Légende
Chaque saison, des Américains éconduits par les championnats de leur pays traversent l’Atlantique pour venir jouer au football US en France. Et participer au développement de ce sport encore confidentiel dans l’Hexagone.
Par Tony Fabri, Julien Garrel, Rodolphe Ryo, Kevin Verger
En attendant un jour, peut-être, de soulever le trophée Vince Lombardi, du nom de l’entraîneur des Packers de Green Bay, les vainqueurs des deux premiers Super Bowl, ces deux jeunes Américains s’entraînent sous les couleurs du Flash de La Courneuve, en région parisienne. Début janvier, ils ont débarqué en provenance du Nebraska pour l’un, du Connecticut pour l’autre, dans cette commune de Seine-Saint-Denis. Les barres d’immeubles abritent le club au plus beau palmarès de l’histoire du football américain en France, avec notamment neuf titres de champion de France.
Comme des dizaines de milliers de jeunes footballeurs américains du championnat universitaire National Collegiate Athletic Association (NCAA) ou de ses nombreuses subdivisions, ils n’ont pas eu la chance d’intégrer une des trente-deux équipes professionnelles de National Football League (NFL), l’élite du football aux États-Unis. Ils ont donc choisi l’exil sur le Vieux Continent. Afin de poursuivre leur carrière et continuer à rêver de pouvoir vivre de leur sport favori.
En France, la pratique du football américain s’est véritablement développée à partir des années 1970, notamment sous l’impulsion d’un éducateur, Laurent Plégelatte. La Fédération française de football américain (FFFA), créée en 1983 et reconnue officiellement en 1985, compte aujourd’hui près de 25 000 licenciés. Mais elle pâtit d’un déficit de structures : aucun club ne bénéficie du statut professionnel.
Elle souffre aussi d’un manque de visibilité : le football américain est très peu médiatisé sur le territoire. Seule la finale du Super Bowl est diffusée en clair et gratuitement en France par W9, qui en a acquis les droits jusqu’en 2018. La chaîne beIN Sports diffuse toute la saison NFL, mais elle est payante. Et pour suivre le championnat français, il faut aller sur Internet où certains clubs se chargent eux-mêmes de diffuser leurs matchs en streaming et commentés en direct.
Le règlement édicté par la fédération limite à deux le nombre de joueurs pouvant être inscrits sur une feuille de match et venant d’un championnat dit « majeur », où le football américain se pratique au niveau professionnel, semi-professionnel ou universitaire. C’est le cas aux États-Unis, évidemment, mais aussi au Canada, au Mexique et au Japon. Cette limitation apparaît comme une goutte d’eau dans des effectifs qui peuvent atteindre jusqu’à une soixantaine de joueurs à cause des nombreuses rotations induites par les règles de jeu. Pourtant, les Américains – car c’est bien souvent à eux qu’on fait appel – ont un rôle primordial au sein des clubs français. D’aucuns reconnaissent l’impact des « imports », comme on les appelle dans le milieu.
L'arrivée en France
Au troisième étage de l’école hôtelière de Villepinte, en banlieue parisienne, William prépare ses affaires sous le regard impétueux d’un poster de Mohamed Ali triomphant après un énième KO. Il est à peine 18 h 30. D’ici une trentaine de minutes, c’est lui qui livrera bataille pendant deux heures d’entraînement. La pelouse synthétique du stade Géo-André de La Courneuve, situé à une vingtaine de minutes de là, l’attend. « J’ai commencé à jouer au football à 10 ans », raconte William. Ce colosse en a désormais 22.
Sur le terrain, il est linebacker, un poste défensif : il est chargé d’arrêter la course du porteur du ballon grâce à son impact physique et sa lecture de jeu. « J’ai pratiqué au lycée dans le New Jersey avant de jouer pour l’université de Yale, dans le Connecticut, pendant quatre ans », explique William, alternant son anglais natal et un français balbutiant. Là-bas, il évoluait en Ivy League, l’une des antichambres de la NCAA, l’élite universitaire. Jusqu’à ce qu’il obtienne son diplôme de biologie, à la fin du printemps 2015.
Recalé par la NFL à cause d’une blessure à la cheville, il est resté plus d’une année sans jouer en compétition après sa dernière saison universitaire. Car aux États-Unis, les championnats se déroulent en grande partie à l’automne. En France, les premiers matchs débutent généralement en février. « C’est un peu bizarre de jouer au moment où il fait le plus froid », souffle d’ailleurs le jeune homme, qui pensait sa carrière de footballeur terminée depuis son échec avec la NFL. « Puis j’ai réalisé que j’avais le football dans la peau. » Il a donc pris son téléphone pour appeler un autre William. William McHale, un ancien coéquipier de Yale, passé par le Flash de La Courneuve en 2014. Celui-ci l’a directement mis en contact avec Bruno Lacam-Caron, le manager du club francilien. « Et voilà comment j’ai débarqué en France », sourit-il. C’était le 5 janvier dernier. Un jour avant Patrick, l’autre Américain enrôlé par les Jaune et Noir pour la saison 2016.
