Florian Bernard

le Geek devenu boss

Florian Bernard travaille sur la sortie de son prochain jeu vidéo Skirmich, prévue pour 2025. Photo : Jules Rouiller/EPJT

Chef de projet game designer pour son studio Skimrich Games, Florian Bernard consacre ses journées au développement de son premier jeu vidéo, Skirmich. Fraîchement diplômé de l’école de modélisation Ynov à Lyon, le Tourangeau se lance dans l’arène.

Par Jules Rouiller

la nuit tombée, un jeune homme de 26 ans pousse la porte du café La Vagabonde, à Tours. Florian Bernard s’installe auprès de ses amis et d’emblée leur parle de l’aboutissement d’un projet qui lui tient à cœur : Skirmich, un jeu vidéo (jeu de plateau sur téléphone). L’étude de faisabilité vient d’en être validée par la Chambre de métiers et de l’artisanat (CMA) d’Indre-et-Loire. La date de sortie est prévue pour 2025.

« Le déclic qui a changé ma vie, c’est ma participation à l’élaboration du premier Startup weekend jeux vidéo à Lyon, en 2019 », explique Florian Bernard. Cette année-là, il arrive sur les bancs de l’école Ynov à Lyon, pour suivre une formation 3D et animation pour jeux vidéo. Le Startup weekend jeux vidéo est l’occasion pour lui de rencontrer la grande entreprise française de développement, d’édition et de distribution de jeux vidéo Ubisoft.

« Le but de cet évènement, analyse-t-il, ce n’est pas de créer un jeu vidéo mais un studio, pas un produit mais une structure. » Cela fait déjà quelques années que Florian Bernard souhaite créer son propre studio.Il y réussira en fondant le Skirmich Games en 2024. De nombreuses écoles s’ouvrent au monde du jeu vidéo (Brassart à Tours) mais la France n’offre pas d’emploi pour ces futurs diplômés du gaming. « Avec le studio Skirmich Games, je souhaite être acteur pour répondre à ce problème en créant de l’emploi », poursuit le jeune game designer.

Escape Game réalisé par Jules Rouiller / EPJT
Le monde du jeu vidéo est sa passion mais aussi son travail. Pourtant, l’accès à cet univers lui a longtemps été interdit. Florian Bernard a grandi dans une famille stricte à Châteauroux, dans l’Indre. « Je ne connaissais pas les jeux vidéo, la télé, le cinéma, explique-t-il. J’ai longtemps vécu dans un milieu désenchanté. »

Son émancipation vient d’une invitation d’un de ses amis du collège. Il lui a proposé de passer un après-midi ensemble pour regarder Le Seigneur des anneaux. « Mes parents ne voulaient pas que j’aille chez des amis qu’ils ne connaissaient pas. Je leur ai demandé mille fois avant qu’ils acceptent », se souvient-il.

Cet après-midi-là, Florian Bernard découvre le monde fantastique, les films, les effets spéciaux et toute la pop culture. Il rit quand il raconte sa stupéfaction devant l’une des scènes principales du film du réalisateur Peter Jackson : « J’ai déchiré le fauteuil en cuir des parents de mon ami devant la charge des cavaliers du Rohan. »

Pour l’adolescent, c’est une révélation. Il sait en son for intérieur qu’il doit fuir pour créer. La volonté de s’évader se concrétise lorsqu’il s’échappe de Chatearoux pour rejoindre la licence philosophie de l’Université de Tours, en 2016.

Infographie réalisée par Jules Rouiller / EPJT

« Je vadrouillais à la fac », évoque Florian Bernard. Skyrim, Saga des Fables et Pokemon lui ont fait lâcher ses cours pour les manettes. « Mon meilleur ami, Maxime Sabard, m’a donné un coup de fouet pour essayer de monter mon propre jeu vidéo ».

Il décide alors de partir à Lyon pour se former au monde du gaming. À Ynov, il rencontre Baptiste Bel et Ryan Marton avec qui il se lie d’amitié. Ils réalisent ensemble leur premier jeu Sins of Technology qui est toujours dans les cartons.

Trois ans plus tard, Florian Bernard, chef de projet Game Designer, travaille à distance avec eux pour accélérer la création du studio Skirmich Games. « Florian aime fédérer, commence par décrire Maxime Sabard. Il sait raconter des histoires et captiver l’audience. Mais il reste très confiant dans ces idées. Cela le pousse à s’entêter sans prendre l’entièreté de son environnement en compte. ».

Les parents de Florian Bernard voient d’un autre œil ce projet : « Pour nous, c’est difficile d’imaginer une réussite professionnelle, pour qui que ce soit, dans ce secteur (le jeu vidéo, NDLR). » L’enthousiasme de leur fils ne les a pas vraiment gagnés.

Ce game designer attend le Japan Tours festival 2024 avec impatience pour présenter la version finale de Skirmich. « Ce jeu est un projet viable. Nous avons besoin d’entrepreneur comme lui en Indre- et-Loire », commente Christian Soulezelle, bénévole de l’Entente des générations pour l’emploi et l’entreprise (EGEE).

Après une enfance loin des jeux vidéo, Florian Bernard voit sa fantaisie devenir réalité.

Jules Rouiller

@jules_rllr
21 ans.
Etudiant en journalisme à l’EPJT.
Passé par La Nouvelle République et Ouest-France.
Passionné par le sport et la musique.
Aimerait se lancer dans le journalisme de sport.