La mairie passe au vert

L’installation de cette chaufferie biomasse est une « belle vitrine pour l’agglomération » selon Fabrice Voiry, directeur du service énergie de Tours Métropole Val de Loire. Photo : Arnaud Roszak/EPJT

En 2014, l’équipe municipale de Notre-Dame-d’Oé a installé une chaufferie biomasse pour les locaux de la mairie. Les bienfaits sur l’environnement et l’économie sont réels.

Par Lucie ROLLAND et Arnaud ROSZAK

Une fois à l’intérieur de la chaufferie, le changement de température est quelque peu brutal. « C’est normal, les copeaux de bois sont brûlés à plus de 300 °C », nous explique Patrick Gandon. Ce manager d’activité en maintenance et en exploitation travaille chez Hervé thermique. Depuis la mise en route de la chaufferie municipale de Notre-Dame-d’Oé en septembre 2014, la maintenance est assurée par cette société jocondienne.

Situé à côté de la mairie, ce bâtiment, long d’une petite dizaine de mètres, comporte deux pièces : une où l’on stocke les matières végétales, l’autre où l’on trouve la chaudière. Patrick Gandon décrit un système assez simple : trois à quatre fois par an, la société Dufeu (basée dans le Maine-et-Loire, à une cinquantaine de kilomètres) achemine par camion des copeaux de bois.

Il est préférable que la distance entre la chaufferie biomasse et le lieu où est coupé le bois n’excède pas les 100 kilomètres, afin de limiter l’impact carbone lié aux transports des matières végétales. Ces copeaux doivent être séchés au préalable pour une combustion longue, synonyme de meilleur rendement. Certains arbres sont donc proscrits, comme le pin et son taux d’humidité trop élevé. Il vaut mieux privilégier les châtaigniers par exemple, qui contiennent moins d’eau et pourront brûler plus longtemps.

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« Mis à part la maintenance, l'entretien de la chaufferie est loin d'être fastidieux. Il est très rare que des pièces soient à changer », explique Patrick Gandon.

Arnaud Roszak/EPJT

Une fois arrivé à Notre-Dame-d’Oé, le camion, grâce à deux tuyaux, déverse les morceaux de bois dans le silo de stockage. Des hélices situées au sol rassemblent les copeaux, afin de les faire passer par un cylindre relié à la chaudière. La puissance de celle-ci est de 80 kilowatts. « Là, le bois est brûlé à forte température. La chaleur dégagée va chauffer un échangeur d’eau, où passe l’eau du réseau », explique Patrick Gandon.

Ensuite, une pompe n’a plus qu’à faire circuler cette eau et ainsi permettre à la mairie d’assurer ses besoins en chauffage sans avoir besoin d’un appoint en gaz. « C’est la seule collectivité de Tours métropole Val de Loire qui fonctionne avec une chaufferie biomasse sans appoint », souligne Fabrice Voiry, directeur du service énergie de la communauté de communes. Trente-cinq tonnes de bois par an sont nécessaires pour les besoins de la mairie. Toutefois, le prix est inférieur à celui du gaz et n’est pas soumis à des variations de prix, comme pour les énergies fossiles.

Ce projet naît en 2014, quand la mairie fait l’acquisition du château de Mazières, une magnifique demeure située dans le bourg et entourée par un bois. Cette ancienne propriété privée était chauffée au fioul. « À l’issue d’un diagnostic thermique réalisé par le service énergie de Tours métropole Val de Loire, nous nous sommes rendus compte qu’une chaufferie biomasse semblait bien plus avantageuse que le chauffage au fioul », explique Jean-Luc Galliot, le maire de la ville depuis 1989.

L’équipe municipale a vite adhéré au projet : « Engagée dans la transition énergétique », elle avait mis en œuvre un plan climat territorial au cours du mandat précédent. Jean-Luc Galliot, qui est également le vice-président de Tours métropole Val de Loire, se dit « très favorable aux énergies renouvelables ». Il a contribué à les développer dans sa ville. Par ce jour ensoleillé, les panneaux solaires de la crèche du bourg brillent et les abeilles des ruches de la mairie sont de sortie.

La biomasse telle une publicité

Cette chaudière biomasse a coûté 145 000 euros hors taxes. Largement subventionnée par l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), un organisme lié à l’État, sa mise en place a été rapide. En effet, la chaufferie était livrée préfabriquée dans un conteneur. Selon Fabrice Voiry, cette installation est « une belle vitrine pour l’agglomération ».

« La municipalité est très satisfaite de ce choix sur tous les plans, reconnaît Jean-Luc Galliot. Nous avons réussi à réaliser une baisse de 50 % des coûts par rapport aux anciens propriétaires. La chaufferie bois contribue également à améliorer le bilan carbone de la collectivité. » La commune de Notre-Dame-d’Oé donne l’impression de vouloir poursuivre cette politique de conversion écologique. Peut-être que cet engagement donnera des idées à d’autres villes du département, en retard dans ce secteur.