Ce costaud, grand et chauve, de 25 ans occupe la chambre « un peu moins bien rangée » qui jouxte celle de William. Dans le centre de formation pour apprentis des métiers de l’hôtellerie, les deux imports sont nourris, logés et blanchis aux frais du club et de la commune de La Courneuve.
Patrick arrive tout droit de l’État du Nebraska. Il joue centre : au milieu de la ligne offensive, c’est lui qui lance les actions en transmettant la balle entre ses jambes sur ordre du quarterback, le meneur de jeu. Ce passionné de football américain a commencé à jouer à l’âge de 12 ans. « Ça me correspondait bien, parce que j’étais grand et j’aimais bien le côté agressif de ce sport. Et puis aussi parce que mon père y a joué », confie-t-il.
Patrick a d’abord joué pendant quatre ans pour l’université luthérienne du Wisconsin, où il a étudié la communication. Avec l’espoir que la NFL lui ouvre ses portes, comme pour son père, qui a eu la chance de jouer quelques rencontres avec les New York Jets en 1983. « Depuis que je suis diplômé, je guette les opportunités. J’ai participé à des tests avec les Chicago Bears et les Miami Dolphins mais je n’ai jamais réussi à avoir une place dans l’effectif, regrette-t-il. C’est pourquoi je suis allé jouer en Arena Football League (AFL), en indoor, pendant trois ans. Pour garder mon niveau et essayer de me faire repérer. »
Fin 2015, ce n’est pas un émissaire d’une des trente-deux franchises de NFL qui le contacte, mais bien Bruno Lacam-Caron. « Les dirigeants du Flash m’ont trouvé sur le site Europlayers.com et ont apprécié mon profil. Ils m’ont proposé un contrat et cinq jours plus tard, j’étais à Paris, se souvient Patrick, qui n’a pas hésité. Je voulais tout simplement tenter un nouveau pari. »
Comme Patrick, la plupart des joueurs étrangers, et notamment américains, ont recours à la plateforme Europlayers. Créé en 2000 par Anthony Bodineau, un développeur informatique français passionné de foot US, le site s’est transformé en quelques années en véritable plaque tournante du mercato du football américain en Europe. Sorte de vitrine virtuelle où les recruteurs des clubs européens font leur marché et où les joueurs postent leurs highlights, des vidéos de leurs meilleures performances sur le terrain. « La vaste majorité des utilisateurs sont des joueurs nord-américains qui pensent ne plus avoir d’opportunité chez eux. Par conséquent, ils se tournent vers l’Europe, et notamment la France, pour continuer leur carrière », confirme Anthony Bodineau.
« Difficile d’imaginer un meilleur endroit que la France pour jouer en tant qu’import », ajoute Travis Brody. Cet ancien joueur californien de 32 ans, passé par les Bulls de Bruxelles, a créé il y a trois ans sa boîte de consulting dédiée au football américain en Europe. Il rédige actuellement un livre sur le sujet à paraître fin 2016, intitulé The Growth of a Game : The Genesis, Development and Future of American Football in Europe (« L’essor d’un sport : origines, développement et avenir du football américain en Europe »). Pour cet observateur, « les Américains en particulier ont beaucoup de respect pour la culture, la langue et la cuisine française. Jouer en France est la priorité pour beaucoup. Si vous prenez en compte l’histoire et la beauté de ce pays, ça en fait clairement un endroit très attrayant ». Avec un niveau de jeu inférieur au meilleur échelon universitaire américain, l’Hexagone apparaît comme un terrain de jeu idéal pour les joueurs d’outre-Atlantique en mal de plaquages et de touchdowns.
s’y prendre tôt pour
trouver la perle rare
Les places sont chères pour jouer en France, comme sur l’ensemble du Vieux Continent : en 2015, seuls 800 transferts ont été signés grâce à Europlayers, pour 25 000 membres actifs. « Les équipes européennes commencent à recruter pour la saison suivante dès la fin de l’été, détaille le créateur de la plateforme. Mais c’est le mois de janvier qui est de loin le mois avec le plus de trafic. À partir de février, ça redevient progressivement plus calme jusqu’à l’été suivant. »
De leur côté, les clubs savent qu’il faut s’y prendre tôt pour trouver la perle rare. Cette année, dès le milieu du mois de janvier, Bruno Lacam-Caron, le « monsieur transfert » du Flash, était en prospection pour la saison prochaine. À peine quelques jours avant le début du championnat en France, il s’est déplacé à San Antonio, au Texas, pour assister à une convention de l’association des coachs américains de football (AFCA). Pour « travailler par anticipation » et cultiver son réseau. En plus de voir ce qui se fait de mieux en matière d’équipements sous le drapeau étoilé, « c’est l’occasion de retrouver des personnes côtoyées par le passé au Flash, glisse le manager. Des anciens joueurs de chez nous devenus coachs maintenant par exemple. » Il a ainsi pu revoir l’Américain Lyle Moevao, un de ses anciens quarterbacks, aujourd’hui entraîneur chez les Beavers d’Oregon State. « On devrait l’avoir dès l’année prochaine comme recruteur officieux pour le Flash, dévoile Bruno Lacam-Caron. Il sera un peu nos yeux dans l’université où il officie. Pour repérer nos futures recrues. »
L’apport des imports
Dans les deux conférences françaises, Nord et Sud, qui composent le championnat Élite, aucun club ne se prive des imports américains. En posséder un, voire deux, aux postes clés, généralement ceux de l’escouade offensive, semble être la condition sine qua non pour exister au haut niveau et se donner une chance de décrocher le fameux Casque de diamant récompensant le champion de D1. Le début du championnat 2016 l’illustre encore, avec l’exemple frappant des Dauphins de Nice. Surprenants leaders de la première division après cinq journées disputées sur les dix que compte la saison régulière, les Niçois devancent aujourd’hui les grosses cylindrées que sont le Flash de La Courneuve et ses neuf titres nationaux, les Cougars de Saint-Ouen-l’Aumône (champions en titre) ou encore les Argonautes d’Aix-en-Provence (huit titres).
