Les avions décolleront-ils ?

Par Martin Esposito, Maxime Taldir et Manon Vautier-Chollet
Photos : Manon Vautier-Chollet/EPJT

La zone à défendre de Notre-Dame-des-Landes n’en finit pas de faire parler d’elle. Chaque semaine, une décision de justice ou un propos de personnalité politique vient bousculer ce que l’on croyait définitivement acquis. Impossible de prédire l’avenir. Ce projet est une véritable épine dans le pied de l’État. Le débat, lui tourne en rond. Beaucoup de discussions, aucune solution.

Retour en 2013. Le préfet de Loire-Atlantique signe les arrêtés préfectoraux 

sur les aménagements hydrauliques et les destructions d’espèces protégées qui doivent déclencher le début des travaux. Validés en première instance, ils sont pourtant susceptibles d’être annulés. Car côté opposants, les arguments en faveur de l’environnement (loi de l’eau notamment) sont difficilement contestables. Et la cour administrative de Nantes, qui a rendu un rapport quelques jours auparavant sur le sujet, exprime elle aussi son opposition au projet.

Le 14 novembre 2016, énorme rebondissement. La cour administrative d’appel de Nantes valide à l’unanimité les textes. Les travaux peuvent commencer. Chez les opposants, c’est la totale désillusion. Et pour le gouvernement, c’est une nouvelle victoire après le référendum. En effet, en juin 2016.

Pour apaiser les tensions, le gouvernement, à la demande de François Hollande, organise une consultation. À la question « êtes-vous favorable au projet de transfert de l’aéroport de Nantes-Atlantique sur la commune de Notre-Dame-des-Landes », les habitants de Loire-Atlantique répondent en majorité « oui » (55,17 %). Même si dès l’annonce du résultat, le périmètre est contesté, le résultat de la consultation conforte le gouvernement dans sa volonté de construire cet aéroport.

La décision de la cour administrative est d’autant plus importante qu’elle va à l’encontre de la demande du rapporteur public. Un fait rare. Le rendu s’ajoute à des dizaines d’autres, mais il est crucial. Comme toutes les requêtes déposées par les opposant ont été rejetées, les « petits travaux » à court terme peuvent commencer. Les opposants ne baissent pas les bras et décident de déposer un recours devant le Conseil d’État. Une décision de plus à ajouter au dossier. Tous les feux sont au vert pour que les travaux commencent. Enfin…

Sauf qu’il faut d’abord vider la zone. Légalement, plus rien ne s’y oppose. Début janvier 2016, Vinci avait réclamé l’expulsion des onze familles « historiques » de Notre-Dame-des-Landes. Historiques car ce sont celles qui avaient décidé de rester coûte que coûte pour défendre leur lieu de vie, devenu ZAD. Quinze jours plus tard, le tribunal de grande instance (TGI) de Nantes validait cette expulsion.

Dans les faits, l’hiver s’installe sur la ZAD. sans qu’on voit trace des travaux. Les causes de retard s’accumulent : la France reste en désaccord avec le droit environnemental européen et, question évacuation, les forces de l’ordre sont sur d’autres fronts. Dernière bonne nouvelle pour les habitants historiques et les Zadistes, depuis le 1er novembre, la trêve hivernale bloque toute démarche d’expulsion jusqu’au 31 mars 2017. Cette pause ne vaut en revanche que pour ceux qui ont déclaré leur logement et leur identité. « Une grande partie l’a fait », assure Raphaël Romi.

Si on en croit un résident, deux cent cinquante personnes vivraient encore sur la zone et seraient donc concernées par la trêve. Dans le même temps, le gouvernement recule à nouveau. Le 10 décembre 2016, il décide de repousser (l’impossible) évacuation de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes. Matignon se justifie en évoquant le contentieux européen en cours et l’indisponibilité des forces de l’ordre. Pas de volonté d’abandonner le projet, mais pas d’évacuation pour l’année 2016.