Non le poker n’est pas fini ! Depuis plusieurs années, les joueurs utilisent des outils mathématiques et technologiques pour améliorer leurs performances et déceler les secrets d’un poker infaillible. Le hasard est toujours là mais il s’appréhende de façon plus scientifique. L’analyse du comportement des adversaires est reléguée au second plan. L’époque des légendes Doyle Brunson ou Phil Hellmuth serait-elle révolue ?
Par Naïla Derroisné, Albin Mouton et Maxime Taldir
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Table finale du Main Event des World Series of Poker 2003. Le tournoi le plus important de l’année. Sur 839 joueurs, il n’en reste que deux pour remporter le prestigieux bracelet de champion et les [simple_tooltip content=’ 2 023 400 euros‘]2 500 000 dollars[/simple_tooltip] de gains. D’un côté de la table, Chris Moneymaker. Ce comptable américain de 27 ans s’est qualifié grâce à un tournoi sur Internet à [simple_tooltip content=’32 euros’]39 dollars[/simple_tooltip] quelques mois auparavant. Polo noir sur les épaules, casquette et lunettes de soleil aux verres teintés, l’Américain est M. Tout-le-monde, juste arrivé dans un milieu qu’il ne connaît qu’à travers son expérience en ligne. Face à lui, Ihsan « Sam » Farha. Le Libanais, joueur professionnel depuis plus de dix ans, a, lui, payé les [simple_tooltip content=’8 094 euros’]10 000 dollars[/simple_tooltip] d’entrée au tournoi. Costume noir, chemise ouverte et bijoux en or, « il joue le rôle parfait du pro typique de Las Vegas », commente Moneymaker après le tournoi.
Sam Farha, qui rumine toujours le coup d’avant, [simple_tooltip content=’Partir à tapis (all-in ou to shove) : action de placer tous ses jetons au milieu de la table.’]part à tapis[/simple_tooltip]. Immédiatement, Chris Moneymaker le suit, montre ses cartes, se lève, jette sa casquette et ses lunettes. Sam Farha retourne ses cartes d’un geste de dépit. Alors que la [simple_tooltip content=’Turn : il s’agit de la quatrième carte dévoilée par le croupier.‘]turn[/simple_tooltip] est posée (un huit de carreau sans incidence sur le jeu), l’Américain ne tient plus en place, à quelques secondes de réaliser le rêve de tout joueur de poker. La [simple_tooltip content=’River : c’est la cinquième carte dévoilée par le croupier. ‘]river[/simple_tooltip] tombe : un cinq. Moneymaker remporte la main avec full aux cinq par les quatre. L’Américain explose de joie et entraîne la salle avec lui. Les commentateurs n’en reviennent pas : « Ça va au-delà d’un conte de fées, c’est inimaginable. »
Mais tout commence vraiment l’année précédente, en 2002. Le World Poker Tour (WPT), surnommé « la NBA du poker » par certains, est diffusé pour la première fois à la télévision, aux États-Unis. Il s’agit d’une série de tournois de poker à travers le monde, à plusieurs milliers de dollars l’entrée. Lors de la première diffusion, des millions de téléspectateurs américains découvrent avec engouement ce jeu et s’y intéressent de près. Il faut attendre 2005 pour que le WPT arrive sur le petit écran en France, sur Canal+. Une idée du chanteur [simple_tooltip content=’« Le plus important au poker ce ne sont pas les cartes, c est ce que vous en faites ! »’]Patrick Bruel[/simple_tooltip], vainqueur d’un bracelet aux WSOP 1998. Il commente l’émission. Les abonnés de la chaîne cryptée approuvent.
Parfois, certains joueurs peuvent demander une limite de temps pour éviter que des adversaires ne prennent trop de temps pour jouer. ‘]temps de réflexion[/simple_tooltip] des joueurs… Tout est calculé de la manière la plus précise possible afin que les joueurs puissent maîtriser n’importe quelle main face à n’importe quel adversaire.
D’autant que les joueurs actuels ont des manières de jouer au poker en live différentes. « C’est vrai que les jeunes joueurs à table sont moins ludiques, moins rigolos, regrette Bruno Fitoussi. Fedor Holz, qui n’a que 24 ans, par exemple, ne prononce pas un mot derrière ses lunettes ». « C’est juste une autre forme d’acting, (jeu d’acteur NDLR) justifie Harper, dans le « RMC Poker Show », l’émission hebdomadaire qu’il anime à la radio avec Daniel Riolo et Moundir. Avant les joueurs discutaient entre eux. Ils parlaient… Par ailleurs, maintenant, c’est le temps de réflexion que les joueurs vont interpréter et non plus les tics comportementaux. »
Gaëlle Baumann, connue pour son visage impassible, ajoute : « La nouvelle génération apporte moins d’importance aux expressions corporelles, les “[simple_tooltip content=’Tells : signes comportementaux et/ou physiologiques d’un joueur qui peuvent trahir sa main.’]tells[/simple_tooltip]”, mais elle va plutôt se concentrer sur la technique pure avec une approche plus stratégique, plus mathématique. »
Il y a également un autre aspect que les joueurs issus du Web recherchent dans les tournois live : la gloire et la reconnaissance de leurs Pairs. Pour l’atteindre, une des solutions est de décrocher un des fameux bracelets des World Series of Poker. Mais cette sacralisation du bracelet, Alexandre Luneau en a fait les frais lors des WSOP en 2014. Venu pour tout gagner, il a échoué deux fois en table finale. « À partir du moment où je n’ai pas de bracelet, je suis déçu… Mais on ne peut pas gagner à chaque fois. Ce n’est pas grave, j’en aurai deux l’année prochaine ! [rires] », ajoute-t-il, face caméra.
Naïla Derroisné
@nailader
21 ans.
En licence pro radio
à l’EPJT.
Passée par Radio France, Europe 1 et Réunion Première Radio. J’ai aussi travaillé pour RCF Touraine. J’aime les longs-formats radio et j’envisage de partir en Amérique Latine.
Albin Mouton
@Albin_Mouton Âge : 22 ans Licence TV @EPJTours Administrateur pour @FrenchAFC, coach formé par @Arsenal, passé par @TF1 et @VosgesTV. Je souhaite réaliser des documentaires pour la TV et le Web.
Maxime Taldir
20 ans.
@maximetaldir
En licence pro
radio à l’EPJT.
Passé par Le Courrier de l’Ouest, France Bleu Breizh Izel et Sud Ouest.
Lauréat de la bourse
RMC Sport 2018.
Souhaite parler de sport à la radio..