Un début de saison tonitruant et presque inespéré qu’ils doivent en grande partie à un homme : leur import américain Rondell White. À 25 ans, ce dernier dispute sa première saison en France, après quatre années passées à défendre les couleurs de l’université de West Chester, en Pennsylvanie. Il évolue depuis toujours au poste de running back. Son job ? Gagner des yards par la course en portant la balle. Une mission qu’il accomplit à merveille sur la Côte d’Azur : à la moitié du championnat, il survole le classement des meilleurs coureurs de l’élite, avec un total de 941 yards gagnés, contre 805 pour le jeune international français Andréas Betza, son plus proche poursuivant.
Jean-Luc Donivar, le président des Dauphins de Nice, n’est pas du genre à s’extasier devant les venues massives d’Américains sur les pelouses hexagonales. Pourtant, il l’avoue, son « petit génie », comme il le surnomme, a mis tout le monde d’accord : « Rondell, c’est un phénomène, un joueur clé de notre effectif, extrêmement rapide. Individuellement, il est énorme. Au vu de nos résultats cette saison et de ses statistiques, on est un peu dépendant de lui, surtout dans le jeu au sol. »
Avec sept touchdowns inscrits en cinq matchs, Rondell White est le meilleur marqueur à la course en élite. Le véritable « impact player » de son équipe, comme il convient d’appeler ce genre de joueurs susceptibles de faire la différence à eux seuls. S’il ne nie pas l’influence qu’il peut avoir sur le jeu des Dauphins, le jeune Américain tient tout de même à la nuancer. « Si on ne regarde que les chiffres, on peut penser que je suis le centre de l’équipe. Mais il ne faut pas croire que je pourrais tout faire tout seul et qu’il n’y a qu’à me passer la balle pour que je termine, assure l’Américain, modeste. Je ne réaliserais pas cette très bonne saison sans le travail de mes coéquipiers. Ils m’ouvrent des brèches dans lesquelles je m’engouffre pour marquer. Cela témoigne du bon niveau du championnat de France et d’un mélange intéressant entre les joueurs français et étrangers. »
À Nice, il est le seul Américain, mais pas le seul import : deux de ses coéquipiers sont Tchèques et un autre Canadien. Et ils n’ont pas été recrutés sur les mêmes critères. « Eux, ce sont les bêtes de l’équipe, admet Jean-Luc Donivar sans détour. On les a pris pour leur gros gabarit, leur puissance. Parce qu’ici, sur la Côte d’Azur, où tout le monde fait attention à son physique pour aller à la plage, on a beaucoup de mal à trouver des “gros”. »
Une bonne partie de la réussite au football américain est conditionnée par l’impact physique. Par la masse de certains joueurs et leur capacité à bloquer ou à encaisser des charges. S’ajoute à cela la dimension technico-tactique, cruciale dans ce sport régi par les combinaisons sur le terrain. Cette facette du jeu, les Américains la maîtrisent mieux que quiconque. Ils grandissent dans un pays où le foot US est le sport numéro un et où les petits garçons ont depuis leur plus jeune âge un cuir ovale entre les mains. « J’ai, pour ainsi dire, joué toute ma vie au football américain, dans mon jardin avec mon père, à l’école ou à l’université, raconte Rondell White. J’ai une connaissance du jeu plus approfondie que mes coéquipiers français. Mon rôle, c’est aussi de leur faire profiter de mon expérience pour les aider à devenir des joueurs plus intelligents dans le jeu. »
À 700 kilomètres de Nice, Bruno Lacam-Caron, le manager du Flash de La Courneuve, confirme que l’écart sportif entre Français et Américains est d’abord un écart culturel : « Jouer au football américain, pour les jeunes garçons aux États-Unis, c’est comme jouer au football chez nous, c’est normal. Ils baignent dedans depuis tout petit. Alors forcément, ils sentent mieux le jeu, assimilent davantage les systèmes et les tactiques. Tout cela est presque inné pour eux. C’est ce qu’il nous manque encore en France. » Des carences que William Vaughan, l’un des deux Américains du Flash, a remarquées dès son arrivée en banlieue parisienne. « Les joueurs ne s’entraînent pas assez et manquent souvent d’expérience. Parce qu’ils commencent à jouer plus tard que nous et parce qu’il n’y a pas autant de coachs et d’infrastructures dédiées ici », analyse le linebacker. Avant de pointer du doigt le critère physique. « D’une manière générale, les joueurs ne sont pas aussi costauds en France. Il faudrait qu’ils fassent plus de musculation. Aux États-Unis, c’est quasiment obligatoire. »
