Situé en bord de Loire, le lycée des métiers prépare aux professions de la cuisine, de la carrosserie ou encore de la logistique. Tandis que certains lycéens rejoignent leurs classes pour leurs cours théoriques, d’autres s’en vont en atelier pour la pratique.
C’est le cas de Lucas, 18 ans, apprenti en seconde industries graphiques, spécialité prépresse (c’est-à-dire le travail de mise en page précédant une impression). Le jeune homme à la barbe naissante et aux cheveux attachés en catogan se dirige vers l’aile consacrée à sa spécialité. Des élèves allument les imprimantes monochromes pendant que Lucas et ses camarades s’installent devant leur ordinateur. Ils ouvrent les logiciels de montage et reprennent leur travail là où ils s’étaient arrêté la dernière fois. Autour d’eux sont exposées certaines de leurs réalisations : affiches, flyers ou stickers, tous créés par leurs soins.
L’année dernière, Lucas était en terminale littéraire, un univers bien loin des activités pratiques et créatives. Insatisfait, il échouait au baccalauréat et décidait de reprendre en seconde professionnelle à la rentrée 2016. Pour lui, ce moment en atelier, c’est son plaisir de la semaine.

Aude Sioul-Tidas/EPJT
« Quand j’étais en terminale, j’avais des bulletins très mauvais, une moyenne de 6 ou 7, confesse le jeune homme. Ce n’était pas à cause de la difficulté mais parce que je ne mettais aucune bonne volonté dans mon travail. Je ne me voyais pas rester assis sur une chaise toute la journée pendant plusieurs années encore. En fait, j’aurais dû aller en lycée professionnel dès le départ mais je m’en suis rendu compte un peu tard. Aujourd’hui, j’ai 14 de moyenne, je suis plus proche du monde de l’entreprise et je m’éclate dans ce que je fais », conclut Lucas, les yeux rieurs.
Cette vision de la voie professionnelle peut sembler étonnante tant cette filière est critiquée. Pourtant, Lucas est loin d’être un cas isolé. Comme lui, chaque année, de nombreux élèves trouvent leur voie dans le professionnel, une formation courte et pratique qui les prépare directement au monde du travail. A leurs yeux, bac pro et réussite ne sont pas incompatibles.