Dans la presse nationale française, la relecture des interviews est
devenue pour les personnalitĂ©s politiques une assurance et un moyen de maĂźtriser leurs propos. Pour que la communication ne prenne pas le pas sur lâinformation, les rĂ©dactions limitent la pratique.
Par Romain Pichon
Un rapport de force se met alors en place. Si le journaliste estime quâil y a trop de modifications par rapport Ă ce qui a Ă©tĂ© envoyĂ©, il sâappuie sur lâenregistrement audio de lâentretien et demande Ă rĂ©tablir les phrases qui ont bien Ă©tĂ© prononcĂ©es. Le travail journalistique est soumis Ă une nĂ©gociation. «âUn Ă©change musclĂ© oĂč gĂ©nĂ©ralement ça se passe bien », commente Dominique Seux.

En effet, sur les sujets qui font lâactualitĂ©, la relecture se fait directement Ă Matignon ou Ă lâElysĂ©e. Ainsi, lâinterview de la ministre des Transports, le contexte de la grĂšve Ă la SNCF entraĂźne plusieurs relectures et les propos dâElisabeth Borne ne sont plus reconnaissables.
Câest loin dâĂȘtre la premiĂšre fois.
Le magazine Society a vĂ©cu une mĂ©saventure similaire. Et nâa pas cĂ©dĂ©. En novembre 2017, le prĂ©sident Emmanuel Macron entreprend un voyage en Afrique. Le bimensuel dĂ©cide de suivre le voyage. «âSur place, le journaliste a eu lâaccord pour avoir une interview du prĂ©sidentâ», raconte StĂ©phane RĂ©gy, rĂ©dacteur en chef de Society. Finalement, par manque de temps, lâinterview se dĂ©roule en France, au tĂ©lĂ©phone.
Lâentretien est envoyĂ© aux services de communication de lâElysĂ©e, comme le journaliste sây Ă©tait engagĂ©. «âLes conseillers du prĂ©sident voulaient changer beaucoup de choses. On nâĂ©tait pas dâaccord, dĂ©clare StĂ©phane RĂ©gy. On a donc dĂ©cidĂ© de publier la version initiale.â» La rĂ©ponse ne sâest pas fait attendre. LâElysĂ©e indiquĂ© Ă Franck Annese quâil nâaurait plus dâinterview du prĂ©sident durant le quinquĂ©nat. C’est en tout cas ce qu’a dĂ©clarĂ© le patron de So Press Ă LâOpinion.
La relecture, une trahison
La pratique de la relecture ne met pas le journalisme en valeur. Cela renforce le sentiment de connivence entre politiques et journalistes pour les lecteurs. «âJe fais appel Ă la dĂ©ontologie et Ă lâĂ©thique professionnelle du journaliste, sâexclame Emmanuel Poupard. Faire relire une interview câest trahir les gens.â» Le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral du Syndicat national des journalistes (SNJ) rappelle que le journaliste exerce une profession et que le politique exerce une fonction. «âChacun son rĂŽle. Que les politiques nous laissent faire notre boulot. Nous ne sommes pas leurs chargĂ©s de communicationâ!â» Emmanuel Poupard va plus loin dans la critique de cet usageâ: «âAvec la relecture, la communication menace lâinformation.â»
Les communicants veulent contrĂŽler la parole des politiques. Pour Patrick Eveno, prĂ©sident de lâObservatoire de la dĂ©ontologie de lâinformation (ODI), câest dangereux. «âLe journalisme et la communication sâaffrontent lors de la relecture des interviews. Comme dans tous les combats, il y a un vainqueur. Câest malheureusement bien trop souvent la communication.â»
Au Monde, la charte de dĂ©ontologie est claire. «âLes interviews ne doivent pas ĂȘtre relues par les personnes interrogĂ©es ou alors dans le seul but dâĂ©viter toute erreur factuelle.â» Pendant quelque temps, le quotidien mentionnait quand lâinterview Ă©tait relue. «âCe texte a Ă©tĂ© relu et amendĂ© par lâintĂ©ressĂ©â», pouvait-on lire en bas de lâentretien. Le quotidien du soir ne le fait plus. Cet exercice de transparence Ă©tait mal compris. «âCela discrĂ©ditait lâinterview. Le lecteur se demandait si lâentretien nâavait pas Ă©tĂ© caviardĂ©â», indique Emmanuel Poupard. Pour se protĂ©ger, Le Monde a donc inscrit une rĂšgle dans sa charteâ: «âSi la personne interrogĂ©e modifie substantiellement la teneur de ses propos, lâauteur de lâinterview peut, avec la direction de la rĂ©daction, refuser de publier lâentretien.â»
Une nĂ©gociation entre journaliste et politique se met alors en place. «âChacun fait ce quâil peut pour gagner sa bataille, prĂ©cise la journaliste. Les services du ministĂšre concernĂ© peuvent faire exprĂšs, par exemple, de renvoyer lâinterview trĂšs tard pour que la rĂ©daction nâait plus le temps de modifier Ă nouveau derriĂšre.â» Et comme au Monde, si les modifications demandĂ©es dĂ©naturent lâinterview, «âles journalistes et la direction de la rĂ©daction peuvent refuser de publierâ».