Toutes ses faiblesses structurelles, Jim Criner, le directeur de l’AFCTA, un organisme d’apprentissage et d’entraînement porté par la fédération internationale pour développer le foot US en dehors de l’Amérique du Nord, les avait bien cernées, dès le début des années deux mille. Après avoir entraîné et brillé dans la célèbre NCAA, il s’est attaqué au cas français. « Quand je suis arrivé à Amiens, j’ai amené avec moi deux linemen américains, explique-t-il du haut de ses 75 ans. Des joueurs et des personnes exceptionnelles. J’ai fait de même quand je suis allé à Aix-en-Provence, puis de nouveau à Amiens ensuite. »
Partout où il passe, le coach américain entraîne des compatriotes dans son sillage. Pour renforcer ses équipes, populariser le foot US et transmettre la culture de l’effort et de la gagne. Et sa méthode s’avère payante en 2012. Lors de son deuxième passage dans la Somme, il remporte le championnat de France de D1 avec les Spartiates d’Amiens. « L’enthousiasme et l’engagement des joueurs ont été extraordinaires et resteront parmi mes plus beaux souvenirs de coaching, souligne-t-il. J’ai toujours fait attention aux joueurs que j’exposais au football européen. Quand un Américain arrive, sa qualité en tant que personne est presque plus importante que ses compétences sportives. »
« Quand un Américain arrive, sa qualité en tant que personne et presque plus importante que ses compétences sportives »
Jim Criner, le directeur de l’AFTA
D’autant que, outre leur casquette de leader tactique et technique au sein de leur équipe, les imports jouent aussi les formateurs dans les clubs français où ils passent. C’est ce rôle que le Flash privilégie avec les joueurs qu’il fait venir des États-Unis, rapporte Bruno Lacam-Caron : « On insiste pour qu’ils s’impliquent complètement en participant à l’entraînement des jeunes. Par exemple, on les partage avec les Diables Rouges de Villepinte, un club partenaire, pour qu’ils les aident à se développer. »
William et Patrick se retrouvent donc tous les vendredis soir à jouer les éducateurs avec les apprentis footballeurs. « Ce n’est pas toujours facile avec la barrière de la langue, constate Patrick. Mais on arrive à communiquer à travers les gestes. » Suffisant pour que la magie opère. « C’est eux qui ont inventé et popularisé ce sport. Ils ont un petit truc en plus. Ça motive nos gamins de les voir », remarque Franck Lacuisse, ancien joueur chargé du développement du Flash. « J’assiste à tous les matchs de la section Élite à domicile avec mes coéquipiers, abonde Amir, 17 ans, de l’équipe junior du Flash. À chaque fois, je regarde comment jouent les Américains. J’observe leurs pas, ce qu’ils font de plus que moi. Ils sont nés avec le foot, forcément, c’est plus facile pour eux. »
Lors des rencontres, justement, l’importance des joueurs originaires des États-Unis se traduit souvent par un match dans le match, où l’on surveille à la loupe les performances des représentants américains de chaque côté. Comme ce samedi après-midi d’avril, où le Flash accueillait les Argonautes d’Aix-en-Provence. Au tableau d’affichage, le duel au sommet entre les deux clubs les plus titrés sur la scène hexagonale a tourné à l’avantage des sudistes (0-14). De quoi agacer le head-coach de La Courneuve, Nicolas Simoneau, interrogé sur la saison de ses deux imports. « On ne peut pas dire qu’ils soient bons, nos imports. Ils n’apportent pas encore ce que l’on attend d’eux, c’est-à-dire de la prise d’initiative et de l’explosivité. Ils ne font pas de différences et ne sont pas au-dessus des Français », assène l’entraîneur.
