Whisky Live Paris

Des Français fans de leur whisky

Les spectateurs étaient une nouvelle fois au rendez-vous du Whisky Live Paris, à la halle de La Villette. Photo : Hugo Laulan/EPJT

Quarante ans après la création de la première gamme, le whisky français connait une croissance importante et se fait une place dans les caves du monde entier. 

Par Hugo Laulan

Les amateurs se bousculent au stand Armorik de la distillerie bretonne Warenghem. Et pour cause, le doyen des whiskys français, qui célèbre ses 40 ans cette année, est aussi celui qui propose une des gammes les plus prisées de l’Hexagone. Anne Roussier, responsable de l’espace d’accueil et de visite d’Armorik, raconte l’histoire à des connaisseurs très curieux et à l’écoute. « Culturellement, la Bretagne a des racines celtes qu’elle partage avec l’Écosse et l’Irlande, deux pays de whisky. Et puis le climat de la région se prête à cette production. C’est donc en 1983 que mon père a eu l’idée de créer le premier whisky français. »

Ils sont désormais plus d’une centaine répartis dans l’ensemble des régions de France métropolitaine à en produire. En octobre dernier, la plupart étaient réunis à la grande halle de La Villette à Paris à l’occasion du Whisky Live Paris. Un week-end entier pour célébrer les spiritueux français

Les deux producteurs principaux sont l’Écosse et les États-Unis. Mais les géants historique restent l’Écosse et l’Irlande . Infographie : Hugo Laulan/EPJT

Pas moins de 23 whiskys et un total de 65 références de spiritueux produits en France étaient présents dans les allées du salon. Pour autant, si la production française de whisky a atteint les 2 millions de litres sur l’année 2020 selon la Fédération française du Whisky, elle représente encore une part infime à l’échelle mondiale à côté par exemple des 700 millions de litre annuel produit par l’Écosse. En parallèle, les Français seraient les plus gros consommateurs mondiaux de whisky avec plus de 200 millions de litre par an, selon le site WannaWhisky, même si les chiffres varient en fonction des sources. En France, le whisky représente 38,2 % du marché des spiritueux en 2022, selon Statista.

En Charente-Maritime, on fabrique du cognac, et du whisky

Contrairement à d’autres alcools, le whisky français se vend en grande partie au sein de l’Hexagone. À la distillerie Merlet, en Charente-Maritime, on fabrique du cognac depuis 1850. Et du whisky, mais seulement depuis 2016. La distribution des deux produits suit deux directions opposées : « Nous vendons 80 % de notre whisky en France et 20 % à l’étranger. Pour le cognac, c’est l’inverse ! » affirme Luc Merlet, directeur commercial de la distillerie.

Jean Vallette, lui aussi directeur commercial mais à la distillerie bordelaise Moon Harbour, constate la même tendance : « Nous exportons un petit peu mais la majorité de notre production se vend en France, surtout dans la région bordelaise. » Un phénomène encore plus marqué pour le whisky Armorik : 70 % de la production est vendue en Bretagne, 20 % dans le reste de la France et seulement 10 % à l’étranger. « Les Français aiment le whisky » commente Anne Roussier. Et le whisky français visiblement.

Réalisé par Hugo Laulan/EPJT.

Dans les différents stands représentant l’Hexagone, le mot d’ordre est le même : la qualité doit se faire grâce à une filière basée sur le local. Éric Cordelle a créé avec sa femme Anne-Hélène, en 2012, une distillerie en plein cœur du Vercors. « L’idée était de créer notre distillerie autour d’une source d’eau, pour limiter un minimum les coûts. On a ensuite mis en place des techniques de distillation à basse température pour diminuer notre consommation d’énergie. » Produit à partir d’orge de la Drôme issue de l’agriculture biologique, la distillerie du Vercors propose une gamme de trois whiskys.

Le processus de fabrication est encore plus local au sein de la maison Rozelieures, en Lorraine. Elle fabrique du whisky depuis une vingtaine d’années. « Nous sommes les premiers au monde à maîtriser l’ensemble des étapes de fabrication, de la culture des céréales à la mise en bouteille en passant par le brassage ou la fermentation » confie Sabine Grallet, cinquième génération de la famille à la tête de la distillerie.

Cette production française basée sur le local et respectueuse de l’environnement plait, mais elle a aussi un coût. Comptez en moyenne une cinquantaine d’euros pour une bouteille de 70 cl de whisky français.

Hugo Laulan

@HugoLaulan
22 ans.
Étudiant en journalisme à l’EPJT.
Passé par Caviar Magazine, La Nouvelle République, Civil Georgia et Sud Ouest.
Passionné de géopolitique, du monde post-soviétique, d’actu internationale et de foot.
Aimerait devenir journaliste pour un service international.