Le domaine de La Grange Tiphaine, près d’Amboise, élève ses vins en biodynamie. Lors du festival, on peut les goûter et poser des questions aux viticulteurs. Photo : Clara Lebarbey/EPJT
Chaque année, en novembre, Le prieuré Saint-Cosme, aux portes de Tours, accueille de nombreux visiteurs. Ils déambulaient dans les allées du de la maison de Ronsard qui accueille le festival des vins de Touraine. L’occasion pour les vignerons de promouvoir leur domaine.
Par Clara Lebarbey
Le prieuré Saint-Cosme, à La Riche, près de Tours, reçoit des visiteurs tout au long de l’année. Dans cette ancienne demeure de Pierre de Ronsard – il y fut prieur pendant vingt ans jusqu’à sa mort –, il fait bon flâner en famille. Mais en novembre, ce sont des visiteurs intéressés par autre chose que les vieilles pierre. C’est en effet dans ce domaine qu’est organisé le Festival des vins de Touraine depuis bientôt six ans. Certains en profitent pour visiter le petit musée dans la maison de Pierre de Ronsard et sa tombe. Mais ils sont surtout là pour déguster du vin de Touraine, voire pour en acheter.
En 2023, 32 représentants de domaines et de caves ont fait le déplacement. Leur but n’est pas de faire des ventes, c’est en tout cas ce qu’ils affirment. Pour eux, c’est surtout l’occasion de « promouvoir l’appellation d’origine contrôlée [AOC] vins de Touraine », rappelle Corinne Collain, responsable de l’AOC Touraine et coordinatrice du festival.
Cependant, grâce au 3 000 visiteurs qui ont passé leur samedi à déambuler dans le domaine, ce sont 4 186 bouteilles qui se sont vendues.Les vignerons présents ont réalisé, à eux tous, un chiffre d’affaires d’environ 45 000 euros.
L’AOC Touraine en quelques chiffres. Infographie : Clara Lebarbey/EPJT.
Les touraines sont des vins qui plaisent au Français. Entre 2019 et 2023, environ 22 % de la production a été exportée, dont 56,5 % en Europe. La moitié moins que les bordeaux (43 % en 2020).
Mais la plupart des vignerons présents au festival assurent que leurs exportations sont plus importantes. Ainsi, les viticulteurs de la Maison de Touraine, implantés à Saint-Romain-sur-Cher (Loir-et-Cher), produisent quelque 700 000 bouteilles par an, dont 60 % sont exportées.
Coralie Delecheneau, vigneronne de La Grange Tiphaine, assure que 50 % de sa production part à l’exportation. Accompagnée d’un stagiaire en BTS Technico-commercial vins, bières et spiritueux, qu’il étudie à Amboise, elle est heureuse de partager sa passion avec les visiteurs.
Au Prieuré, si on veut goûter au vin, il suffit de s’acquitter de 6 euros. On obtient alors un gobelet qui permettra de déguster autant de fois et à autant de stands que l’on veut.
Parmi la foule qui déambule dans le prieuré et dans la salle du réfectoire des chanoines, aucune tranche d’âge ne semble prédominer. Et les budgets sont très hétérogènes. Certains se fixent une limite de 50 euros, d’autres doublent la mise en repartant avec 100 ou 150 euros de vins de Touraine.
Lors du festival, certains viennent pour déguster, d’autres pour acheter et d’autres encore pour une simple promenade entre amis. Photo : Clara Lebarbey/EPJT.
C’est une manifestation courue dans la région. Chaque année, les Tourangeaux s’y pressent entre amis ou en famille. Ils viennent acheter pour eux, « mais aussi pour ceux qui n’ont pas pu venir », précisent des visiteurs, un verre à la main. Pour la cinquième manifestation, qui s’est tenue le 11 novembre 2023, ils ont particulièrement apprécié l’atelier culinaire proposé par un vigneron et Angélique Marquet, productrice de sainte-maure de Touraine, pour son enseigne Les Fromages d’Angel. L’accord fromage/vin est toujours un must.
Etre guidé dans son choix
Même quand ils viennent sans trop d’envie, presque par hasard, repartent avec des bouteille. L’an passé, deux jeunes gens, l’un salarié dans les assurances, l’autre étudiants, se sont laissés convaincre par une bouteille chacun du vignoble Dinocheau, à 7,50 euros la bouteille. « C’est bien d’être guidé, de tester et d’avoir les explications des vignerons pour faire son choix », ont-ils expliqué.
Les vrais amateurs de vins se rendent eux au festival pour déguster la qualité qu’ils aiment reconnaître dans les vins de Touraine cultivé « sur une partie des départements d’Indre-et-Loire et du Loir-et-Cher ».
Les différents cépages de l’AOC Touraine. Graphique : Clara Lebarbey/EPJT.
Les vignes et les domaines se situent autour des villes de Tours, de Chinon, d’Amboise, de Blois et de Montrichard. On dénombre cinq dénominations sous l’appellation AOC Touraine : Touraine-Chenonceaux, Touraine-Amboise, Touraine-Mesland, Touraine-Azay-le-Rideau et Touraine-Oisly.
La diversité des cépages de la région est reconnue : sauvignon, chenin, chardonnay, orbois, gamay, cabernet franc, côt, pinot noir, cabernet sauvignon, grolleau et pineau d’aunis. Sans surprise, c’est du vin blanc qui est le plus vendu en cette journée de fête.
Le festival est surtout l’occasion de rappeler les enjeux de l’AOC. Celle-ci désigne des produits qui répondent à certains critères et sont attachés à un territoire, à un terroir. L’AOC est souvent une étape vers l’appellation d’origine protégée (AOP), sigle européen.
La prochaine édition du festival des vin de Touraine se tiendra le 9 novembre 2024, toujours au prieuré de Saint-Cosme. Ce ne sera pas le seul rendez-vous pour les amateurs de vins en novembre. Quelques jours plus tard arrive le traditionnel beaujolais nouveau, un vin primeur, c’est-à-dire mis en vente juste après la récolte. Il existe également de très bons primeurs de Touraine que l’on peut découvrir à la même saison, notamment au lycée viticole de Fondettes. Les vins issus de l’agriculture biologique ont aujourd’hui la cote. Fin novembre, le salon BioTyfoule s’installera à l’hôtel de ville de Tours pour promouvoir les vins bios tourangeaux.
Clara Lebarbey
@claralbrb
23 ans.
Journaliste en formation à l’EPJT.
Passée par Ouest-France et La Manche Libre.
Passionnée par l’histoire, la politique et les sujets littéraires.
Aimerait devenir journaliste en presse écrite locale ou nationale.