D’autant plus que ce jour-là, ils se sont fait voler la vedette par leur compatriote titulaire dans l’équipe adverse, Ryan Perrilloux. « En face, le quarterback américain d’Aix, lui, a fait la différence, peste Lionel Friederich, l’un des coachs assistants des Jaune et Noir. C’est simple, il est à l’origine des deux touchdowns de son équipe. » Ce n’est pas Jesse Thompson, le head-coach des Argonautes, qui le contredira. « C’est difficile de gagner sans Américain, affirme-t-il, lui-même arrivé des États-Unis en début de saison. C’est un énorme avantage de les avoir dans ce championnat. »
Du haut de son poste de commentateur, dans la tribune du stade Géo-André, « Mumu » a, lui, une analyse bien tranchée après la rencontre. « Les clubs de D1 sont hyper dépendants des imports, déplore l’animateur de Radiossa, une webradio francophone dédiée au football américain. Le niveau de l’équipe dépend d’eux. » Des propos qui entrent en résonnance directement avec ceux du directeur technique national (DTN) de la fédération française. « On peut parler d’“américano-dépendance” pour qualifier le championnat français », concède Olivier Moret. Pour lui, cela ne fait aucun doute : « En Élite, si on retire les Américains et qu’on rejoue le championnat, le classement n’est pas le même en fin de saison. »
Le revers de la médaille
Les recruteurs les appellent les « imports ». Certains vestiaires les surnomment amicalement les « cains-ri », en verlan. Mais un autre qualificatif revient souvent dans la bouche des observateurs : « mercenaires ». Derrière ce mot, qui peut fâcher, se cache l’idée que certains de ces joueurs expatriés seraient plus intéressés par leur ascension personnelle que par leur mission d’ambassadeur. Qu’ils seraient sans véritable attache pour leur pays ni pour leur club d’accueil, qu’ils quittent d’ailleurs bien souvent au bout d’une saison.
Patrick, l’un des deux Américains du Flash de la Courneuve, se défend de toute démarche individualiste. Même s’il ne cache pas que l’un de ses objectifs prioritaires en France est « d’être le meilleur possible sur le terrain pour pouvoir envoyer des highlights aux États-Unis ». Autrement dit, gonfler son CV de quelques vidéos d’actions de classe pour espérer attirer l’attention d’équipes américaines et rebondir dans son pays natal. Une stratégie dont s’accommodent bien les clubs. Ils y voient même un intérêt, comme l’explique Joël Da Silva, le secrétaire général des Templiers d’Élancourt. « Le plus souvent, on prend des quarterbacks, l’équivalent du meneur de jeu en football traditionnel. Et on ne les garde qu’une seule saison. Pour les mettre sous pression, en quelque sorte », rapporte le dirigeant, dont le club compte un « QB » américain cette année.
Ce qui n’empêche pas les connaisseurs de se montrer critiques quant au recours systématique à des footballeurs formés aux États-Unis. « Au rugby, énormément de joueurs étrangers ont inondé le Top 14, en particulier sur des postes clés comme les charnières 9 et 10, abonde le DTN français Olivier Moret. Nous, c’est pareil pour le poste de quarterback, mais multiplié par dix. Quand on regarde la première et la deuxième division, on s’aperçoit qu’une majorité de clubs font venir des quarterbacks américains. Et quand ils partent à la fin de la saison, tout le monde espère que les prochains seront aussi bons, sinon, les résultats retombent. Mais pendant ce temps, on ne fait pas évoluer des joueurs français sur ces postes. Et trouver des “QB” français suffisamment bons pour jouer en équipe de France devient compliqué. »
Beaucoup estiment que les imports contribuent certes à augmenter le niveau intrinsèque du championnat de France mais pas celui des joueurs locaux, qui restent dans l’ombre des Américains, ni celui de l’équipe de France. Sur ce point, Franck Lacuisse, responsable de l’école de formation du Flash, fait lui aussi la comparaison avec le rugby : « On a, en France, l’un des meilleurs championnats du monde… mais avec plein de joueurs étrangers. Et à côté de ça, l’équipe nationale régresse. Parce qu’en club, les postes-clés ne sont pas occupés par des Français. » Également trésorier à la FFFA, il regrette la politique de certains clubs de l’élite qui misent tout, ou presque, sur les imports : « Malheureusement, on est dans une société qui prône l’immédiateté dans les résultats. Aujourd’hui, il y a deux politiques : celle qui veut faire du football américain un sport spectacle en faisant appel aux Américains, et celle qui promeut la formation à long terme, qui permettrait de nous passer des imports pour progresser. »
Son collègue de la fédération, Olivier Moret, va plus loin et invoque le découragement des jeunes joueurs français : « Faire venir des joueurs formés aux États-Unis, c’est sûr, ça peut attirer un peu de monde dans les stades, booster les résultats et créer de bonnes dynamiques dans les clubs. Ça peut aussi frustrer certains jeunes qui s’entraînent à un poste depuis des années et qui, une fois arrivés en senior, se retrouvent sur le banc. »
Depuis son neuvième et dernier Casque de diamant décroché en 2011, le Flash de La Courneuve tente de réorienter sa politique pour privilégier la formation française. Et si le club fait appel à des Américains, c’est uniquement pour une question d’effectif. « Pour moi, aujourd’hui, les imports ne sont pas un plus dans une équipe, affirme Franck Lacuisse. Ce sont des pansements. Ils comblent un vide numérique. » Il faut dire que l’effectif, ou le roster, d’une équipe de football américain peut atteindre une soixantaine de joueurs, avec les titulaires et les remplaçants de l’attaque, de la défense et des escouades spéciales. Pas facile, alors, de composer une équipe compétitive 100 % française, même si c’est l’objectif affiché par le club courneuvien. Le Flash a d’ailleurs lancé son école citoyenne de football américain en septembre 2014. Reconnue parcours d’excellence sportive (PES) par la fédération, elle forme au quotidien des jeunes lycéens pratiquant le football américain en parallèle de leurs études.