Beaucoup de journalistes se dĂ©solent du recours trop habituel des politiques Ă la relecture. Mais ils ne sont pas choquĂ©s par son utilisation. «âCe nâest pas aberrant quâil y ait un droit de regard dans la mesure oĂč lâon retravaille la parole du politique en sĂ©lectionnant une partie de ce quâil a ditâ», explique Muriel Pleynet. La rĂ©dactrice en chef du service politique du Parisien prĂ©vient les politiques. Le journal permet seulement une «ârelecture de courtoisieâ» qui ne permet pas de modifier les rĂ©ponses dans lâinterview. La relecture semble tolĂ©rĂ©e par les journalistes dans la mesure oĂč lâentretien publiĂ© nâest pas la retranscription exacte de la conversation. Contrairement Ă ce qui peut se passer en direct Ă la radio ou Ă la tĂ©lĂ©vision, lâinterview en presse Ă©crite est en effet retravaillĂ©e.
Muriel Pleynet explique : quand une personnalitĂ© politique Ă©change pendant plus dâune heure avec un journaliste, Ă la fin de la retranscription, ce dernier se retrouve avec beaucoup plus de signes que la place prĂ©vue pour lâentretien dans les colonnes du journal. «âSi on se retrouve avec 15â000 signes alors quâil y a la place pour 7â000, on choisit ce que lâon garde, le plus fort, le plus pertinent. En ce sens, faire relire une synthĂšse nâest pas scandaleuxâ», conclut-elle.
La relecture ne choque pas non plus Dominique Seux. Le directeur dĂ©lĂ©guĂ© de la rĂ©daction des Echos et Ă©ditorialiste de France Inter parle «âdâun intĂ©rĂȘt commun. Le politique est content dâavoir une interview dans un mĂ©dia puissant et vice et versaâ». Dominique Seux se rappelle quâun ancien ministre lui disait que «âles journalistes ne se rendent pas compte des consĂ©quences des phrasesâ». Lâargument peut se retourner contre les politiques qui sont maĂźtres de leurs propos.
« Il faut utiliser cette contrainte et la retourner en notre faveur »
Mariana Grepinet, journaliste politique Ă Paris Match
« Dans un monde idéal, toutes les rédactions devraient mettre fin à la relecture »
Dominique Seux, directeur délégué de la rédaction aux Echos
« Ce nâest pas aberrant quâil y ait un droit de regard dans la mesure oĂč lâon retravaille la parole du politique »
Muriel Pleynet, rédactrice en chef du service politique du Parisien
Selon elle, la pratique de la relecture permet aussi dâavoir moins de langue de bois dans la parole des politiques. «âIls savent quâils peuvent relire donc ils peuvent ĂȘtre plus libres, prĂ©cise-t-elle. Par contre, quand les politiques veulent enlever des Ă©lĂ©ments, je dis toujours non.â»
Les journalistes ne sont pas obligĂ©s dâaccepter les modifications proposĂ©es par les politiques. Comme partout, il y a des bons et des mauvais clients. «âNajat Vallaud Belkacem réécrit vraiment tout. Câest insupportable. Je lui ai dit que lâon ne pouvait pas modifier Ă ce point-lĂ â», confie la journaliste de Paris-Match. Mais la relecture nâest pas toujours demandĂ©e. Des politiques savent faire des rĂ©ponses courtes, intĂ©ressantes et pertinentes.
