A Calais, l’interdiction de distribuer de la nourriture aux migrants dans le centre-ville soulève l’indignation des associations, d’autant que cette décision a été prolongée.
Par Paul Boyer (texte, photo, video)
Le 10 septembre 2020, la préfecture du Pas-de-Calais interdisait « toute distribution gratuite de nourriture » aux exilés en transit à Calais par des associations non mandatées par l’Etat. Une décision qui est intervenue quelques mois seulement après le démantèlement de l’un des plus grands campements (juillet).
Prévue pour s’appliquer jusqu’à la fin du mois de septembre, elle a été prolongée jusqu’au 19 octobre et étendue à de nouveaux quartiers. La préfecture du Pas-de-Calais estime en effet qu’elle a « permis de réduire les troubles à l’ordre public ».
Cet arrêté porte des « atteintes graves et manifestement illégales (…) à plusieurs libertés fondamentales », estiment pour leur part douze ONG et associations, dont Auberge des migrants et Calais food collective. Ces associations estiment que les migrants seraient encore plus de deux mille en transit dans la ville portuaire.
Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a récemment réagi face à l’indignation des associations. Il a expliqué que la mesure a été prise « à la demande de la maire de Calais » pour mettre fin aux « distribution de repas anarchiques ». Interrogée, la mairie n’a pas souhaité répondre à nos questions.
Malgré cette interdiction, des centaines de bénévoles continuent leurs maraudes. François Guénoc, vice-président de l’association Auberge des migrants, explique que « malgré cet arrêté, nous allons continuer coûte que coûte à distribuer des repas, sans quoi des dizaines d’exilés pourraient mourir de faim ».