Sans avoir encore atteint ce niveau de structuration, les Dauphins de Nice et leur président Jean-Luc Donivar poursuivent un objectif similaire, malgré les performances exceptionnelles cette saison de leur import Rondell White : « On espère un jour ne plus avoir besoin des Américains. Il faut former. L’avenir du foot US en France, ce sont les jeunes. D’ailleurs, cette saison, l’ossature des Dauphins de Nice est constituée des champions de France cadets 2009. Et notre quarterback est un jeune de 19 ans. C’est une erreur de tout miser sur les imports, les clubs qui sont dans cette logique n’ont rien compris. »
« Des apports en troisième division, pour moi, c’est tout simplement de l’hérésie » »
Olivier Moret, DTN
Dans le viseur du président azuréen : les grosses écuries parisiennes mais aussi les Black Panthers de Thonon-les-Bains, double-champions de France en 2013 et 2014. Leur président, Benoit Sirouet, ne cache d’ailleurs pas que le recours au joueurs nord-américains fait partie de la culture du club « depuis 1992 » et qu’il estime « difficile d’avoir un succès au niveau national ou européen sans eux ». Il tient tout de même à rappeler que les Black Panthers sont, de fait, « désavantagés dans le recrutement par la zone démographique de Thonon, dans un championnat avec des clubs situés dans des grands bassins de population ». Benoit Sirouet peut comprendre les « clubs qui veulent monter rapidement et prendre des raccourcis. Mais faire venir des imports, dans l’idéal, ça doit se faire dans des structures solides. Sinon c’est du one-shot et ensuite on redescend. »
La frénésie pour les Américains, qui s’est manifestée dès les premières années de l’importation de ce sport en France, ne concerne pas que les huit clubs de l’élite. Elle touche aussi, et de plus en plus, les divisions inférieures. « Les imports sont à la mode en D2 et en D3 », ironise Frank Lacuisse. Lors de la dernière commission de la fédération, les clubs de troisième division ont milité pour repousser la date du début du championnat afin d’avoir plus de temps pour se préparer. Alors que la saison précédente a débuté en octobre, cette année, elle n’a commencé que le week-end du 23 janvier.
Selon Franck Lacuisse, ce changement de timing est surtout une stratégie pour facilité le recrutement d’Américains, dont les compétitions universitaires se terminent généralement à partir de décembre. « Tenez ! À côté de Strasbourg, dans un club de troisième division, les Géants de Souffelweyersheim, ils viennent de recruter deux Américains et deux Allemands », souffle-t-il, à quelques jours de la reprise. Dans les faits, les Alsaciens ont même jeté leur dévolu sur un cinquième import avant l’hiver. Avec son armada étrangère, le Géant de Souffelweyersheim s’est hissé à la première place de sa poule de D3. Il caracole aussi en tête des clubs français comptant le plus de joueurs étrangers, avec les Mousquetaires de Paris, club de deuxième division. « Des imports en troisième division, pour moi, c’est tout simplement de l’hérésie », lâche Olivier Moret.
Si pour certains, comme les Géants, les résultats suivent, pour d’autres, le pari américain peut aussi faire flop. Cette saison, toujours en D3, le décalage entre les Nord-Américains et le niveau de jeu général s’est parfois révélé problématique. Le club des Esox de Basse-Goulaine, près de Nantes, confesse un problème rencontré avec un joueur canadien. « Il n’avait pas compris la différence entre la pratique en Amérique du Nord et celle en France, rapporte Mathieu Thomas, cofondateur de ce club créé en 2012. De surcroît dans un tout petit club… Pour lui, les matchs devaient être âpres et les équipes adverses des ennemis sur et en dehors du terrain. Il faut juste bien identifier la personne qui correspond le mieux au projet du club. Je pense que ce joueur aurait été mieux dans un club de l’élite ou très bien structuré », poursuit le dirigeant des Esox. Une mésaventure qui « n’est pas forcément un cas isolé », précise-t-il.
