Jeux Olympiques

Un café pour rencontrer des sportifs de haut niveau
Les Cafés du Sport tourangeau ont lieu cinq lundi par an. Photo : Lou Attard/EPJT;

Tours prépare l’arrivée des jeux Olympiques en France. Des Café du sport sont organisés régulièrement lors desquels des tourangeaux et d’anciens champions se réunissent pour discuter de l’expérience olympique. Ce soir-là, c’était au bar Etape 84.

Par Lou Attard

Deux cents jours avant les jeux Olympiques de Paris 2024, la liste des sites des épreuves olympiques a été dévoilée. Dans la région Centre Val de Loire, c’est le Centre national de tir de Châteauroux (Indre) qui a été sélectionné pour les épreuves de tir – valides et paralympiques. Pour préparer la réception de ces sportifs dans la région, des rencontres – des Cafés du sport –  ont été régulièrement organisées.

Ainsi, le lundi 4 décembre, au bar-restaurant Etape 84 de Tours, une quarantaine de personnes, des habitués et des curieux, se retrouvent dans une ambiance feutrée de fin de journée. Maillots encadrés, goodies du Tour de France accrochés au mur… la décoration indique le repère de sportifs. Victor Simon, le gérant, tient à cette image de « bar de quartier ». « Notre objectif est de donner un peu plus de vie au tissu local du quartier des Sanitas. […] Nous avons beaucoup de partenariats avec des événements sportifs et notamment de cyclisme. C’est toujours un plaisir d’accueillir des passionnés », confie-t-il.

Antoine Burbaud, à l’origine du projet, s’empare du micro pour commencer la présentation. L’assistance, impatiente, se fait rapidement silencieuse. Ce Café du sport tourangeau a invité des anciens champions olympiques : Christophe Bordeau, détenteur de 25 titres de champion de France de natation et trois participations aux jeux Olympiques de Séoul (1988), de Barcelone (1992), et d’Atlanta (1996) ; Marie-Christine Fillou, médaillé de bronze en tennis de table aux jeux Paralympiques de Pékin (2008) ; Pascal Foussard, manager général de l’équipe du Tours Volley-Ball et de l’équipe de France de volley-ball championne olympique à Tokyo en 2021 et Manon Houette, joueuse du Chambray Touraine handball et vice-championne olympique à Rio en 2016.

Un engouement sportif réel à Tours

En début de soirée, Bertrand Bourgeault, président de l’association Tours Rugby 2023-2024 était l’invité de L’Expresso, un entretien avec un invité au cœur de l’actualité sportive tourangelle. Il a décrit l’accueil du XV d’Irlande, en septembre 2023, pour la Coupe du monde de rugby. Il a fustigé les problèmes d’emploi du temps des Irlandais : « Un coup, ils viennent en retard. Ils ne veulent pas faire l’entraînement mais sont d’accord pour une photo d’équipe. […] C’était compliqué à encadrer. On espère faire mieux pour 2024 (Rires). »

Mais il souligne aussi les retombées positives de cette venue. Depuis la Coupe du monde du rugby, une dizaine de nouvelles recrues se sont inscrites à cette discipline à Tours. « Cela montre que l’engouement pour le sport est réel à Tours. J’espère le même mouvement pour les jeux Olympiques », explique-t-il. 

Le label Terre de Jeux 2024 a été attribué à de nombreuses collectivités du département. En plus, onze lieux sportifs tourangeaux ont été sélectionnés pour être des centres de préparation. Parmi eux, le stade de Grandmont accueillera l’athlétisme, le stade de la Vallée du Cher le football et la salle Grenon, au Palais des sports, le volley-ball. 

De gauche à droite, Antoine Burbaud, Christine Fillou et Pascal Foussard. Membre de l’équipe de France depuis 2005, Marie-Christine Fillou a remporté la médaille de bronze par équipe en tennis de table aux jeux Paralympiques de 2008. Photo : Lou Attard/EPJT.