«âDans un monde idĂ©al, toutes les rĂ©dactions devraient mettre fin Ă la relectureâ», glisse Dominique Seux. Pour Emmanuel Poupard, ce serait mĂȘme la seule solution car «âles politiques ont besoin de nous pour transmettre leur message. Si toutes les rĂ©dactions disaient non Ă la relecture, les politiques reviendraient vers nousâ».
Certaines rĂ©dactions ont dĂ©jĂ dĂ©cidĂ© de reprendre le pouvoir dans ce rapport avec les politiques. Les quotidiens rĂ©gionaux sont en premiĂšre ligne. La Voix du Nord a dĂ©cidĂ© en dĂ©but dâannĂ©e de mettre fin Ă la relecture des interviews par les politiques. Pour Emmanuel Poupard, «âla dĂ©cision du rĂ©dacteur en chef de La Voix du Nord, Patrick Jeankielewicz, est un modĂšle Ă suivre et un excellent rappel Ă la dĂ©ontologieâ».
Dominique Seux est, quant Ă lui, dubitatifâ: «âJe pense que le rĂ©dacteur en chef de La Voix du Nord nâaura pas dâinterview du Premier ministre de sitĂŽt sâil nây a pas de relecture.â» Patrick Jeankielewicz a pourtant rĂ©alisĂ© lâinterview dâEdouard Philippe en fĂ©vrier dernier. Comme quoi, mĂȘme sans relecture, il peut y avoir interview.

«âLes politiques qui imposent la relecture ne respectent pas les journalistesâ»
La Voix du Nord a décidé le 15 janvier 2018 de mettre fin à la relecture des interviews par les personnalités politiques. Une annonce faite dans un éditorial par le rédacteur en chef, Patrick Jankielewicz.
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Patrick Jankielewicz. Une tolĂ©rance sâest installĂ©e. Lâancien rĂ©dacteur en chef de La Voix du Nord, Jean-Michel Bretonnier, mâexpliquait que, dans la mesure oĂč lâon compacte la parole des politiques en coupant des passages, il faut leur soumettre le rĂ©sultat. Cette pratique mâa toujours paru Ă©trange. Il nây a aucune raison de dĂ©former la parole de quelquâun. Quand la parole des gens est entre guillemets, elle ne peut plus ĂȘtre changĂ©e.
Les politiques expliquent vouloir Ă©viter les erreurs. Est-ce toujours lĂ©gitimeâ?
Peut-on dire que la pratique est parfois une dĂ©rive journalistiqueâ?
P. J. Quand les politiques sont en condition de direct Ă la radio ou Ă la tĂ©lĂ©vision, ils ne peuvent pas assister au montage. Les journalistes ne doivent pas lâaccepter en presse Ă©crite. La relecture remet aussi en cause les longues interviews oĂč lâon parle de tout et de rien. Jâen ai discutĂ© avec Xavier Bertrand. Je lui disais quâil fallait interviewer les politiques sur des points prĂ©cis pour aller au fond des choses. Il Ă©tait tout Ă fait dâaccord.
La Voix du Nord a dĂ©cidĂ© de mettre fin Ă la relecture des interviews par les politiques. Pourquoi maintenantâ?
P. J. La question de la relecture revenait depuis plusieurs annĂ©es lors des conseils de rĂ©daction. Je suis devenu le rĂ©dacteur en chef le 1er octobre dernier. Jâai prĂ©venu que je mettrai rapidement fin Ă cette pratique de la relecture. Ăa câest fait par hasard, en dĂ©but dâannĂ©e. Nous avons demandĂ© Ă faire une interview du prĂ©sident Emmanuel Macron car il venait dans la rĂ©gion. Nous avons eu deux refus. Puis, lâElysĂ©e nous a proposĂ© de faire lâinterview du ministre de lâIntĂ©rieur GĂ©rard Colomb, Ă condition quâelle soit relue. CâĂ©tait une belle occasion dâexpliquer aux lecteurs ce qui se passe et de mettre fin Ă la pratique.
