Le fact checking
se réinvente sur TwitchDepuis l’arrivée des médias français sur Twitch, quelques figures s’y essaient, discrètement. Parmi elles, la chaîne LCI, qui a proposé, au printemps, une émission de fact-checking participatif en direct, le « FC Debunk ». Même si l’expérience n’a eu qu’un temps, la stratégie est prometteuse.
Par Victoria Beurnez
Quelques centaines de spectateurs vont se rejoindre pour les écouter, pendant plus de deux heures trente, décortiquer des fake news sur le vaccin contre la Covid-19. Leur ton est zen. Casques et micros aux oreilles, ils semblent à l’aise devant la caméra. Si on n’y prête pas attention, difficile de remarquer que c’est la production de TF1 qui est aux manettes. Nous sommes le 10 mai 2021, le duo réalise son troisième live officiel sur la plateforme.
Casser les barrières
Twitch pourrait-il être la clé d’une nouvelle forme de journalisme, plus transparente, plus participative avec le lecteur ? C’est en tout cas le pari qu’a fait la rédaction de LCI/TF1, en lançant, le 7 avril dernier, sa chaîne de fact-checking. Le format question-réponse, plébiscité par les médias sur les réseaux sociaux, adopté par l’équipe rencontre une deuxième jeunesse, devenant un dialogue quasi ininterrompu entre les journalistes et leurs viewers.
Les potentialités de la plateforme ont ouvert de nouvelles perspectives. « On est là pour discuter avec vous et vous apporter des réponses, le programme est chargé », explique le journaliste à ses viewers, très actifs dans le chat.
L’émission est rythmée par les interventions d’experts, telle la chercheuse de l’Inserm Palma Rocchi, ou le créateur du site Conspiracy Watch, Rudy Reichstadt. En dévoilant les coulisses de la vérification de l’information, le FC Debunk a réussi à exploiter les fonctionnalités de Twitch tout en proposant un travail journalistique de qualité, sourcé et appuyé, le tout en direct.
Les viewers, qui sont un peu plus de 700, sont eux-mêmes invités à proposer des sources, participant ainsi au processus de fact-checking traditionnellement réservé aux journalistes. Si le volume peut paraître modeste, il permet toutefois à chacun d’être écouté. Tout au long de l’émission, Felicia et Benjamin vont interpeller leurs viewers et lire leurs questions.
En filigrane, on comprend que le duo sait comment appréhender les publics de Twitch. Le second stream qu’ils ont proposé était dédié à l’organisation de leur chaîne et reposait, en grande partie, sur l’aide qu’ils ont demandé à leur communauté naissante. Une façon, aussi, de mettre de côté la hiérarchie de l’information. En alliant régularité, écoute des viewers et rigueur journalistique, l’initiative de LCI est prometteuse.