Les quatre champions olympiques prennent place dans les fauteuils en velours de l’Etape 84. Les applaudissements fusent. « Est-ce que les jeux Olympiques étaient un rêve d’enfant ? » amorce Antoine Burbaud. Pour Marie-Christine Fillou, pongiste handisport, ça ne l’était pas. En 1994, à la suite d’une erreur médicale, elle est devenue paraplégique. « Avant mon accident, je faisais du sport mais je n’étais pas douée. J’en faisais pour m’amuser », confie-t-elle.

En racontant ses Jeux, la pongiste raconte les sacrifices financiers qui ont été les siens et la difficulté de trouver des sponsors en tant que sportif paralympique. « Avant d’être sélectionné pour les Jeux, il faut gagner des points en tournoi. On part aux quatre coins du monde à nos frais […]. En moyenne, une compétition coûte environ 1 000 euros. Quand on gagne un tournoi, on reçoit une médaille et le droit de rejouer […]. J’ai passé mon temps à jouer avec des vieux revêtements de raquette parce que chaque sous était compté. »

Cela ne l’a pas empêchée de sabrer le champagne – hors de prix – après un tournoi à Chicago, quand elle a su qu’elle était sélectionnée pour les jeux Olympiques.

Infographie réalisée par Lou Attard/EPJT. Source : Libération et Le Parisien.

 

Pour Christophe Bordeau, nageur, c’est sa famille que les jeux Olympiques ont impactée. « C’est une carrière de sacrifices à partir du moment où j’ai été marié et que j’ai commencé à avoir des enfants. Je n’ai pas beaucoup vu grandir ma première fille, née en 1992. Je partais tous les week-ends et cinq mois en été. C’était pour ce que j’aimais et si je le faisais c’était que j’avais l’aval de tout le monde », reconnaît-il. Cela ne l’empêche pas de plaisanter : « Pendant les Jeux d’Atlanta, ma femme était enceinte. J’ai fait des enfants tous les quatre ans. C’est ça l’état d’esprit du sportif. » L’assistance s’esclaffe.

Dans les témoignages, la peur de la blessure est omniprésente. La vigilance lors des entraînements est constante. En janvier 2020, Manon Houette a dû renoncer aux jeux Olympiques de Tokyo à cause d’une rupture des ligaments croisés du genou. Elle explique ne pas avoir pu regarder ses coéquipières jouer : « C’était au-dessus de mes forces. »

Manon Houette (à gauche) et Christophe Bordeau (à droite). Né à Tours en 1968, Christophe Bordeau est spécialiste du 200 mètres : papillon, quatre nages et nage libre. Photo : Lou Attard/EPJT

Les quatre sportifs évoquent leur victoire et leur défaite et partagent des anecdotes sur les Jeux vus de l’intérieur. Pour Antoine Burbaud, ces moments de rencontre sont avant tout là pour « montrer la réalité de ces sportifs, que ce soit la pression, la préparation mentale ou les défaites ». 

C’est ce qui a particulièrement plu à un couple venus pour le Café du sport tourangeau. « J’ai beaucoup aimé savoir comment cela se passait dans les villages olympiques et leur vie après les jeux Olympiques. C’est comme si nous étions des petites souris », commente Marie. Le couple a aussi beaucoup aimé les petites anecdotes de chacun comme celle où Manon Houette explique qu’elle a perdu sa médaille et l’a retrouvée aux objets trouvés de l’hôtel le lendemain.

Les sportifs partagent leur vie après les jeux, loin de l’image glorieuse qui s’y rattache. « On gagne le mercredi et on rentre chez soit le samedi suivant. Une semaine après la victoire, on sort la poubelle et on fait à manger, comme tout le monde. Tout va très vite », ironise Christophe Bordeau. 

Quand la question épineuse de l’organisation des jeux Olympiques 2024 est posée, tout le monde semble retenir son souffle. Antoine Burbaud laisse les champions olympiques compléter la phrase « Paris 2024 sera réussi si… » Immédiatement, Manon Houette répond avec aplomb : « Si j’y suis. »

Lou Attard

@louattardreporter

24 ans.
Étudiante en journalisme à l’EPJT.
Passée par France 24, RMC, Fréquence Protestante, Le Courrier des Yvelines et Vosges Matin.
Particulièrement intéressée par le Rwanda, le son, la radio et les longs formats. 
Aspire à devenir reportrice radio.

.