Georges Mousli récupère des perles de bijoux qu’il réassemblera pour en créer d’autres, fantaisies ceux-là. Photo : Victoire Renard-Dewynter
Georges Mousli a fuit Damas et la guerre avec sa femme et ses trois enfants. En Syrie il était ingénieur en électricité mais en France, son diplôme n’est pas reconnu. Il s’est toujours passionné pour la réparation des objets, notamment des bijoux. Autrefois un passe-temps, c’est en train de devenir son métier.
Par Victoire Renard-Dewynter
Réfugié Syrien, Georges Mousli cumule depuis un an son statut de micro-entrepreneur en tant que créateur de bijoux avec son travail salarié. « Nous nous adaptons. Nos demandes de nationalité française ont été refusées. Nous devons fournir, chacun, les bulletins de salaire des trois années précédentes », explique Farah Mousli, sa femme. Elle, est actuellement employée de restauration. Le couple fait partie des 30 000 réfugiés syriens accueillis en France entre 2013 et 2020, selon les données d’Eurostat.
Une nouvelle vie imposée
Georges et Farah Mousli sont arrivés en France avec leurs enfants en septembre 2014 pour fuir les bombardements de la guerre qui s’abattaient près d’eux dans la banlieue de Damas. « Nous ne sommes pas arrivés en France par choix. C’était difficile de tout quitter et de repartir de rien. J’avais un poste importante dans mon travail », raconte Georges Mousli. Ingénieur en électricité, il occupait travaillait dans un bureau d’études chez EDS, l’équivalent d’EDF en Syrie.
En dehors de son travail, il avait une passion. « À Damas, lorsque j’avais du temps, je bricolais. Ma passion, c’est de rénover et de réparer les objets traditionnels du style Art déco. » Sa femme sourit : « Oui, nous avions un musée de 10 000 objets différents à la maison. » Elle parcourt les photos sur l’ordinateur familial. « Heureusement qu’il y a les photos pour ne pas oublier… », soupire-t-elle.
Réalisation : Victoire Renard-Dewynter/Epjt.
Déjà très actif, Georges Mousli était en service de 7 h30 à 14 heures puis débauchait pour ensuite faire de la vente dans la boutique de son père à Damas. Ce dernier exerçait le métier de bijoutier-réparateur dans la capitale syrienne. « Nous avons toujours beaucoup travaillé, même en Syrie. Nous ne restions pas enfermés dans notre coquille », commente Farah Mousli.
Cette énergie s’est avérée indispensable pour reconstruire une vie à partir de zéro. « Je suis père de famille. Il fallait faire vivre mes trois enfants et surtout apprendre le français. Ne pas rester les mains croisées, mais faire des choses intelligemment, par la volonté et la foi en Dieu », affirme Georges. Pour se nourrir, ils fréquentent l’épicerie solidaire L’ Écho du cœur qui aide les personnes en situation financière précaire.
« Il est arrivé et il a tout de suite proposé de travailler. Mais ce n’est pas le fonctionnement d’ici. On lui a donc proposé d’aider dans le jardin. C’est comme ça que l’on est devenu ami : en passant le motoculteur », raconte Francis Laurent, bénévole de cette épicerie solidaire. Véronique Laurent, sa femme, remarque des similitudes entre les deux amis. « Ils ont ce même penchant, celui de récupérer et de transformer les objets. Georges a cette débrouillardise pour reconstruire. »
Infographie : Victoire Renard-Dewynter/Epjt.
« Je pensais qu’il y allait avoir de la reconnaissance. Mais non ! Nos diplômes ne sont pas valables ici. Mais ce n’est pas grave, on persévère », explique Georges. Il a dû passer le brevet des collèges avant de suivre une formation d’un an en bijouterie pour obtenir son CAP à Saumur. En 2018, juste après avoir obtenu son diplôme, « Georges a pu travailler pendant deux ans chez Enedis, mais en tant que conseiller par téléphone, grâce aux parents des amis des enfants », indique sa femme.
Depuis, il rencontre des difficultés à trouver un travail. Il a donc décidé de se mettre à son compte en tant que bijoutier. Il fabrique ses créations en utilisant des perles qu’il récupère en vrac chez Emmaüs. « La vente de bijoux fantaisie est une stratégie pour permettre de payer des machines de réparation pour les bijoux qui sont trop chers. La vie continue, je ne vais pas arrêter d’avoir des projets. »
Victoire Renard-Dewynter
22 ans.
Étudiante en journalisme à l’EPJT.
Particulièrement intéressée par l’actualité du Moyen-Orient