Joé Seyfried

L’enfant prodige aux multiples blessures

Pendant sa convalescence, Joé Seyfried a décidé de passer un diplôme de soigneur animalier en ligne. Photo: DR

Dès son plus jeune âge, Joé Seyfried est considéré comme un espoir du tennis de table français. Il connaît une carrière en catégorie jeune remarquable. Mais son corps martyrisé par les entraînements intensifs l’oblige à s’arrêter. Aujourd’hui, il tente de se reconstruire.

Par Annabelle BOOS

A 10 ans, il est considéré comme l’un des meilleurs pongistes français de sa génération à seulement 10 ans. Mais la suite n’a pas été de tout repos pour Joé Seyfried. Bien qu’il ait un palmarès bien rempli pour son jeune âge, sa carrière prend un tournant auquel il ne s’attendait pas.

En 2018, une série de blessures le contraint à stopper toute pratique sportive pendant plus de trois ans. Aujourd’hui, Joé est 166e au classement mondial de la Fédération internationale de tennis de table (ITTF). Cet arrêt, il le vit comme un échec : « Depuis mes 12 ans, on m’a répété que j’étais meilleur que la plupart des jeunes de mon âge, que j’allais aller loin. Mais aujourd’hui, j’arrive tout juste à vivre de ma passion. »

Joé Seyfried commence le tennis de table à l’âge de 7 ans dans un club de la banlieue strasbourgeoise. Son objectif : faire une activité différente de celle de ses amis. Il n’avait « pas particulièrement envie de faire du foot et du basket, comme tout le monde », ironise-t-il. Il voulait faire un sport où il était « sûr de ne croiser personne ».

En quelques mois, le jeune pongiste acquiert toutes les bases. Il se démarque rapidement des autres joueurs de son âge. Ses entraîneurs voient en lui un futur champion. Il gagne une première compétition départementale et se fait repérer par des membres de la FFTT.

Réalisé par Annabelle BOOS/EPJT

Tout s’accélère. A 9 ans, le jeune prodige intègre le pôle espoir Alsace, habituellement réservé aux jeunes collégiens. Il s’y entraîne jusqu’à quinze heures par semaine. En parallèle, il est sélectionné en équipe d’Alsace puis en équipe de France.

En classe de troisième, il quitte l’Alsace pour la Lorraine pour rejoindre l’équipe professionnelle de Metz TT et ainsi toucher ses premiers salaires : « C’était assez incroyable d’avoir de l’argent qui tombe chaque mois à 14 ans. » Son évolution est fulgurante puisqu’un an plus tard, il intègre ce qu’il appelle le « pôle France ». A 16 ans l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance (Insep), réservé aux sportifs de haut niveau de chaque discipline, lui ouvre ses portes. Aujourd’hui encore, il s’entraîne quotidiennement dans cette structure.

Mais en 2018, il commence à ressentir des douleurs à la hanche droite. Après une première opération qui échoue, les médecins sont catégoriques : il faut une prothèse ou stopper le sport de haut niveau. Joé opte pour la première solution. « Accepter de porter des prothèses de hanches, à même pas 25 ans, a été un choix difficile », comment Joé Seyfried. Mais l’année suivante, alors qu’il est en pleine rééducation, c’est sa deuxième hanche qui flanche. Une deuxième opération est alors programmée qui l’oblige à arrêter le sport pendant plus de trois ans.

Réalisé par Annabelle BOOS/EPJT

La cause de ses blessures ? « Les médecins ont été formels, la cause n’est pas génétique. Le problème, ce sont les entraînements à répétition alors que j’étais en pleine croissance », analyse-t-il

Depuis, Joé Seyfried reprend petit à petit le tennis de table. En septembre 2023, il a rejoint le 4S Tours TT, avec lequel il évolue en championnat de France pro B. « J’ai trois ans de retard sur tout le monde. Mais je crois en moi et en mes capacités pour revenir et réintégrer l’équipe de France. »

Aujourd’hui, Joé est le huitième joueur de tennis de table français. Il ne fait donc pas partie des quatre sélectionnés en équipe de France ni des trois qualifiés pour les Jeux. Pour aller au bout de son projet, Joé accumule les compétitions internationales. Il traverse ainsi le monde entier pour remonter dans le classement international. « C’est un investissement », sourit-il. Il est bien décidé à retrouver sa place dans le top 4. Son objectif : les jeux Olympiques dans quatre ans bien sûr et représenter la France.

Annabelle BOOS

@annabelleboos
22 ans.
Étudiante en journalisme à l’EPJT.
Passée par Les Dernières Nouvelles d’Alsace, Nogent TV et La Provence.
Aimerait devenir journaliste rédactrice à la télévision.