Il était une fin

Pour accéder à une aide active à mourir en Suisse, les patients déboursent environs 10 000 euros. Illustration Coline Poiret/EPJT

Le quatrième numéro de Magazin est disponible. Le thème de cette année, la fin de vie. Après la convention passionnante qui s’est tenue l’an dernier et qui s’est clos au printemps, Emmanuel Macron s’est engagé à ce qu’un projet de loi soit présenté à la fin de l’été. Les étudiants de 2e année option presse écrite ont voulu enquêter sur ce dossier

 

Quand on a appris, le 8 novembre dernier, qu’on devait réaliser un magazine sur la fin de vie, nous, les treize journalistes en presse écrite de l’École publique de journalisme de Tours, étions un peu dépités. « J’ai pas envie », « C’est chiant », « Super chiant », « Morbide », « Qu’est-ce qu’on va dire ? », « Ça va déprimer les lecteurs et nous aussi ». Margot a regardé Amandine, Léo a regardé Samuel.
On s’est regardés. Enfin, bref, ce n’était pas gagné. Quand on a entre 22 et 25 ans, la fin de vie, ça parait loin.

Certains n’en avaient jamais parlé. D’autres en blaguaient en famille : « On suit
le camping-car », disait ce grand-père en regardant passer un corbillard.

« Je ne serai pas là l’année prochaine », répète cette nonagénaire à chaque noël depuis vingt-trois ans. D’autres encore y ont été confrontés de près.

Comme l’a dit Nicolas Sarkozy en 2010 à Perpignan : « Mourir, ce n’est pas facile. » Mais il fallait bien s’y mettre, alors, ce sujet, on se l’est mis en perfusion. On a retourné internet, lu plein d’articles, échoué sur des sites douteux. On a observé autour de nous. La mort était, littéralement, partout. La preuve : le studio télé
du quatrième étage de l’EPJT offre une vue plongeante sur un cimetière. Pour réaliser ces 32 pages, on est allés un peu plus loin. D’Orléans à Montpellier, on a découvert le quotidien d’une unité de soins palliatifs, rencontré les participants de la convention citoyenne et assisté à un spectacle qui voulait briser un tabou.

On a franchi les frontières pour se rendre à Liège. On y a mangé des gaufres et on a échangé avec les soignants qui accompagnent des patients en fin de vie. Là-bas, l’euthanasie est autorisée, sous conditions. On s’est entretenu avec la salariée d’une association qui conseille les Français contraints de partir mourir en Suisse, faute de pouvoir le faire chez nous.

On s’est plongés dans ce sujet aussi complexe que délicat. Près de 94 % des Français considèrent qu’il faudrait autoriser les médecins à mettre fin, sur demande, à la vie des personnes atteintes de maladies insupportables et incurables. Mais ils sont presque tout autant de praticiens en soins palliatifs à se satisfaire du cadre législatif actuel. Notre modèle serait-il à bout de souffle ?

À la mi-février, pendant la semaine de bouclage, on a réalisé que, dans cette histoire, tout le monde est concerné. Il n’y a pas plus universel que la (fin de) vie. Avec « Il était une fin », on pensait avoir trouvé un titre original pour notre quatrième numéro de Magazin. Raté, Shrek nous avait doublé. Et contrairement à nous, l’ogre vert est immortel.

Imprimé avec soin chez Picsel, l’imprimerie de l’université de Tours, Magazin attend ses lecteurs. Vous pouvez soit
– le commander à l’EPJT, 29, rue Pont-Volant, 37000 Tours en envoyant une enveloppe au format 21×29,7, timbrée et mentionnant vos noms et adresse
– soit le lire sur le Web