Épilogue

Retrouvera-t-on un jour le canal sous l’autoroute qui sépare la ville de Tours de celle de Saint-Pierre-des-Corps ? Photo Laure Colmant

Christophe Boulanger, délégué auprès de l’adjoint chargé de la Transition écologique à Tours, pose le constat : « La ville, structurellement, est organisée depuis les années soixante-dix pour et uniquement pour la voiture.  »

La métropole réduit progressivement la place dévolue aux véhicules en supprimant prochainement, par exemple, 600 places de stationnement. L’annonce en a été faite le 4 avril 2024, avec le dévoilement du plan d’apaisement 2024-2025 de la métropole et de la ville de Tours.

Dès 2025, Tours devient un « territoire de vigilance », ce qui devrait couvrir la ville-centre et une ou plusieurs communes alentour. L’accès des véhicules les plus vieux et les plus polluants sera interdit. En réalité, sur la base des véhicules immatriculés au sein de la métropole, cela ne concernerait que 1 % du parc automobile.

Toutefois, la transition vers les véhicules électriques ou la réduction de la place de l’automobile fait craindre à beaucoup une baisse contrainte de la mobilité. Le mouvement des « gilets jaunes » (et celui des « bonnets rouges » en Bretagne avant lui) a, en effet, été déclenché par l’augmentation annoncée de la taxe carbone sur les carburants.

Mais la métropole ne se repose pas sur une simple conversion des automobilistes à la voiture électrique. Elle mise, nous l’avons vu, sur d’autres moyens de transport. Docteure en urbanisme, Marie Huygue est catégorique : « C’est difficile à faire entendre, mais nous n’arriveront pas à trouver un mode aussi simple et confortable que la voiture »

La municipalité tourangelle, étiquetée écologiste, souhaite favoriser la pratique du vélo, mode de déplacement doux. Des itinéraires cyclables et aménagés vont structurer le territoire, pour les cyclistes du quotidien, plus seulement pour les cyclotouristes de la Loire à Vélo.

La deuxième ligne de tramway entre La Riche et Chambray-lès-Tours devrait voir le jour en 2028, avant une hypothétique troisième ligne qui pourrait relier un jour Saint-Pierre-des-Corps au nord de l’agglomération. De nouvelles lignes de bus à haut niveau de service sont programmées. Bientôt le service express métropolitain régional devrait permettre de relier efficacement de nombreuses communes périurbaines et rurales au cœur de la métropole par les voies ferrées.

L’avenir des transports dans la métropole de Tours en quelques exemples

C’est un immense site minéral et ocre. Le « muscle ferroviaire » de Saint-Pierre s’étend sur 4 kilomètres et atteint parfois une largeur de 400 mètres. Ce sont donc 7 hectares, presque 10 terrains de football.

Pourtant, les collectivités locales et la SNCF considèrent aujourd’hui cette zone comme une véritable porte d’entrée sur le territoire et misent sur l’augmentation du trafic ferroviaire. Après la crise sanitaire, le flux de voyageurs a retrouvé son niveau de 2019, avec 3,8 millions en 2022.

La SNCF projette jusqu’à 10 millions de voyageurs par an à Saint-Pierre-des-Corps en 2050. À titre de comparaison, la gare de Nantes accueillait 15 millions de voyageurs en 2022 et la fréquentation des grandes gares parisiennes se chiffre en centaines de millions.

L’objectif, d’une part, est de remplacer les ateliers au centre de « l’îlot ferroviaire », au milieu des voies, par un quartier d’affaires. D’autre part, il est prévu d’apaiser et de dynamiser les différents quartiers au sud du site et leurs zones d’activité.

La SNCF a déjà lancé plusieurs pré-études sur l’évolution du site dont elle est propriétaire. Vidéo : Maël Prévost, Zacharie Gaborit / EPJT

Côté mobilité, le futur échangeur autoroutier sur l’A10 au niveau de Rochepinard va irriguer ces zones proches du Cher, accompagné d’un nouveau parvis au sud de la gare. L’actuelle entrée nord sera, elle, repensée pour l’usage du vélo, des transports en commun et, plus globalement, pour l’intermodalité.

Un « en même temps » qui ferait la part belle au développement des mobilités alternatives ou douces voulu par la métropole. Côté sud sera améliorée la connexion entre l’autoroute, un centre commercial adapté à la voiture et un accès rapide à la capitale par le TGV.

À l’horizon 2050, c’est un projet titanesque qui se dessine à l’échelle de la métropole. Il montre à quel point la mobilité et l’accessibilité sont des piliers de l’urbanisme et de l’aménagement des territoires.