Ce bus électrique d’une vingtaine de places circule aujourd’hui sur deux lignes du réseau tourangeau. Il va de La Riche à Tours centre et du quartier des Halles à celui de Mirabeau. Photo : Camille Charpentier/EPJT

Bus électriques, tramway, autopartage, Tour(s)Plus propose depuis plusieurs années des alternatives écologiques à la voiture. L’agglomération tourangelle, comme d’autres en France, tente ainsi de répondre à ses engagement en matière d’environnement. Des initiatives, il y en a. Mais les infrastructures destinées aux usagers ne sont pas toujours au rendez-vous.

Par Camille CHARPENTIER et Florian GAUTIER

On ne l’entend pas arriver. Il se mêle au trafic routier sans bruit, seul son aspect futuriste se fait remarquer des usagers. Lancé à Tours en 2003, le bus miniature de Fil Bleu circule depuis 2011 sur deux lignes du réseau. Il dessert des zones du centre ville normalement inaccessibles aux bus. C’est pourquoi Cyril l’emprunte : avec sa jambe plâtrée, impossible pour lui d’utiliser sa voiture. Grâce au petit gabarit de la Citadine, il sera déposé dans la cour de l’hôpital Bretonneau. Les trois autres voyageuses, plus âgées, descendront, elles, aux arrêts Jardin botanique ou Prébendes. Le bus est remarquablement silencieux car il fonctionne uniquement à l’électricité. La Citadine fait partie des transports alternatifs et durables que l’agglomération tourangelle tente de développer depuis plusieurs années.

En 2008, la communauté d’agglomération Tour(s)Plus s’engage dans un plan Climat. Objectif affiché : diviser les émissions de gaz à effet de serre par quatre d’ici 2050. L’agglomération n’est pas une exception, mais elle anticipe alors une démarche qui sera rendue obligatoire en 2012 pour les collectivités locales de plus de 50 000 habitants. Parmi les 56 propositions de la ville pour parvenir à diminuer les émissions de CO2, 14 concernent les transports. Ce secteur émettait 15 % des émissions de gaz à effet de serre mesurée sur l’agglomération en 2007, soit le quatrième pôle d’activité le plus pollueur derrière le résidentiel, l’industrie et le transport de marchandises. Depuis, comme dans des villes telles que Caen ou Angers, les décisions pour proposer des transports respectueux de l’environnement se sont succédé.

Le tramway, un investissement lourd

Le bus électrique a fait partie des premières initiatives tourangelle mais, « pour le moment, il n’existe pas de projet pour développer plus de lignes comme celles-ci », indique Silvère Guerin, directeur du développement durable à Tour(s)Plus. Raison invoquée : le manque d’autonomie des véhicules, environ 120 kilomètres par recharge. Plus vraisemblablement, il été concurrencé par l’arrivée du tramway. Ce dernier a mobilisé les ressources dédiées au développement des transports. Il offre aujourd’hui une solution de déplacement écologique à plus grande échelle. Inaugurée en 2013, la ligne de tramway est aujourd’hui un des piliers du réseau de transports en commun de l’agglomération tourangelle, elle se veut exemplaire en matière de respect de l’environnement. Si le motif écologique a été mis en avant lors de l’élaboration du projet, le renforcement des transports collectifs répondait avant tout à des besoins pragmatiques.

Le tracé du tramway devait ainsi permettre de mieux relier certains quartiers peu desservis auparavant en bus, comme le Sanitas, les Rives du Cher ou le quartier de la Rabière à Joué-lès-Tours. Le tramway était donc avant tout un projet politique de restructuration de la ville et les moyens ont été mis à disposition. Selon le syndicat intercommunal de l’agglomération tourangelle, le coût final du tramway s’est élevé à 433,10 millions d’euros. « Un gros investissement, mais une solution durable pour la ville et l’environnement », commente-t-on du côté de Tour(s)Plus. Pour le bilan écologique, la ville estime que le tramway permettrait d’économiser chaque année 12 300 tonnes de CO2 sur les 264 750 tonnes produites par les transports (avion non compris), soit près de 5 % des émissions du secteur.

La voiture reste privilégiée

Le développement des transports en commun n’empêche pas que la voiture reste le mode de déplacement préféré des habitants : elle représente 55 % des déplacements. Depuis 2013 et l’adoption de son plan de déplacement urbain, l’agglomération se donne pourtant comme objectif de diminuer la part des voitures de 8 % d’ici 2023. « Il faut encore renforcer la proposition de transports alternatifs », estime Stéphane Taillebois, chargé de mission à la direction du développement durable de Tour(s)Plus. Plus que des raisons écologiques, les habitants de l’agglomération attendent une réponse économique : « Par temps de crise, les gens vont d’abord se poser la question : comment dépenser moins pour se déplacer ? » explique Stéphane Taillebois. Et pour Tour(s)Plus, la solution passe maintenant par un usage différent de la voiture. À commencer par le covoiturage. Deux aires de stationnement ont été créées en 2014 à Notre-Dame-d’Oé et à Saint-Etienne-de-Chigny. Mais pour l’instant, les encouragements au covoiturage restent limités.

Une autre solution proposée par Tour(s)Plus concerne les véhicules électriques. « Il faut faciliter l’usage de ces véhicules et cela passe avant tout par l’implantation de bornes de recharges », explique Silvère Guerin. Celles-ci sont accessibles à tous les véhicules électriques sur demande d’un badge délivré par le syndicat intercommunal d’énergie d’Indre-et-Loire (Siel). Une solution économique puisque la recharge du véhicule est gratuite les deux premières années. Mais les conditions d’utilisation restent compliquées. En 2010, le Siel annonçait l’installation de 276 bornes de recharges sur le département d’ici 2015. Une opération menée dans le cadre de la loi Grenelle 2, dont une des mesures visait à « encourager la création et l’entretien des infrastructures de charge nécessaires à l’usage de véhicules électriques et hybrides ».

Cinq ans plus tard, une centaine de bornes seulement sont disponibles sur le département.