Il n’y qu’à regarder du côté des Chevaliers d’Orléans où pas moins de deux Américains ont été remerciés cette saison. Dans un premier temps, le club orléanais a fait appel à un entraîneur américain. Un « ancien joueur professionnel » et un « très bon technicien ». « Mais le décalage entre la culture sportive américaine et la nôtre ici, reposant sur le bénévolat, a fait que ça ne collait pas : lui venait d’un monde où le sport est surtout un business, où les joueurs sont des athlètes professionnels et les staffs techniques très fournis et organisés », regrette Paul Belin. En janvier, les Chevaliers ont attiré un autre Américain, un joueur cette fois, sortant d’une saison en Pologne. « Lui non plus n’est pas resté longtemps. À peine deux mois. » Absent aux entraînements, il ne se maintenait pas suffisamment en forme et cherchait, selon son club, plus à faire la fête qu’à accomplir véritablement sa mission.
Pour Joël Da Silva, le dirigeant des Templiers, cette politique sportive, « c’est n’importe quoi. Les clubs de D3 qui prennent des Américains font ça pour monter en D2, sauf qu’ils n’ont souvent pas les structures adaptées pour suivre ». Le dirigeant pointe tout de même des impératifs de résultats grandissants, qui peuvent pousser des clubs de tous les étages à se renforcer à l’étranger : « Aujourd’hui, il faut faire en sorte d’être compétitif et de gagner sur le terrain pour décrocher des subventions publiques qui ne cessent de baisser. » Les meilleurs clubs français semblent aussi dans l’obligation de recruter « américain » pour exister sur la scène européenne, notamment face aux équipes allemandes et autrichiennes. Deux pays qui ouvrent grand leurs portes aux imports, sans que ces derniers n’y soient perçus comme des « mercenaires ».
Partir ou rester
Les imports américains sont généralement engagés pour une saison. Après les six mois de compétition, de fin janvier à fin juin, plusieurs perspectives s’offrent à ceux qui souhaitent poursuivre leur carrière : continuer au sein du même club si celui-ci n’a pas jeté son dévolu sur un nouvel Américain ; aller voir ailleurs en France ou en Europe ; ou encore retourner pratiquer aux États-Unis si l’occasion se présente.
Avec ces contrats de quelques mois, certains jouent les globe-trotteurs au sein de l’Hexagone. Jared Bradley, 27 ans, est de ceux-là. Depuis son arrivée en France en 2013, il a déjà porté les couleurs de trois clubs différents. Ce running back, qui peut aussi jouer linebacker, a d’abord été repéré sur le site Europlayers.com par les recruteurs des Argonautes d’Aix-en-Provence, qui officiaient alors en D2. « Je suis venu en France parce que je voulais vivre du football. Or, c’est très dur en Amérique, rappelle le joueur passé par l’université du Delaware. Un ami à moi m’avait soufflé l’idée d’aller jouer en Europe pour avoir quelques références à montrer aux équipes américaines. » Après sa première saison sous le soleil de Provence, ponctuée par une finale de conférence Sud perdue face au voisin nîmois, il a tout de même retraversé l’Atlantique. Histoire de goûter à l’ambiance du football en indoor. Une expérience d’à peine un an, peu concluante. Un message sur Facebook des Pionniers de Touraine aura suffi à le faire revenir en Europe. Et à le rattacher un peu plus à la France.
Au milieu d’une saison compliquée à l’issue de laquelle les Tourangeaux ont été relégués en troisième division, il a rencontré sa petite amie. Sur la route du supermarché. « Si je n’avais pas eu la chance de venir en Europe pour jouer au football, nous ne serions pas ensemble », savoure l’athlète, qui a rejoint les rangs des Centurions de Nîmes, toujours en deuxième division. Son troisième club français en quatre ans. Pour autant, l’actuel meilleur marqueur à la course de la saison ne se considère pas comme un « mercenaire ». « Si je n’arrive pas à jouer aux États-Unis, je veux simplement continuer à évoluer en France aussi longtemps que possible, affirme-t-il. Aussi à me faire des amis et à apporter mon aide partout où je passe. »
Lui a fait le choix de rester. Pour de bon. Perez Mattison, l’ancien quarterback des Templiers d’Élancourt, avait pourtant imaginé faire toute sa carrière aux États-Unis. Il avait tout planifié dès l’âge de 15 ans. « J’espérais jouer en NFL pendant dix ans, puis terminer à un poste de consultant pour la chaîne de sports ESPN », raconte-t-il. Il a commencé à taquiner le ballon ovale dès l’âge de 5 ans. Mes portes de la NFL ne se sont pas ouvertes après ses quatre saisons disputées en NCAA avec l’université d’East Carolina, en Caroline du Nord. « Je n’ai pas réussi à obtenir la confiance d’un coach, confie Perez Mattison. Je n’avais pas la taille recherchée pour jouer quarterback en NFL. J’ai essayé de tester d’autres postes comme receveur ou defensive-back à l’occasion de quelques camps avec les Dolphins de Miami et les Baltimore Ravens. Mais finalement, ça n’a pas souri. » Déprimé par cet échec, il refuse des opportunités pour intégrer la CFL, la ligue canadienne de football. « Je n’avais pas envie d’aller jouer dans le froid », plaisante-t-il aujourd’hui.