P. J. La question ne se posait tout simplement pas. On acceptait la relecture. CâĂ©tait la pratique dĂ©cidĂ©e par le rĂ©dacteur en chef. A une Ă©poque, la presse rĂ©gionale a Ă©tĂ© fiĂšre dâaccueillir des interviews de ministres dans ses colonnes. Les journaux se pliaient donc Ă leurs exigences.Mais depuis quelques annĂ©es, de nouveaux communicants se sont emparĂ©s de la pratique pour réécrire les interviews. Elles deviennent aseptisĂ©es et inintĂ©ressantes.
Lâensemble de la classe politique demandait une relectureâ?
P. J. Non, cette pratique est liée aux personnalités politiques de haut niveau. Les membres du gouvernement veulent que la presse fasse leur communication. Les journalistes ne sont pas là pour ça. Nous sommes les yeux et les oreilles des lecteurs qui nous achÚtent pour une information de qualité.
P. J. ComplĂštement. Câest en ce sens que jâai fait mon Ă©ditorial le 15 janvier. Imaginez que vous Ă©crivez et que quelquâun est constamment derriĂšre votre dos en train de lire chaque phrase. Ce nâest pas sain dans la relation. La relecture des interviews est une pratique bien française. Jâai Ă©tĂ© interrogĂ© Ă ce sujet par des mĂ©dias belges, allemands, suisses et espagnols. Ils nâen revenaient pas et me disaient que ça nâexistait pas chez eux. Câest une docilitĂ© incroyable de la presse française. Ces petites habitudes et ces arrangements renforcent le sentiment de connivence entre journalistes et politiques que nous reprochent les citoyens.
Le fait dây mettre fin, cela change-t-il le rapport entre journalistes et politiquesâ?
P. J. Le rapport change car les journalistes sont plus respectés. Les politiques qui imposent la relecture ne respectent pas les journalistes. Si les politiques ne sont pas contents, il existe le droit de réponse.
« Avoir des politiques pour avoir des politiques, ça nâa aucun intĂ©rĂȘt »
P. J. Le journalisme sâinterroge sur son avenir. Une chose dont je suis sĂ»re, les consommateurs dâinformations voudront toujours une information indĂ©pendante. Et surtout pas une presse aux ordres. Quand les gens achĂštent le journal ou nous lisent sur le web, ils veulent du dĂ©cryptage, des explications, des commentaires, de la hiĂ©rarchisation de lâinformation. Les politiques ont plein de moyens de communiquer avec les rĂ©seaux sociaux ou les newsletters. Il faut quâils acceptent que, dans une dĂ©mocratie, la presse doit ĂȘtre libre et indĂ©pendante.
A vouloir sâaffranchir de la pratique, ne coure-t-on pas le risque dâavoir moins dâinterviews de politiquesâ?
P. J. Avoir des politiques pour avoir des politiques, ça nâa aucun intĂ©rĂȘt. Nous avons fait moins dâinterviews de ministre, câest vrai. Mais les lecteurs ne se dĂ©sabonnent pas pour autant. Nous avons plutĂŽt reçu des encouragements et des remerciements. Les lecteurs ne sont pas dupes. Les ministres font des confĂ©rences de presse Ă Paris pour annoncer leurs mesures. En province, ils font le service aprĂšs-vente. Ils viennent nous reparler de choses que les lecteurs connaissent dĂ©jĂ .
Votre journal a t-il réalisé des interviews politiques depuis le 15 janvier ?
P. J. Oui. Avec Xavier Bertrand, ça a Ă©tĂ© un peu particulier. Le rendez-vous avait Ă©tĂ© fixĂ© avant mon Ă©ditorial du 15 janvier. Donc jâai appelĂ© son service de communication en disant que les rĂšgles avaient changĂ©. Xavier Bertrand a acceptĂ©. On a rĂ©alisĂ© lâinterview sur plusieurs jours en faisant du fact-checking. Il a Ă©tĂ© un peu surpris mais il a jouĂ© le jeu. DerniĂšrement, on a rĂ©alisĂ© lâinterview du Premier ministre Edouard Philippe. Câest son cabinet qui a proposĂ© lâentretien. Ce qui est marrant câest que La Voix du Nord nâavait plus rĂ©alisĂ© dâinterview de Premier ministre depuis Edouard Balladur. Il a fallu attendre que lâon mette fin Ă la relecture pour que lâon se retrouve une nouvelle fois Ă Matignon.
