Photo : Didier Echelard
Pierre Rabine, 26 ans, athlète de haut niveau, haut en couleur, pour qui la natation rythme sa vie. Des projets plein la tête, il se préparait pour les championnats de France à Saint-Nazaire, lors de notre rencontre en décembre.
Par Angélina Richard
e suis bavard, dit-il avec amusement, lui qui aurait pu parler encore deux heures de plus. Pierre Rabine a 26 ans. Il pratique la natation handisport au sein du club de La Roche-sur-Yon natation (Vendée), depuis 2022 à la suite d’un événement marquant.
Au moment de la rencontre, il se préparait pour les championnats de France en petit bassin, à Saint-Nazaire. Il nage notamment, le 50 et 100 mètres dos, le 150 mètres trois nages, le 50 mètres brasse et le 50 et 200 mètres nage libre. « Je me sens tellement bien, léger et porté par l’eau. », décrit le nageur. En 2018, alors qu’il était chargé d’une mission de maintenance, il est brûlé par un arc électrique. Il a dû être amputé des quatre membres.
« On ne croirait pas qu’il n’est pas né avec son handicap. Il est à l’aise dans les placements que je lui demande de faire. Il ne lâche rien, même quand c’est difficile », salue sa coach Anaïs Faveris qui est devenue une amie.
Pierre Rabine fait du sport depuis tout petit. Surtout du football. Mais après son accident, il a dû modifier ses pratiques. Il hésite quelque temps entre athlétisme et natation, ne sachant pas vraiment ce qu’il peut accomplir avec son handicap. Finalement, comme Philippe Croizon, lui aussi amputé des quatre membres, c’est finalement dans la nage qu’il se sent à sa place.
Les principaux freins déclarés parmi les personnes handicapées âgées de 15 à 64 ans
éloignées de la pratique, selon le genre (en %), selon l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire. (Réalisation : Angélina Richard /EPJT)
Du temps, il n’en a pas beaucoup avec ses entraînements. Minimum un de musculation et sept en natation par semaine. Il aimerait d’ailleurs en faire plus, pas seulement en période de compétition. Ce qui n’est pas étonnant selon sa coach : « Il est toujours à demander plus et est toujours partant pour faire des entraînements. Cela même quand il est fatigué. »
Du temps, aussi, il a du mal à en dégager pour ses proches. Pourtant depuis son accident, il n’y a rien de plus important pour lui que la foi chrétienne et l’amour de sa famille. En témoigne la croix tatouée sur son bras gauche. « L’accident m’a fait comprendre que quand tu es un miraculé, Dieu a un projet pour toi. », confie cet enfant du milieu.
Rémunération précaire des athlètes de haut niveau. (Réalisation : Angélina Richard/EPJT)

Photo : Didier Echelard
Pour garder son statut de haut niveau, il faut des résultats. Mais pour les compétitions handisport, le système de classification est complexe. Afin de participer aux Jeux paralympiques, le nageur a dû d’abord passer des épreuves françaises. Ayant eu de bons résultats, la Fédération de natation a décidé de le faire passer en classification internationale. Celles-ci se sont déroulées lors de la coupe du monde de natation handisport à Limoges en 2023. Les classificateurs ont décidé de le faire monter d’une catégorie.
« J’ai été amputé juste en dessous du genou. Pour eux, je peux l’utiliser comme les jambes en brasse alors que ce n’est pas le cas. » Même s’il y a des règles sur lesquelles les classificateurs s’appuient pour le juger, comme la mesure des membres amputés ou la souplesse, cela dépend aussi beaucoup de leurs points de vue. Puisqu’aucune amputation ne se ressemble.
Pierre Rabine n’a pas réussi à atteindre les chronomètres qui lui étaient demandés dans cette nouvelle catégorie. Il n’a alors pas pu participer aux Jeux paralympiques. Frustré ? Sans doute. Mais c’est une motivation supplémentaire pour continuer de s’entraîner avec ardeur.

Angélina Richard
22 ans
Étudiante en journalisme à l’EPJT.
Passé par Ici, Radio Campus, diverses radios associatives, service podcast d’Ouest-France et RCF
Se destine à devenir journaliste radio.