A Maurice

La mangrove, un rempart qui prend racine

Photo : Lucas Gault/EPJT

Dans ce petit paradis de 2 000 kilomètres carrés, les mangroves renaissent peu à peu. Replantées par le gouvernement puis par des ONG depuis les années quatre-vingt-dix, après une quasi-disparition, ces forêts côtières retrouvent aujourd’hui leur rôle essentiel. Elles protègent les côtes de l’érosion et abritent une incroyable biodiversité

Par Lucas Gault

Du 9 au 13 juin, près de 130 pays se sont réunis à Nice pour la troisième Conférence des Nations unies sur l’Océan. Cinq jours consacrés à la préservation de ce qui couvre près de 70 % de la surface terrestre : les mers et les océans. Lutte contre la surpêche, réduction de la pollution, dérèglement climatique… les défis sont nombreux pour préserver les écosystèmes marins de plus en plus menacés.

Parmi les territoires les plus exposés figurent les petits États insulaires. Ils ne représentent qu’un seul petit pourcent des terres émergées, mais concentrent près d’un quart de la biodiversité marine mondiale.

De nombreux écosystèmes sont menacés, mais l’un d’eux, situé entre terre et mer, est souvent oublié : la mangrove.

Ce milieu est unique en son genre, il est constitué de palétuviers et de mangliers, des arbres et arbustes capables de vivre dans l’eau salée. Leur importance est capitale.

Léa De Oliveira, programme manager à la fondation Odysseo. Photo : Rhaïs Koko/EPJT

  • ,Leurs racines aériennes fonctionnent un peu comme une nurserie. De nombreuses espèces du lagon s’y reproduisent et y grandissent à l’abri des prédateurs.
  • En amortissant les vagues, les mangroves protègent les côtes de l’érosion. Elles retiennent les sédiments et empêchent leur propagation dans le lagon, ce qui évite d’étouffer les coraux. À l’île Maurice, lors du tsunami de 2004, de nombreux villages débarrassés de leurs mangroves ont été dévastés, contrairement à ceux qui les avaient conservés.
  • Les mangroves sont aussi de puissants puits de carbone, dix fois plus efficaces que les forêts terrestres pour capter le dioxyde de carbone.

Malgré tous ces bienfaits, leur surface a été terriblement réduite.

À l’île Maurice, prisée des touristes pour ses plages de sable blanc, les mangroves ont failli disparaître, victimes de leur image jugée peu esthétique, accusées d’être sales et d’attirer les moustiques.

En 1980, il ne restait plus que 45 hectares, contre 2 000 à l’origine. Mais dès les années quatre-vingt-dix, le gouvernement mauricien prend conscience du danger et commence à replanter des palétuviers sur les espaces côtiers. En 2005, de nombreuses associations se lancent également dans la bataille de la restauration

Au lagon du Morne, dans le sud-ouest de l’île, la fondation Odysséo, avec le soutien du projet Varuna lancé par Expertise France, a replanté plus de 12 hectares depuis 2008. Désormais, l’objectif est aussi de sensibiliser les populations locales. La fondation forme cinq femmes du village à la production de miel à partir des mangroves, une manière de protéger l’écosystème tout en créant des revenus directs pour les habitantes.