Archis passionnés

Par Perrine BASSET et Alice BLAIN

Photos : Alice Blain/EPJT

Derrière les murs de l’école d’architecture de Marrakech se cache un véritable lieu
de vie. Les étudiants y travaillent en autonomie, échangent avec leurs enseignants et créent chaque jour. Ici, se développe l’idée d’une architecture plus moderne qui prendrait en compte les enjeux environnementaux et renouerait avec certaines traditions.

Illustration : Alice BLAIN/EPJT

Pourquoi ont-ils voulu devenir architecte ?

Salma Chbani El Idrissi

Étudiante en deuxième année à l’Enam et originaire de Marrakech, la jeune fille de 21 ans a toujours eu pour ambition de devenir architecte. Elle est même partie étudier à Istanbul après avoir échoué une première fois au concours d’entrée.

Walid Ourbaya

Étudiant en deuxième année à l’Enam, Walid Ourbaya est originaire d’une petite ville berbère, Béni Mellal. Pour lui, l’architecture est le moyen d’allier sa passion artistique à ses
études scientifiques.

Lina El Ouajani

Originaire de la base militaire de Kenitra, Lina El Ouajani est en deuxième année. À 19 ans,
l’étudiante poursuit son rêve d’enfant : construire un toboggan entre son lit et sa salle de jeux.

Alaa Kori

Étudiant de 19 ans, Alaa Kori a grandi dans une famille d’architectes, à « quelques mètres de
l’école ». Longtemps, le jeune homme a rejeté cette profession. Le décès de son cousin l’a
fait changer d’avis.

Un pays coupé en deux 

Le Cameroun est divisé en deux parties depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Vaincue, l’Allemagne quitte le territoire qui est alors partagé entre la France, pour la partie orientale, et le Royaume-Uni, pour la partie occidentale. Le pays devient indépendant en 1960. Les mouvements séparatistes anglophones débutent après la proclamation de la République unie du Cameroun en 1972. Ces contestations prennent un tournant politique à partir du milieu des années 1990.

Aujourd’hui, ce pays d’Afrique subsaharienne vit une guerre civile qui passe inaperçue. Depuis novembre 2016, la minorité anglophone (20 % de la population du pays) proteste contre sa marginalisation. Les manifestations sont lourdement réprimées par le gouvernement en place.

La situation est alarmante, même si établir un bilan est compliqué. Il y aurait près d’1 millier de morts et 500 000 déplacés. Nées d’une crise socio-politique dans les régions anglophones du pays, ces tensions se sont transformées en conflit armé en 2017 entre les forces gouvernementales d’une part et différents groupes séparatistes d’autre part. La radicalisation de ce mouvement a été amplifiée par le blocage d’Internet dans une partie du pays entre février et avril 2017. Malgré une situation qui ne cesse de se dégrader, le conflit semble ignoré par la plupart des médias et la communauté internationale. Paul Biya, au pouvoir depuis trente-cinq ans, dissimule l’importance du conflit qu’il qualifie de simples « troubles ».