Premier étage. Ici, médecins généralistes, dentistes, gynécologues et psychologues reçoivent en consultation. L’hypnose médicale se démocratise et entre dans tous les cabinets. C’est qu’elle simplifie vaccinations et poses de perfusions. Elle aide à calmer les douleurs que l’on peut ressentir suite aux soins médicaux et permet aux praticiens de détendre leurs patients lorsque le soin ou l’examen est particulièrement invasif.
Atteint de bélonéphobie, ou phobie des aiguilles, Léo est pris d’une crise de panique chaque fois qu’il en voit une. Il n’y a pas si longtemps, à la vue d’une seringue, il hurlait, se débattait, devenant même parfois violent envers le corps médical. Il lui fallait des heures pour se calmer. Grâce à l’hypnose, le médecin le plonge dans son imaginaire. Ainsi, l’enfant se détend et la vaccination se passe sans douleur.
Une utilisation de l’hypnose bénéfique pour le patient comme pour le praticien. Lors des vaccins et des poses de perfusions, les malades sont moins nerveux, moins agités. L’intervention est alors plus rapide.
Le médecin peut emmener mentalement son patient dans un lieu où celui-ci se sent bien ou lui rappeler un souvenir agréable
Cette pratique permet également d’atténuer les douleurs iatrogènes, celles provoquées par des soins, des examens ou des traitements. Une piqûre, par exemple, peut provoquer un engourdissement du bras ou l’apparition d’un bleu. Grâce à l’hypnose, cette sensation d’engourdissement disparaît.
Elle aide également les patients souffrant de douleurs chroniques ou aigües à contrôler leurs pics algiques (douloureux). Guidé par la voix du médecin, la personne en état hypnotique peut parvenir à moduler, à atténuer, voire même à faire disparaître une sensation douloureuse. Les méthodes sont nombreuses et doivent s’adapter à chaque personne. Par exemple, le médecin peut emmener mentalement son patient dans un lieu où celui-ci se sent bien ou lui rappeler un souvenir agréable. Il peut ensuite lui suggérer l’apparition d’un bouton modulant la douleur.
À terme, le patient pourra même contrôler ses pics algiques seul grâce à un apprentissage de l’autohypnose. Cette méthode, qui peut sembler peu conventionnelle, permet une diminution de la consommation de médicaments antalgiques. Les effets secondaires, comme les nausées, les vomissements ou les bouffées de chaleur, sont alors moins importants, voire inexistants.
Photo de fond : Ana Boyrie
L’enjeu pour le soignant est de comprendre son patient, son état de conscience, pour aller le chercher là où il est et l’emmener en état de transe hypnotique. Pour cela, le Dr Marc Galy, médecin anesthésiste à l’hôpital Saint-Joseph de Paris, utilise une simple feuille blanche. « Le patient y griffonne ce qu’il veut, explique l’anesthésiste. Chacun crée sa propre expérience. » Si certains praticiens aiment raconter des histoires à leurs malades et les emmener par l’imaginaire dans des endroits paradisiaques, le Dr Galy préfère « les choses les plus simples possibles ». Il leur demande, par exemple, de se concentrer sur leur couverture chauffante.
Pour les troubles du sommeil ou les addictions, les soins s’effectuent sur le long terme. L’hypnose peut être une alternative ou un complément à la psychanalyse. « Certains patients viennent après avoir été suivis pendant des années et me disent “j’ai compris plein de choses, mais je n’ai rien résolu” », raconte le Dr Jean-Marc Benhaiem, fondateur du Centre d’hypnose médicale. Cette méthode n’est pas dans la recherche des causes ou des explications mais dans l’action.
Là où les thérapies se focalisent sur le passé, l’hypnose, elle, se concentre sur le présent. « Ce qui est intéressant c’est que l’on ne s’immobilise pas, explique le Dr Benhaiem. Si on va dans le passé, on ne s’y installe pas définitivement, on circule un peu entre tous les temps. » Le médecin s’adapte à chaque personnalité pour changer le regard que le patient porte sur sa souffrance. Ce dernier devient acteur et peut ainsi résoudre son problème sans forcément avoir besoin de le comprendre.