Utilisation de pesticides, maltraitance animale, pollution des cours d’eaux… les agriculteurs font l’objet de nombreuses critiques. Pour redorer leur blason ils ont décidé de s’emparer des réseaux sociaux.
Par Justine Brichard, Adrien Petiteau et Ewen Renou
Photos : Justine Brichard/EPJT
Redonner confiance aux consommateurs, voilà le leitmotiv des agriculteurs présents sur les réseaux sociaux. « Même des membres de notre propre famille arrivent à penser que ce qu’on fait est mal », déplore Cyrille Champenois, agriculteur dans les Ardennes. La faute, selon lui, à certains médias qui diffusent une image erronée et négative de l’agriculture. A travers les réseaux sociaux, le but est de combattre les préjugés. « Il s’agit de rééquilibrer le rapport de force et de reprendre le contrôle de notre image », explique Étienne Fourmont, éleveur de vaches laitières dans la Sarthe. Sur sa chaîne YouTube Etienne, agri youtubeurre, il ne s’est pas encore lancé dans le fact-checking (la vérification des faits) pour répondre aux médias, mais il y pense. En attendant, il réalise des vidéos pour redorer l’image de l’agriculture aux yeux du grand public. Tous parlent de communication positive.
Ana-Gaëlle Le Damany possède également une page Facebook pour promouvoir ses produits. Paysanne depuis février 2016 elle s’est installée avec son copain dans la Bergerie de Kroaz Min, à Lannion (Côtes-d’Armor). A partir du lait de brebis, ils produisent fromages et yaourts qu’ils vendent en circuit court. « Sur mon compte Instagram, je publie des photos de ma vie et la vie à la ferme en fait partie intégrante, constate-t-elle. Je trouvais ça intéressant de montrer mon quotidien à des personnes qui ne savent pas ce que c’est d’être une femme paysanne. »
Mais comment conjuguer la profession exigeante d’agriculteur avec une activité sur les réseaux sociaux ? Si écrire un tweet ou poster une photo prend peu de temps, tourner une vidéo et la monter demandent plus de travail. Pour Étienne Fourmont, réaliser des vidéos est un plaisir mais « la charge de travail que nécessite notre métier est énorme ». Ses vidéos lui demande beaucoup de temps et ne lui rapportent rien. Une vidéo de quatre minutes nécessite jusqu’à six heures de montage pour l’éleveur. Ses parents, dont il a hérité de la ferme, jugent ce passe-temps chronophage.
Aujourd’hui, le Centre national interprofessionnel de l’économie laitière (Cniel) fournit du matériel à Etienne Fourmont et quelques autres youtubeurs pour faire des vidéos de meilleure qualité. L’organisme professionnel en profite pour utiliser certains youtubeurs afin de servir ses intérêts. « Si le discours pour réhabiliter l’image de l’agriculture vient des éleveurs plutôt que des syndicats, c’est mieux, dixit l’ancien responsable syndical des Jeunes agriculteurs de la Sarthe. Avec les syndicats il y a toujours une suspicion sur le discours. »
Justine Brichard
Est passée par les bancs de la fac pour étudier l’histoire.
A fait ses armes pendant près de deux ans à La République du Centre. Est récemment passée par Ouest-France et espère poursuivre l’aventure. Aime le sport, la musique, les sciences du comportement, les choses simples de la vie… Parler des autres, mais surtout pas d’elle. Se destine à la presse écrite.
Adrien Petiteau
22 ans
@AdrienPetiteau
Étudiant en Année spéciale de journalisme à l’EPJT
Titulaire d’une licence d’histoire
Passé par Ouest-France et bientôt TV Tours.
Souhaite poursuivre en télévision.
Ewen Renou
@EwenRenou.
21 ans.
Étudiant en Année spéciale de journalisme à l’EPJT.
Titulaire d’une licence d’histoire. Passé par Le Petit Vendômois et Radio Campus Lille.
Mordu de ballon ovale depuis le plus jeune âge.
Se destine au journalisme sportif en presse écrite
– le commander à l’EPJT, 29, rue Pont-Volant, 37000 Tours en envoyant une enveloppe timbrée au format 21×29,7
– ou le lire sur le Web.