La donne a changé quand il a reçu un mail des Templiers d’Élancourt lui proposant de traverser l’Atlantique. « Je suis parti tout de suite. Je me suis dit : “Tu vas prendre cette chance, de quitter les États-Unis, de voir un peu le monde”, se rappelle-t-il. Surtout qu’ils m’offraient la possibilité de jouer à mon poste, quarterback. Ils ont voulu de moi, ils m’ont fait confiance. »
Perez Mattison dispute une première saison, en 2001. Puis revient aux États-Unis pour travailler un peu et retenter sa chance dans des stages pour intégrer une franchise de NFL. « Mais le temps passait et je vieillissais. Je ne pouvais plus vraiment lutter contre les jeunes sortis tout juste de l’université, concède-t-il du haut de ses 42 ans. C’est à partir de là que j’ai réalisé que je pouvais transmettre en France les leçons apprises aux États-Unis. »
Il rempile donc chez les Templiers, où l’équipe élite était très jeune à l’époque. « J’avais besoin d’eux comme ils avaient besoin de moi, c’était un bon mariage », assure-t-il. Et il s’est totalement épanoui dans le championnat français. « Je me suis dit que j’allais vivre mon rêve en Europe, en France. En amenant mon équipe là où elle n’avait jamais pu aller. Et nous sommes arrivés en finale, contre le Flash, l’équipe la plus titrée », expose-t-il fièrement. C’était en 2004. Une défaite par cinq points. « C’est ce qui se faisait de mieux ! Ils restaient sur trois saisons sans le moindre match perdu », tient-il quand même à préciser.
Un an plus tard, il s’est installé définitivement à Paris. « Petit à petit, j’ai construit mon réseau ici », raconte-t-il. Comme Jared Bradley, il est, lui aussi, tombé sous le charme d’une Française. « Dans une boîte de nuit, après une défaite. Je n’étais pas motivé pour aller danser. Mais quand je l’ai vue, j’ai craqué sur elle. Depuis, nous nous sommes mariés et nous avons eux deux petites filles », sourit-il.
Perez Mattison a ensuite fait sa demande pour avoir la double nationalité. En attendant d’être éligible pour jouer en équipe de France, en 2009 il a commencé comme coach des quarterbacks en sélection. Finalement naturalisé début 2015 après l’obtention de son diplôme en webmarketing, il a été appelé pour représenter la France à la Coupe du monde 2015, organisée à Canton, aux États-Unis. Compétition durant laquelle les Bleus ont affronté le pays hôte. Une défaite, cuisante, 82-0, qui restera néanmoins un moment phare de sa carrière. « C’était une fierté de représenter le pays qui m’a adopté grâce à mon sport préféré, insiste-t-il, dans un français encore enrobé d’un fort accent américain. Je me suis un peu fait charrier mais c’est comme une petite revanche pour moi de revenir jouer dans mon pays d’origine avec l’équipe de France. »
Cette passion anime toujours ce Parisien d’adoption. « J’ai envie de donner mon expérience aux Français, répète-t-il. Et les Français ont besoin des Américains car c’est en se frottant aux meilleurs qu’on apprend. » Après son passage chez les Templiers, il a rejoint les Spartiates d’Amiens. Pour se rapprocher du pôle France, basé là-bas. « J’ai été champion avec eux en 2010. J’y suis resté deux ans. Puis j’ai pris une année de césure pour m’occuper de mon premier enfant. » Il revient à la compétition en 2014 pour une pige avec le Flash. Avant de céder aux sirènes du nord de l’Allemagne : celles des Cougars de Lubeck, où il officie aussi comme coach de l’escouade offensive. Une destination qui l’oblige à partager son temps en deux. Du jeudi au dimanche dans son club outre-Rhin. Et du lundi au mercredi, à Paris, où il prépare activement son après-carrière. Avec un projet ambitieux. « À la fin de la saison prochaine, j’aimerais ouvrir mon école de foot en France, annonce-t-il. Une académie pour les meilleurs jeunes joueurs français et européens. À l’américaine ! »
Dans les couloirs du stade Géo-André de La Courneuve, William et Patrick pensent aussi à l’avenir. Si la saison est encore loin d’être terminée, les deux Américains du Flash s’orientent déjà vers des trajectoires différentes. « Je ne regrette pas cette expérience en France. Mais je pensais que le football américain serait davantage pris au sérieux ici, confie William. Je vais probablement rentrer aux États-Unis à la fin du championnat. Pour me poser et savoir ce que je vais faire de ma vie sur le long terme. » Une chose est sûre, ce sera pour « faire quelque chose en lien avec le football ». « Moi, je pourrais vraiment m’imaginer vivre ici », réagit Patrick. Le joueur, originaire du Wisconsin, serait partant pour rempiler avec le Flash ou avec une autre équipe française l’hiver prochain. Entre-temps, il a déjà prévu de retourner s’entraîner aux États-Unis tout l’été. Toujours animé du même espoir : recevoir, un jour, le fameux « coup de fil de la NFL ».