La presse régionale se rebiffe
Usuelle dans la presse nationale, la relecture par les politiques est retoquĂ©e par la presse rĂ©gionale. Les journalistes de la Vienne et de lâIndre-et-Loire combattent ce qu’ils jugent ĂȘtre une dĂ©rive du mĂ©tier.

Lâancienne dĂ©putĂ©e de la Vienne, VĂ©ronique Massonneau, ne fait pas dans la langue de bois. «âSoyons sincĂšres, les politiques profitent de la relecture.â» Elle nâa jamais réécrit un entretien car elle «ârespecte la libertĂ© de la presseâ». Mais elle affirme que ce nâest pas «âchoquant de relire pour Ă©viter des approximations sur des sujets pointusâ».

Bruno Delion partage son avis et ne comprend pas que la presse nationale accepte de se soumettre aux politiques. «âDans la mesure oĂč un politique valide ce qui paraĂźt dans le journal, nous devenons un organe de communication. Câest une pratique qui ne sert pas le mĂ©tierâ». Et cela ne donne pas un bon message aux lecteurs.
A Poitiers, le maire Alain Claeys ne demande pas Ă relire. «âIl prĂ©fĂšre appeler le jour de la parution pour nous engueulerâ», raconte Bruno Delion en riant. Le service presse du maire peut utiliser son droit de rĂ©ponse pour apporter des modifications. Les deux chefs de cabinet du maire poitevin, David Karmann et Florent Bouteiller, expliquent quâil «âexiste une relation de confiance entre les journalistes et la mairie de Poitiersâ» et quâils nâont pas Ă intervenir dans le travail du journaliste.
Arnault Varanne prĂ©fĂšre aussi cette relation saine. Le rĂ©dacteur en chef de 7 Ă Poitiers sâĂ©lĂšve contre la pratique en gĂ©nĂ©ral. «âDerniĂšrement, un patron dâentreprise mâa demandĂ© de relire mon article car il sait que dans les mĂ©dias, les politiques ont le droit de le faire, se rappelle-t-il. Jâai refusĂ©. Il mâa donc demandĂ© pourquoi jâĂ©tais Ă la botte des politiques.â»

A La Nouvelle RĂ©publique, Olivier Pouvreau sait que certains collĂšgues dans dâautres rubriques font relire leurs papiers. Le journal lâindique alors. «âJe nâai aucune envie de lire un entretien validĂ© par un interviewĂ©. Lâarticle perd toute sa puissance », confie-t-il. En tant que journaliste politique, il refuse de « tomber dans de la communicationâ». Le nouveau maire de Tours, Christophe Bouchet, est un ancien journaliste. Il connaĂźt la pratique mais nâa jamais demandĂ© Ă relire.
En 2012, Pascale Moreau, vice-prĂ©sidente de la Vienne, lâa appris Ă ses dĂ©pens. « Je me rappelle dâune polĂ©mique sur les repas sans porcs Ă la cantine, se rappelle celle qui est aussi maire de La Roche-Posay. Beaucoup mâont reprochĂ©e une sortie mal placĂ©e sur la laĂŻcitĂ© alors que ce nâĂ©tait pas du tout le sens de mes propos. » Elle nâa pas de conseiller en communication. «âJâaimerais bien pouvoir relire. On me dit quâil existe le droit de rĂ©ponse. Câest vrai. Mais ça nâa pas du tout la force dâun titre dâinterview qui fait le buzz.â» Depuis, elle est moins spontanĂ©e.
Selon Franck Bastard, les politiques nâont pas Ă relire car ils sont maĂźtres de leur propos. «âBeaucoup de citoyens pensent quâen presse locale, il y a plus de connivence, indique-t-il. Mais nous tenons Ă notre libertĂ© dâinformer et Ă notre indĂ©pendance.â» Et Olivier Pouvreau de conclureâ: «âLa presse rĂ©gionale montre le droit chemin. La presse nationale devrait sâen inspirer. Il ne faut pas transiger avec lâindĂ©pendance du journalisme.â»

Romain Pichon
@RomainPichon86
21 ans.
Ătudiant en annĂ©e spĂ©ciale journalisme Ă l’EPJT.
En stage cet Ă©tĂ© Ă VĂ©lo Magazine (groupe LâĂquipe).
Aimerait se lancer dans la presse sportive.